Prison de Terni (Italie) : Protestation en solidarité avec les anarchistes Beppe et Davide

Il Rovescio / lundi 28 septembre 2020

Début d’une grève de la gamelle de la durée de deux semaines, du 19 octobre au 1er novembre

Nous assistons à une attaque sur plusieurs front, de la part de l’État, contre les pratiques de solidarité.
Celles/ceux qui manifestent leur solidarité aux prisonniers et prisonnières en lutte sont pris.e.s pour cible.
Celles/ceux qui, à l’intérieur des prisons, répondent aux provocations des matons et reçoivent de la solidarité pour les luttes qu’ils/elles mènent, sont pris.e.s pour cible.
Celles/ceux qui ont participé aux révoltes et aux protestations des derniers mois, marquées en Italie par 14 morts, sont pris.e.s pour cible, avec des représailles qui vont des passages à tabac et des sanctions disciplinaires à des procès, avec des accusations qui vont, dans certains cas, jusqu’à « dévastation et pillage ».

Pendant la situation d’urgence due au coronavirus et pendant les révoltes, l’État nous a enterré.e.s un peu plus encore, nous les détenu.e.s, dans des cercueils faits en béton armé et acier, en nous traitant comme des rats dans un bateau qui coule et en nous isolant complètement du monde, coupant tous les rares liens qui nous gardaient en contact avec l’extérieur. Les conditions de vie dans les taules italiennes et le feu qui couve constamment sous les cendres, en plus de ce qui se passait, ont fait que la situation est devenue insupportable pour des nombreuses personnes. Sans les révoltes des personnes enfermées, aujourd’hui nous serions probablement tou.te.s complètement isolé.e.s à l’intérieur des taules, sans possibilité de contacts avec nos proches, avec les personnes que nous aimons, même pas avec nos avocat.e.s.

En tant qu’anarchistes, nous n’oublions pas la responsabilité de l’État et de la société capitaliste : le mode de vie consumériste est la cause principale de cette pandémie, qui a exacerbé l’isolement social, le racisme, le patriarcat tant à l’intérieur qu’à l’extérieur des prisons, tout comme l’exploitation effrénée, la pollution et l’empoisonnement qui continuent à compromettre la possibilité d’une vie digne pour l’ensemble de cette planète.

Pour toutes ces raisons, nous réaffirmons notre solidarité envers celles/ceux qui se révoltent et qui luttent, tant dans les prisons que dans le monde entier, et envers toutes les individualités anarchistes sous enquête, prisonnières, celles frappées par des mesures restrictives de leur liberté et celles en cavale, notamment en ce moment, quand nous devons faire face à des nombreux procès pour terrorisme, qui sont la logique conséquence de la lutte anarchiste, menée avec passion et détermination.

Pour toutes ces raisons, nous, anarchistes enfermés dans la section AS2 [Haute sécurité 2 ; NdAtt.] de la prison de Terni, faisons savoir que nous commencerons une grève de la gamelle [la nourriture de la prison ; NdAtt.] de la durée de deux semaines, du 19 octobre au 1er novembre, pour exprimer notre solidarité avec l’anarchiste Beppe, enfermé par punition dans la section pour « détenus protégés » [là où il y a, pour la plupart, des violeurs, des balances et des prisonniers qui ont choisi de collaborer avec la Justice ; NdAtt.] de la prison de Pavie, en exigeant qu’il soit transféré, ainsi qu’avec l’anarchiste Davide Delogu, enfermé dans la prison de Caltagirone et soumis au régime 14bis de la loi sur le système pénitentiaire [un régime punitif, dit de « surveillance spéciale », visant à mater les prisonnier.e.s qui dérangent matons et Administration pénitentiaire  ; NdAtt.] à cause de son attitude hostile à la domestication de la prison, en exigeant qu’il soit sorti de l’isolement et qu’on lui enlève le régime de détention vexatoire auquel il est depuis longtemps soumis.

Pour la défense et la propagation des pratiques de solidarité !
Pour l’anarchie !

Prison de Terni, section AS2
septembre 2020

(lettre envoyée le 23/09/2020)

 

Pour écrire aux compas :

Juan Antonio Sorroche Fernandez
Nico Aurigemma
Casa Circondariale di Terni
Strada delle Campore, 32
05100 – Terni (Italie)

Giuseppe Bruna
C. C. di Pavia
Via Vigentina, 85
27100 – Pavia (Italie)

Davide Delogu
Contrada Noce S. Nicola Agro’
95041 – Caltagirone (Italie)

 

Mise à jour du 18 octobre : ce texte mis en page comme affiche (source : Il Rovescio)

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