Appel international à l’action et à la propagande, en mémoire de Mauricio Morales

Anarquia.info / vendredi 26 avril 2019

“Chercher, au risque de ma vie, la meilleure, l’authentique liberté…”
Mauricio Morales

Il y a dix ans, le 22 mai 2009, l’engin explosif transporté par notre compagnon anarchiste Mauricio Morales explosait accidentellement, avant d’être placé à l’école de gendarmerie de Santiago du Chili, et il retentissait dans les cœurs noirs.
Cela a rendu visible cette institution et ceux qui la composent comme un objectif à attaquer, créant ainsi une relation étroite entre action et solidarité avec les prisonnier.e.s. Mais cette fois-là, l’ennemi n’a pas été frappé, cette fois-là le rugissement n’a pas ébranlé l’infrastructure des geôliers ; cette fois-là, ce matin-là, la puissante explosion a emporté la vie de Mauri.

Rapidement, les vautours des différents polices, enquêteurs, journalistes et ministres sont venus, en bons charognards, pour festoyer sur le sang et le corps de Mauri.
A cette occasion-là, la mort d’un anarchiste a servi de prétexte au développement d’un nouvel élan dans la chasse aux milieux anti-autoritaires.

Depuis lors, la mémoire a croisé différents chemins, dans plusieurs langues et continents, depuis la rue, et la parole, jusqu’à l’action et le feu. La mémoire est restée vivante dans l’action multiforme qui nous lie à nos morts. C’est par ces actes que la machinerie de l’oubli, du silence et de la repentance a été continuellement attaquée et sabotée, empêchant que le choix du compagnon Mauricio Morales s’efface avec le temps ou dans le tourbillon de la surinformation.

Dix ans se sont écoulés, il est vrai que parfois cela semble être une éternité et d’autres fois rien que quelques secondes. Aujourd’hui, nous renouons avec force avec son acte, qui a duré pendant tout ce temps, en cherchant à lui donner une nouvelle énergie et en le transformant en une excellente raison pour aiguiser notre négation de ce monde. La mémoire, aujourd’hui comme hier, c’est l’attaque. Nous ne cherchons pas à en rajouter, avec une image distante, spectaculaire et super-héroïque du compagnon ; comme toujours, Mauri n’était que l’un de ceux d’entre nous qui ont rejeté ce monde, un compagnon, pas une icône, quelqu’un qui, grâce à son ingéniosité et à sa volonté, a décidé de passer à l’action, dans la confrontation avec cette réalité qui nous est imposée. Cette nuit-là, ça aurait pu être lui ou bien un.e autre compagnon.ne parmi ceux et celles qui ont décidé de s’armer dans leurs négations.

Nous élevons une mémoire anarchique et iconoclaste qui, loin de chercher une perpétuelle réaffirmation ou une amère querelle sur la propriété de la mémoire, se met en marche de façon offensive contre ce monde.

Nous faisons appel aux différent.e.s compagnonne.s éparpillé.e.s par le monde, à la tendance
toujours minoritaire qui cherche la destruction de ce qui fait de nous des esclaves, aux esprits inquiets, afin de contribuer à la mémoire par l’action contre la domination. Nous sommes conscients de l’existence d’une double dimension dans ce mois de mai : d’une part, le prétexte pour un combat anarchiste, d’autre part une tristesse sincère à cause de la perte d’un cher compagnon. Nous pensons que, de manière complémentaire, on peut multiplier et reproduire les actes de mémoire : activités, publications, tags, actions, incendies, combats de rue. Tout sert, pour qu’il ne reste plus rien.
L’appel est à reprendre ce qui n’a jamais été abandonné, donnant vie dans le cadre d’aujourd’hui à une continuité de la praxis, contribuant au fait que nos morts continuent à être dangereux pour les puissants, qu’il est impossible pour les « citoyens progressistes » de les récupérer, qu’on rejette toute expression victimiste qui essaye d’imposer une image déformée du compagnon.

Ces mots sont un appel à l’action et à la propagande, à la multiplication des actions contre le pouvoir, pour briser l’oubli qu’on cherche à jeter sur Mauri, mais ils sont aussi une invitation à renforcer nos capacités, à multiplier les instances de mémoire, à perpétuer le combat et créer un présent de lutte contre la domination.

10 ans après : pour la mémoire offensive et pour un mois de mai noir, en mémoire de Mauricio Morales
Notre mémoire noire continuera de résonner dans les éclats de cette précieuse paix sociale.
Rien n’est fini, tout continue !
La mémoire c’est l’attaque

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