Prison de Terni (Italie) : Juan en grève de la faim

Il Rovescio / jeudi 15 avril 2021

Depuis la prison de Terni, section AS2 [Haute sécurité 2 ; NdAtt.]

Grève de la faim :
– en solidarité avec les prisonniers de la guerre sociale de Santiago du Chili, qui sont en grève de la faim (en ingérant des liquides) depuis le 22 mars 2021 ;
– en solidarité avec tous les inculpés des révoltes de mars 2020 et avec les 5 détenus des prisons d’Ascoli/auparavant enfermés à Modena, qui ont eu le courage de déposer des déclarations de main-courante suite aux révoltes à la prison de Modena [et leur répression meurtrière ; NdAtt.] ;
– en solidarité avec l’anarchiste Davide Delogu, soumis au régime de l’art 14bis [un régime de « surveillance particulière » ; NdAtt.], pour demander qu’il soit sorti de l’isolement auquel il est soumis depuis longtemps ;
– en solidarité avec les détenu.e.s de la prison de Spini del Gardolo (Trente), où une autre détenue est morte ! Ambra, 28 ans, décédée à cause des carences « sanitaires » habituelles ;
– en solidarité avec les prisonniers en lutte dans le Centre de rétention de Via Corelli (à Milan) ;
– solidarité et courage Aux plus fragiles : pour tou.te.s les enfants et jeunes ignoré.e.s, annihilé.e.s, isolé.e.s et de plus en plus enfermé.e.s dans des cages physiques/« sanitaires »/technologiques/répressives.

Pour les papys et les mamies, traité.e.s comme des déchets à jeter et à sacrifier !

Moi, Juan Sorroche Fernandez, depuis la section AS2 de Terni, je communique :
le début d’une grève de la faim, jusqu’à quand je le jugerai nécessaire.
A partir du 12 avril, minuit.

La solidarité universelle est une vision entrelacée qui se projette au-delà de l’isolement carcéral ; « nous sommes moins seuls de ce qu’ils voudraient, nous continuons à être insubordonnés, libres, dignes… ». C’est pourquoi j’ai un cœur qui bat avec les prisonnier.e.s dignes qui luttent, dans cette situation mondiale, par des méthodes et des pratiques différentes, dans l’évolution symbiotique de leurs merveilleuses diversités, et qui marchent dans la résistance, longue et vivante, des exploités en lutte à travers le monde.

J’utiliserai mon corps comme un instrument, en repoussant les notions victimisantes qui me lient à ma condition de prisonnier, en essayant de rompre avec ce sujet passif et avec la vision utilitariste de la lutte, qui demanderait « qu’est ce que j’ai à y gagner ? ». Je vais plus loin et je me bat, simplement pour l’extension de la solidarité entre prisonnier.e.s en lutte à travers le monde !

Je pense que la solidarité est une vision qui nécessite un équilibre et, quand elle est mise en pratique, elle lie, comme par un procédé alchimique, l’universel avec le spécifique. Je ne peux donc pas ignorer les conditions qui sont les plus proches du contexte où je me trouve et que je subis. Cela ne rabaisse pas, au contraire il améliore la qualité de notre perspective, du coup ma pensée et ma solidarité vont aux différentes protestations qui, à des moments, dans des lieux et avec des modalités différentes, ont eu lieu dans les prisons italiennes. Je me situe au sein de ces protestations et ma solidarité va aux révoltés de mars 2020, qui ont été torturés et tués (14 prisonniers) par l’État, pour avoir défendu leur vie. Un événement que nous devons garder à l’esprit et qui s’ajoute à la gestion « criminelle » de l’épidémie de Covid-19. Les causes sont à chercher plus loin, jusqu’à englober toute la société étatique-capitaliste mondiale. Cette lutte contre l’État-capitaliste nuisible est la motivation principale de la lutte. Le combat anarchiste lutte contre l’imposition, dans tous les domaines, des différents règlements « sanitaires-militaires », qui sont en train d’annihiler les consciences/les corps/les cœurs/les esprits des individus. Par un constant terrorisme médiatique, en annulant toute pensée critique et radicale à propos de ce qui est concrètement en train de nous arriver. Nous sommes en présence d’une redéfinition des ordres géopolitiques et de gouvernementalité, gérés aussi par des multinationales du numérique, pharmaceutiques, technologiques. Une dictature sanitaire/technologique ! Je suis conscient de ma position d’extrême faiblesse, mais déterminé dans ma volonté ! Quelque chose qui nous a démontré par l’exemple le prisonnier Dimitris Koufondinas, en Grèce, auquel va ma solidarité, même en retard, mais toujours !

Aux côtés des prisonnier.e.s de la guerre sociale, partout dans le monde !
Liberté pour Marcelo Villaroel et tou.te.s les prisonnier.es subversif.ve.s, anarchistes, libertaires, de la révolte chilienne et de la libération mapuche ! Liberté pour tou.te.s !
Pour la propagation des pratiques de solidarité !

Une pensée pour la compagnonne Emilia Herrera « Bau »*, assassinée par les vigiles de propriétaires terriers comme Benetton !

« Il faut lutter et lutter encore, jusqu’à mettre terme à la disproportion »

Et, quel qu’il soit le chemin que nous prendrons, que ce soit avec le cœur !
Pour l’anarchie !

Juan

 

* Note d’Attaque : assassinée par des hommes de main d’un propriétaire foncier, à Panguipulli, au Chili.

 

Pour lui écrire :
Juan Antonio Sorroche Fernandez
C. C. di Terni
Strada delle Campore, 32
05100 – Terni (Italie)
(il parle aussi espagnol)

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