Rome (Italie) : Alfredo hors du 41-bis ! Fermer le 41-bis !

reçu par mail (en italien)  / lundi 9 octobre 2023

Alfredo hors du 41-bis ! Fermer le 41-bis ! Rassemblement devant le Tribunal d’application des peines

Le 19 octobre, au Tribunal d’application des peines de Rome, aura lieu une audience concernant l’enfermement d’Alfredo en régime 41-bis.

Le cas d’Alfredo Cospito représente un exemple de vengeance de classe. L’État, par le biais du parquet de Turin, a demandé à plusieurs reprises sa condamnation à l’emprisonnement à perpétuité avec période de sûreté illimitée. La sentence que la Cour de Cassation a émis en juillet 2022 contre le compagnon, pour « massacre contre la sûreté de l’État » (l’ainsi-dit « massacre politique », article 285 du code pénal), pour un massacre sans massacre, attribué sans preuves, a donné la mesure de la tentative d’annihilation en cours à l’encontre de ce révolutionnaire. En effet, juste quelques mois auparavant, en mai, Alfredo Cospito avait été transféré du régime Haute sécurité à celui 41-bis, car coupable d’entretenir des rapports avec le mouvement anarchiste, plus en particulier avec des journaux. Si la condamnation pour « massacre politique » a représenté l’apogée d’un engagement croissant de l’antiterrorisme et des parquets dans l’exorcisme du spectre de l’anarchisme d’action, sont transfert en 41-bis a clairement exprimé l’avertissement répressif de l’État, avant tout à l’encontre du mouvement anarchiste et révolutionnaire.

Cette mobilisation a eu le mérite de révéler à beaucoup de monde que le 41-bis – une prison de guerre, en des temps de guerre permanente déployée au niveau global – est une torture d’État. La mobilisation a donc dévoilé la fonction répressive de la Direction nationale anti-mafia et antiterrorisme (DNAA) et elle a mis en évidence le fait qu’en Italie une offensive contre-révolutionnaire préventive est en cours, contre les subversifs et plus en particulier contre les anarchistes. Une attaque qui se manifeste par les enquêtes continuelles pour association subversive, par l’expulsion des lieux occupés, par l’augmentation des peines pour les délits politiques, par l’utilisation constante des mesures de contrôle judiciaire et de celles de surveillance administrative (notamment la surveillance spéciale), par la criminalisation et la tentative d’élimination de la presse révolutionnaire, par le retour en grâce des délits d’opinion.

Avec la condamnation à l’emprisonnement à perpétuité et l’imposition du 41-bis, l’État avait l’intention d’enterrer notre compagnon dans une prison, pour toute sa vie. Avec le verdict de la Cour constitutionnelle du 18 avril, auquel a suivi, le lendemain, la fin de la grève de la faim d’Alfredo, le but de l’État n’a pas été atteint. Avec la grève de la faim de durée indéfinie d’Alfredo, la grève de la faim menée par d’autres prisonniers et prisonnières et les initiatives internationales en solidarité, sa condamnation à la perpétuité avec période de sûreté illimitée a été évitée, ce qui a donc permis d’atteindre un des objectifs de la mobilisation.

Cependant, notre compagnon reste enfermé dans le régime de 41-bis, par conséquent la mobilisation ne peut pas être considérée comme terminée.

Pendant sa grève de la faim – quand ses mots ont réussi a dépasser le voile d’isolement des prisons de Bancali et Opera – Alfredo a toujours affirmé qu’il ne luttait pas seulement pour lui-même, mais pour tous les détenus en 41-bis et pour développer la solidarité avec les anarchistes, les communistes et les révolutionnaires enfermés dans le monde entier. La prison spéciale – dans les nombreuses formes que les États lui ont donné – sert pour séparer les détenus considérés comme plus dangereux et ceux qui sont plus conscients et politisés du reste de la population carcérale. Sa fonction est d’empêcher des protestations, des radicalisations, des révoltes, c’est-à-dire d’empêcher la réalisation d’une prise de conscience de la masse des détenus et donc qu’une lutte dans les prisons puisse se concrétiser, en tant que partie intégrante d’un plus large mouvement d’émancipation sociale. Parmi les dispositifs de détention spéciale, le 41-bis – une taule dans la taule – sert pour annihiler les ennemis de l’État. Il représente donc le sommet de l’appareil répressif, mais il est lié, en cascade, à toutes les manifestations de la répression qui garantissent la domination de classe : il est donc important de comprendre que cet instrument d’oppression nous touche tous et toutes.

L’Europe est en guerre. L’Italie fournit des armes et du soutien à l’État ukrainien et dans chaque guerre à un front extérieur correspond un front intérieur. Cette situation comporte une augmentation de la répression, qui vise à garantir l’ordre et la tenue de la société, en faisant payer aux exploités les coûts du conflit. En Italie, ce processus se manifeste par la diminution de l’offre de travail, l’augmentation de la précarité, la hausse des prix des produits de première nécessité, de l’énergie et du carburant, par une tension insoutenable entre les salaires et les prix des loyers.

Tout cela s’insère dans une crise systémique qui est en cours depuis des années et qui est gouvernée par une classe politique complètement acquise à doctrine néolibérale, qui prévoit d’établir un modèle social fondé sur un écart grandissant entre les riches et les pauvres et sur la transformation des problèmes sociaux en problèmes d’ordre public. Le lien entre l’établissement de ce modèle de société, l’augmentation de la répression et l’augmentation de la population carcérale est évident.

La même répression qui frappe les anarchistes et les révolutionnaires s’adresse donc à tous les autres exploités, pour les garder dans la misère et leur empêcher de lutter pour améliorer leur conditions de vie. Nous citons quelques exemples parmi les manifestations les plus récentes de la féroce guerre de classe que les patrons mènent en ce pays.

Le massacre des migrants dans la Mer Méditerranée : en sont responsables le gouvernement italien et les institutions de l’Union Européenne, avec la connivence des gouvernements nord-africains.

La criminalisation des mineurs et de leurs familles : par le récente « décret Caivano »*, on durcit la politique réactionnaire de la « tolérance zéro ». Des pans entiers de la société sont condamnés à la pauvreté, à l’exclusion sociale, à la taule, et ça depuis la naissance.

La militarisation du territoire : l’attribution aux militaires de taches de gestion de l’ordre public augmente. Les récentes méga-opérations de la police dans les quartiers-ghettos montrent que la réponse de l’État à l’ainsi-dite détresse sociale est l’occupation militaire.

L’instauration d’une société du contrôle digital : on empêche les possibilités de mouvement, d’expression, de choix, par l’imposition de dispositifs ou de procédures technologiques (qu’on pense, par exemple, aux zone à faibles émissions, au Passe sanitaire, aux caméras de vidéosurveillance, tout comme aux technologies convergentes et à l’intelligence artificielle).

L’attaque contre les travailleurs : réalisé par des limitations du droit de grève, des réquisitions, des montages judiciaires contre des syndicalistes, des attaques de la police contre des piquets de grève et des blocages. Les ouvriers sont condamnés à mort pour faire augmenter les profits, comme en témoigne le massacre de Brandizzo**.

Élargir la solidarité entre les exploités est fondamental pour contrer ces attaques.

La lutte d’Alfredo contre le 41-bis a été, est et sera un exemple pour relancer la lutte contre la répression et la prison. En refusant reddition et compromis, il a stimulé une solidarité de classe, internationaliste et révolutionnaire.

Face à la répression, nous ne sommes pas intéressés à rassurer et à apitoyer les bourgeois, mais à réagir et à nous unir contre nos ennemis : l’État et le capital.

Rassemblement solidaire : jeudi 19 octobre, via Triboniano, Rome, à 9 heures.

Assemblée en solidarité avec Alfredo Cospito et les prisonniers révolutionnaires
Rome, octobre 2023

 

Notes d’Attaque :
* un décret de septembre dernier du gouvernement italien, censé lutter contre la « délinquance des mineurs ».
** Dans la nuit du 30 au 31 août, un train de passage a écrasé des ouvriers qui étaient chargés de changer des rails, près de cette petite ville du Piémont. Cinq sont morts, deux ont été blessés, dans un accident clairement provoqué par la nécessité de faire baisser les coûts d’exploitation du réseau ferroviaire.

Ce contenu a été publié dans Anticarcéral, International, avec comme mot(s)-clé(s) , , , , . Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.