Italie/Chili : Une lettre de Juan pour Marcelo

Contra Info / mercredi 22 janvier 2020

Jusqu’à quand il n’y aura pas de pain pour les pauvres, il n’y aura pas de paix pour les riches. Tant qu’il y aura de la misère, il y aura de la rébellion.

Pour Marcelo,
avec toute la complicité de la lutte !

J’ai aimé tes mots de courage et de solidarité, qui m’ont rempli d’émotion et de sympathie !
Je réponds aujourd’hui (j’avais la censure du courrier) à tes mots, parce que je pense qu’il est important d’établir des liens de complicité entre nous, anarchistes du monde entier.
Pareillement, je crois qu’il est essentiel d’avoir une vision de la camaraderie qui est internationaliste et faite de résistance digne, tant en paroles qu’en actes.

Cher compagnon, aujourd’hui mes mots et mon cœur battent à l’unisson avec les tiens, avec les luttes qui, avec courage et dignité, sont portées contre le gouvernement du Chili et qui se sont transformées, d’une simple lutte pour le ticket du métro, jusqu’à incendier et attaquer de tout ce qui opprime, partout au Chili. Mais je ne peux pas nier que mon estime et ma sympathie vont aux compas anarchistes, qui ont toujours été présent.e.s dans la lutte de rue, de jour comme de nuit, par le passé comme par le présent.

Même si nous sommes prisonniers sous différentes latitudes de la planète, je sais que notre lutte se poursuit, la tête haute et avec dignité ! C’est pourquoi j’envoie ces simples mots de solidarité et de courage aux rebelles frappés par la répression de l’État chilien ; la brutalité des tortures, les viols, les meurtres ne seront pas oubliés ! Et la chose la plus important est qu’ils n’ont pas arrêté la lutte ! Cela montre le courage des femmes et des hommes qui continuent, avec dignité, à se battre.

Nous devons exiger la libération des 1700 prisonniers de la révolte chilienne, sans oublier aucun prisonniers à l’intérieur de ces murs ; ceux qui, comme toi compagnon Marcelo, ont toujours combattu ! Je ne doute pas que ta lutte, votre lutte, est ma lutte ! Cela me donne du courage et je suis fier de faire partie de cette galaxie anarchiste, de continuer à lutter jusqu’à ce que l’État et ses prisons soient effacés de l’univers.

Je pense qu’il est également fondamental de se souvenir de nos compagnons révolutionnaires et rebelles, connus ou inconnus, qui n’ont pas arrêté de combattre, par le passé, de façon à poursuivre leur chemin aujourd’hui. Se souvenir surtout de ceux qui ne se sont pas laissé abattre par le fat que les temps qui ne seraient par mûres, mais continuent la lutte permanente, avec passion et à contre-courant. A tous ceux qui ne se résignent pas, malgré le fait que toutes les prévisions soient défavorables.

Se souvenir des compagnons révolutionnaires du passé non pas comme des icônes, mais comme des exemples dans la pratique, car ils sont nos racines et notre âme ! Une âme qui n’est pas abstraite ou religieuse, mais une âme qui est concrète : c’est la lutte universelle ! C’est une âme qui tend à la révolte, ici et maintenant !

C’est pourquoi je voudrais rappeler le souvenir d’un camarade chilien qui est mort dignement, ici en Italie, aux côtés d’un autre compagnon, dans l’explosion de la bombe qu’ils étaient en train de préparer, à Turin, le 4 août 1977. Il s’agit de Aldo Marin Piñones et d’Attilio di Napoli, militants du groupe armé Azione Rivoluzionaria (un groupe anarcho-communiste), morts à l’âge de 24 ans. Un compagnon qui a lutté contre le régime de Pinochet, a été enfermé dans les prisons de la dictature chilienne et est mort en luttant contre la démocratie totalitaire occidentale. C’est à nous maintenant de lutter et lutter…

Juan Sorroche
Prison de Terni – AS2
1er janvier 2020

Une accolade, compagnon Marcelo, contre vents et marées

« Toujours irréductibles, sans jamais oublier ! »
Marcelo Villarroel

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Pour lui écrire (Juan parle italien et espagnol) :

Juan Antonio Sorroche Fernandez
C. C. di Terni
Strada delle Campore, 32
05100 – Terni (Italie)

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