Grèce : Histoires de répression et d’anti-terrorisme

Round Robin / dimanche 11 octobre 2020

Fin d’après-midi du 23 septembre. Deux compagnons sont interpellés par les flics de l’anti-terrorisme. L’un, Polycarpos Georgiadis, est attrapé pendant qu’il entre dans un magasin dans le quartier de Koukaki, à Athènes. L’autre, M.T., a été interpellé dans la rue et amené au GADA (le commissariat central d’Athènes). Après les interpellations, les perquisitions. Chez M.T., les flics trouvent deux pistolets, ce qui porte à son arrestation, ainsi qu’à celle de sa compagne, E.M., avec laquelle il vit. Dans le magasin où Polycarpos était en train de rentrer, les flics trouvent des projectiles pour AK47 et de l’explosif, chez lui ils saisissent tous les supports de stockage informatique et toute publication révolutionnaire.

Quelques jours après, les compas passent devant le Juge des libertés. Suite à une expertise balistique, les pistoles trouvées cher M.T. et E.M. ne semblent pas avoir été utilisés dans des actions et les deux sortent de prison, dans l’attente de leur procès. Le cas de Polycarpos, par contre, est diffèrent : son arrestation est confirmée et il est incarcéré à la prison de Larissa.

Ces perquisitions n’ont pas été menées au gré du hasard, mais elles sont l’issue d’enquêtes qui durent depuis des mois, des enquêtes par lesquelles les agents de l’antiterrorisme ont passé à la loupe ces deux compagnons, mais pas seulement. L’hypothèse de la police est que les inculpés soient à l’origine d’OLA* (Groupe des combattants du peuple), un groupe qui a revendiqué neuf action depuis 2013.

En suivant la fameuse théorie du double niveau, les articles des journaux (sur indication de la police) maintiennent que le groupe Taksiki Antepithesi** (dont font partie les deux compagnons) serait un vivier pour recruter des membres pour OLA, mais pas que. Dans le fourre-tout des actions que les enquêteurs voudraient coller sur le dos du groupe de compagnons, il y a aussi des attaques incendiaires contra Aube Dorée, pour lesquels il y avait déjà eu des arrestations en décembre 2020.

Grande importance, pour justifier cette hypothèse policière, est donné à un fichier PDF trouvé dans l’ordinateur de Polycarpos, avec une revendication de OLA ; les agents de l’anti-terrorisme voudraient faire passer ce ficher pour la version originale de la revendication, même s’il ne s’agit que d’un fichier téléchargé depuis quelques site du mouvement, après que la revendication a été publiée.

Encore une fois, leurs preuves ne sont que de la fumée, mais leur volonté politique est très claire. Polycarpos restera sûrement en taule pour un bon moment. Une autre chose dont on est sûrs est que ce n’est pas fini : des porte-paroles de la police continuent à dire aux journaux que les enquêtes sont toujours en cours et que bientôt il pourrait y avoir d’autres arrestations. Justement, quelques jours après le 23 septembre, la police a fait une descente chez une compagnonne qui travaille dans le même bar que Polycarpos, pour effectuer une perquisition, et a saisit là aussi des imprimés et du matériel informatique.

Peu après les arrestations a été appelée une assemblée en solidarité, qui a vu une grande participation, et des initiatives ont été lancées, qui continueront certainement dans le futur.
D’autres nouvelles suivront.

Liberté pour notre compagnon Polycarpos !
Liberté pour tous et toutes !

 

Notes d’Attaque :
* ΟLA a revendiqué, entre autre, les attaques à main armée contre le siège de Nea Dimokratia, à Athènes, en janvier 2013 et les voitures piégées qui ont explosé devant le siège de la Banque Nationale de Grèce, en avril 2014, et devant la Cour d’appel d’Athènes, en décembre 2017 (voir photo ci-dessous).
** Taksiki Antepithesi, littéralement « Contre-attaque de classe ». Groupe anarchiste-communiste. Leur site internet : https://taksiki-antepithesi.espivblogs.net/

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