Berlin (Allemagne) : Pour un Mai noir – attaque contre Securitas

Mpalothia / jeudi 23 mai 2019

« Feu à toutes les prisons, avec ou sans murs ! » L’appel pour un mai subversif , élargissement de la proposition pour un 1er mai anarchiste à Berlin, on l’a compris comme un appel à étendre l’attaque à différents niveaux. Nous sommes d’accord avec l’idée de ne pas se limiter à des journées précises, mais à attaquer constamment et de manière imprévisible le fonctionnement de cette société et prouver ainsi que sa sécurité est une illusion.

L’appareil du pouvoir comprend non seulement les assassins de l’État, mais aussi les mercenaires des sociétés de sécurité privées. Les véhicules de Securitas étaient naguère stationnés tranquilles dans le lotissement GESOBAG, où ils travaillent comme agents de sécurité, pour éviter l’intervention des flics en cas de conflits avec les locataires ou de tensions avec la direction de l’immeuble. Securitas est également engagé dans des activités de surveillance dans des prisons et des espaces publics du monde entier.

« Reconnaître la métamorphose dégénérative du feu « sujet révolutionnaire », dilué aujourd’hui dans cette masse imprécise de consommateurs/citoyens, est le point de départ inévitable pour consolider une communauté qui est en guerre de manière consciente, qui contribue vigoureusement à étendre l’attaque contre le système de domination dans notre siècle. Si nous ne sommes pas capables de remarquer le sentiment de participation dans lequel la « masse » sombre joyeusement, c’est-à-dire si nous ne percevons pas l’intégration accélérée de ces nombreux « opprimés » aliénés et autres « exclus », nous ne serons pas capables de développer une conflictualité anarchiste, de nos jours. Pour cette raison, il est urgent de renouveler notre bateau, de remplacer un bois pourri par l’érosion du temps et cela ne sera possible qu’à partir d’un équilibre précaire » – d’un entretien avec Alfredo Cospito.

L’appareil du pouvoir comprend également ceux qui étaient autrefois exclus de la participation à la société et qui sont maintenant, dans la société techno-industrielle, systématiquement intégrés dans les mécanismes de la domination, contribuant ainsi à leur propre oppression par le contrôle. L’isolement social provoqué par la technologie reste inaperçu pour ceux qui y ont succombé. Faute d’une prise de conscience commune du conflit de classe, la rage suscitée par l’absence de perspectives n’est pas dirigée contre l’État et ses laquais, mais contre nos voisins. Des développements tels que ceux que nous voyons en France, où au cours des 6 derniers mois, des milliers de personnes ont continuellement converti leurs émotions en confrontation directe avec les flics et en destruction des symboles du capitalisme, ne sont pas visibles ici sur le territoire contrôlé par l’État allemand. Lorsqu’il s’agit de questions sociales, la confiance dans les institutions démocratiques, les organisations de gauche, les syndicats et les partis politiques (ou les manifestations de racisme et de chauvinisme nationaliste) sont trop fortes.
Ce que nous devons faire, en tant qu’anarchistes, c’est attaquer ces institutions démocratiques pour exposer leur nature autoritaire avec la propagande par le fait. Il ne suffit pas de se limiter à expliquer à ceux, même anarchistes, qui croient fermement au réformisme prudent, que la destruction de l’existant signifie aussi la destruction de l’illusion de la sécurité.

Dans la nuit du 13 au 14 mai, nous nous avons rejoint le réseau informel de cellules dispersées dans le monde entier, afin de localiser et attaquer les agents de la répression et du contrôle social et étatique. A cette occasion, nous avons choisi une attaque incendiaire, une autre fois il pourrait s’agir d’un texte, d’une affiche ou d’une manifestation qui se déroule au-delà des chemins connus. Notre attitude subversive se manifeste par la poursuite de nos idées.

« Nous ne nous attendons pas à ce que l’État agisse différemment de comme il le fait. Nous ne sommes victimes de rien. Nous ne demandons ni n’attendons justice » – de l’appel à la solidarité avec Anahi.

La destruction de deux véhicules Securitas à Berlin-Wedding [quartier populaire du nord de Berlin ; NdAtt.] est notre appel à la solidarité avec Anahi Salcedo et les anarchistes détenu.e.s par l’État argentin. Anahi a été arrêtée le 14 novembre 2018, après avoir été blessée en posant une bombe sur la tombe du flic et tortionnaire Ramón Falcón, tué il y a 109 ans par l’anarchiste Simón Radowitzky. Nous ne savons pas grand-chose de sa situation actuelle, mais nous avons appris par des textes récents que Anahi et un autre camarade, ainsi que 12 autres anarchistes arrêté.e.s suite à une descente de police, sont accusé.e.s d’actes subversives. Force et colère, solidarité et complicité !

« Je chercherai, au péril de ma vie, le meilleur, l’authentique liberté… » Mauricio Morales.

« L’appel est à reprendre ce qui n’a jamais été abandonné, donnant vie dans le cadre d’aujourd’hui à une continuité de la praxis, contribuant au fait que nos morts continuent à être dangereux pour les puissants, qu’il est impossible pour les « citoyens progressistes » de les récupérer, qu’on rejette toute expression victimiste qui essaye d’imposer une image déformée du compagnon. » de l’appel pour un Mai noir.

Lorsque nous agissons, en utilisant des nombreuses tactiques différentes, nous pouvons aussi perdre notre vie. Par conséquent, notre attaque est aussi en souvenir de Mauricio Morales, qui a été tué par l’explosion de sa propre bombe il y a 10 ans, le 22 mai 2009, sur la route vers un centre d’entraînement de la gendarmerie, à Santiago, et une réponse à l’appel pour un Mai noir.

Nous suivons les actions et les textes des quatre coins du monde, pour découvrir une affinité avec des amis inconnus, pour aiguiser nos idées, pour développer des lignes stratégiques communes et pour comparer notre propre histoire avec le pseudo-réalisme du système. Cela comprend la mémoire de nos mort.e.s et la participation de compas nos prisonnier.e.s, à travers des textes et des références aux luttes actuelles. Parce que, lorsque nous sortons la nuit, nos pensées et nos cœurs qui luttent sont avec les prisonnier.e.s et les personnes qui ne sont plus avec nous. Et évidemment, nous ne sommes pas seuls non plus. Pendant le Mai subversif, il y a eu quelques attaques. L’une des attaques que nous voulons rejoindre, avec ses mots bien choisis, est celle qui a écrit un message de solidarité à Dimitris Koufontinas et a visé un véhicule de Kötter Security. Tiens bon, Dimitris !

En prenant conscience du risque de mort et d’emprisonnement, en travaillant sur des peurs qui font froid dans le dos rien qu’à y penser, nous pouvons nous débarrasser du sentiment de regret, qui peut nous vaincre à tout moment. Quand on se met en jeu, il y a toujours le danger de perdre la liberté et la santé. Une détermination inébranlable est l’une des conditions préalables pour faire face aux atrocités provoquées par la guerre que l’ennemi nous mène. Parvenir à cette détermination est un processus qui ne peut se réaliser que par un engagement constant, individuel et collectif, avec nos émotions et nos idées, une conscience des hauts et des bas, et la conscience qu’il n’y a aucune certitude qu’il sera réalisé.

Chaque jour, nous ravivons notre hostilité envers l’État et le Capital et ceux qui s’en font des administrateurs volontaires, s’assurant richesse et paix par la guerre.

“Renards libres” FAI-FRI

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