Les Déserts (Savoie) : Comment retarder le chantier de l’industrie touristique (MAJ 29/11)

France Bleu / mardi 10 novembre 2020

« Ils ont coupé les flexibles et mis le feu à la cabine.«  Au téléphone, Sandra Ferrari, la maire des Déserts, en Savoie, n’en revient toujours pas. Dans la nuit de lundi à mardi, quelqu’un s’en est pris à l’engin de chantier qui réalise les tous premiers travaux de la retenue collinaire de la commune.

« C’est fait pour retarder le chantier« , enchaîne l’élue, qui mène aujourd’hui ce projet, porté et validé par l’ancienne municipalité, en sa qualité de présidente du Syndicat mixte des stations des Bauges.

Il s’agit de créer un lac artificiel de 25 000 mètres cubes, qui doit permettre d’alimenter des canons à neige pour assurer l’enneigement du front de neige de la station de la Féclaz, bien connue des amateurs de ski de fond.

Mais c’est aussi un projet décrié par plusieurs associations écologistes et certains habitants du village, qui voient plutôt d’un mauvais œil ce démarrage des travaux, mené « dans l’opacité la plus totale. » « On est mis devant le fait accompli« , confie un opposant au projet, qui craint que la dégradation de l’engin de chantier ne fasse du tort à la cause qu’il défend. « Mettre des canons à neige maintenant ça ne sert à rien si dans 10 ans il n’y a plus de neige du tout. » […]

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Mise à jour du 17 novembre : Encore…

France 3 / lundi 16 novembre 2020

La station de la Féclaz, dans les Bauges, a subi deux actes de dégradations à quelques nuits d’intervalles. Pour le directeur de la station, il pourrait s’agir de vandalisme visant à empêcher le projet de lac artificiel. Ce que les associations environnementales visées contestent.

Dans la nuit du 9 au 10 novembre, le domaine nordique Savoie Grand Revard, dans la station de la Féclaz, sur le plateau des Bauges (Savoie), a connu son premier acte de vandalisme sur un engin de chantier, sans doute pour l’immobiliser.

Trois nuits plus tard, à quelques centaines de mètres, près du stade de biathlon, le directeur de la station, Franck Perrin, constate que ce local a subi un début d’incendie. « On ne fait que constater qu’on est la cible de vandalisme avéré depuis le démarrage du chantier de la retenue », souligne-t-il.

A l’hiver 2021-2022, cette retenue collinaire (un lac artificiel) pourrait accueillir jusqu’à 25 000 mètres cube d’eau pour alimenter les canons à neige. Le projet est très contesté. Notamment par trois associations : les Amis de la terre, Extinction rébellion, et Youth for Climate. Mais ce collectif nie toute responsabilité dans ce vandalisme.

« On a d’autres moyens d’agir, comme la communication. De notre côté, il y a une partie juridique en cours. On peut faire des actions sur le terrain, comme on sait faire, qui peuvent être un peu spectaculaires, mais en aucun cas on ne va porter atteinte aux bâtiments ou à une personne », insiste Christophe Lebrun de l’association les Amis de la terre.

Ce qui ne l’empêche pas d’avoir déposé un recours devant le tribunal administratif contre ce projet (coûtant environ 3,8 millions d’euros) qu’il juge « écocide » et déjà dépassé par le changement climatique en cours. « On réinvestit, on réinvestit, reprend Christophe Lebrun. Mais il n’y a pas d’argent qui rentre. En plus, on sait que toute façon, ça ne va pas continuer. Donc à quoi ça sert ? »

Le directeur répond quant à lui que la reconversion de la station est en cours et que ce lac pourra servir à autre chose, plus tard. « Cette retenue collinaire, ce lac, restera. Et ce au-delà d’un réchauffement global, qui interdirait toute fabrication de neige. Il aura une autre vocation, forcément », assure Franck Perrin.

Aucun élément ne permet actuellement d’établir un lien entre vandalisme et associations. Le collectif va déposer un deuxième recours dans les jours qui viennent.

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Mise à jour du 29 novembre : au fait il y a eu trois sabotages

extrait du Dauphiné / vendredi 27 novembre 2020

[…] Maire des Déserts et présidente du syndicat qui gère les stations des Bauges, Sandra Ferrari est revenue, mercredi 25 novembre au soir lors d’un conseil syndical de cette structure, sur les dégradations commises dans la station et liées au projet de construction d’une retenue collinaire.

Elles ont été commises à trois reprises au mois de novembre. Dans la nuit du 9 au 10, un bulldozer engagé sur des travaux de décapage du site a été vandalisé. Quelques jours plus tard, quelqu’un a tenté d’incendier le local technique du biathlon. Peu après, trois autres bulldozers ont encore été dégradés.

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