Rennes : Ni Dieu, ni maître, ni patriarcat, ni patron

Ouest-France / dimanche 24 novembre 2019

Dans la pacifique manifestation contre les violences faîtes aux femmes, samedi 23 novembre, un tract circulait. Signé par un collectif de féministes « énervées » et révolutionnaires, il appelait à un rassemblement le soir même, à 20 h, place Saint-Anne.
Le document annonçait la couleur : « Le féminisme que nous défendons se veut radical et anticapitaliste […] Il se veut émancipateur et en opposition avec les institutions et structure patriarcales. »

Le tract prodiguait également des « conseils juridiques » en cas d’interpellation par la police, ainsi que les noms de trois avocats à contacter dans ce cas de figure.
Le rassemblement, qui avait été annoncé sur les réseaux sociaux, n’était pas déclaré et avait été interdit par la préfecture. Vers 20 h 30, le cortège de militants s’est tout de même élancé depuis la place Sainte-Anne. Parmi la centaine de personnes, des féministes révolutionnaires, des membres de l’ultra-gauche et des gilets jaunes, notamment.
En prévision, un important dispositif policier, avec de nombreux cars de CRS, avait été mis en place autour de la place Sainte-Anne, pour contenir la déambulation. Le cortège a été bloqué par des barrages policiers à plusieurs endroits. Les manifestants se sont finalement dispersés par petits groupes peu avant 22 h.
Aucun affrontement n’a eu lieu avec les forces de l’ordre, indique la préfecture. La police précise également n’avoir procédé à aucune interpellation. Mais plusieurs bâtiments du centre-ville ont été dégradés. Rue Le Bastard, une banque a vu sa vitrine fracturée au marteau. Des commerces autour des places Sainte-Anne et Hoche ont été tagués, tout comme le Couvent des Jacobins.
Sur Facebook, le patron du bar L’été Indien, rue Sainte-Melaine, a poussé un coup de gueule après les événements de la nuit. Contacté par téléphone, ce dimanche 24 novembre, il raconte : « Ils étaient une vingtaine de personnes avec des cagoules et des parapluies pour dissimuler leur visage. Ils ont tagué la façade et jeté des projectiles sur une vitre qui a été cassée. Mon personnel a eu très peur. Ils ont eu le sang-froid de s’enfermer à l’intérieur. La scène n’a duré que cinq à dix minutes mais c’était violent. »
Claude Panon, le patron de l’établissement, croit savoir pourquoi son bar a été pris pour cible : « Régulièrement, nous louons l’étage de notre bar à des associations étudiantes. Il y a quelques semaines nous avons été contactés par l’une d’entre elles. Comme pour toutes ces associations, nous avons accepté [pas trop regardant, quand les clients payent, non ? NdAtt. ]. Ce que nous ne savions pas, c’est qu’il s’agissait de militants d’extrême droite. Le soir de leur réunion, nous avons vu arriver des policiers pour nous prévenir que des militants d’extrême gauche cherchaient à en découdre avec ceux d’extrême droite. J’ai donc dit à tout le monde de finir son verre et de partir. »
Il poursuit : « Deux jours plus tard, des militants qui se déclaraient d’extrême gauche sont venus nous prendre à partie en nous taxant de fascistes. Je me suis expliqué avec eux en leur racontant que nous sommes apolitiques et ils étaient repartis calmement. Et là ils sont revenus avec les mêmes insultes. Je suis très surpris, déçu et en colère. J’ai donc décidé de porter plainte. Nous sommes un lieu prévu pour que les gens s’amusent ! Le plus fou c’est que désormais nous demandons aux associations si elles ont des activités politiques ou non avant de leur louer notre salle. »

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