Lille : Procès pour les attaques antispécistes de mai-juin 2018 (MAJ : procès encore reporté)

Le Figaro / jeudi 2 mai 2019

Entre mai et juillet 2018, une vague de dégradations avait suscité l’inquiétude et l’exaspération des commerçants de la métropole lilloise. La boucherie l’Esquermoise, deux Mac Donald’s, la poissonnerie Au Petit Mousse, la rôtisserie Les Trois Coqs, le magasin Canard Street, un restaurant Buffalo Grill, les fromageries Fromage Madame et Les Bons Pâturages avaient été visés par des tags et des jets de pierre. Ce jeudi, près d’un an après les faits, deux militants antispécistes sont jugés pour «dégradations en réunion».

La première prévenue, L. M., 22 ans, est mise en cause dans les actes de vandalisme commis à l’encontre de L’Esquermoise, d’Au Petit Mousse et de Canard Street en avril-mai 2018, ainsi que pour des jets de faux sang contre huit boucheries en avril 2017. Le second prévenu, É. S., 31 ans, est poursuivi pour des tags et jets de pierre sur une enseigne en mai 2018. Les enquêteurs sont remontés par le biais de traces ADN jusqu’aux deux jeunes gens, connus pour leur fort engagement dans le «petit milieu» des militants antispécistes.

Placés sous contrôle judiciaire après leurs gardes à vue respectives, les deux jeunes gens auraient initialement dû comparaître le 14 décembre devant le tribunal correctionnel de Lille. Le jour J, plusieurs militants antispécistes s’étaient rassemblés au Palais de justice pour témoigner de leur soutien aux prévenus. Mais «devant l’ampleur et le retentissement du dossier», le juge unique chargé de l’affaire a finalement décidé, en accord avec les parties, de renvoyer le procès vers une audience collégiale en date du 2 mai 2019.

L. M. et É. S. encourent cinq ans de prison et 75.000 euros d’amende au titre de l’article 322-3 du Code pénal. Ils ne reconnaissent pas les faits qui leur sont reprochés. Ce jeudi, leurs avocats – Me Muriel Ruef pour Lauriane M. et Me Florian Regley pour Éric S. – soulèveront sur la forme des questions de procédure qu’ils estiment être des vices et argueront sur le fond que les éléments retenus contre leurs clients ne sont pas suffisants pour que ces derniers soient reconnus coupables et condamnés.

Du côté des parties civiles, la fédération des bouchers charcutiers traiteurs du Nord compte montrer, par sa présence, son soutien aux commerçants touchés par les actions du mouvement antispéciste. «Nous attendons un geste fort de la justice. Il faut que ce genre de phénomène s’arrête», souligne Me Damien Legrand, conseil du syndicat, auprès du Figaro. «Les bouchers se sont sentis pris pour cible en raison de leur profession. Ils ont peur que cela recommence.»

Le tribunal correctionnel de Lille a récemment condamné quatre activistes antispécistes dans une affaire similaire, quoi que plus grave, puisque des commerces avaient été incendiés. Le 8 avril, un jeune homme a ainsi écopé de 18 mois de prison dont 8 avec sursis, une jeune femme de 15 mois de prison dont 9 avec sursis, et deux autres femmes de 6 mois de prison avec sursis. Dans un communiqué, le président de la fédération des bouchers charcutiers traiteurs Laurent Rigaud [le connard ci-dessous; NdAtt.] s’est déclaré «satisfait» et «soulagé» de cette décision «juste».

Laurent Rigaud dans sa boucherie , au 8 Rue du 11 Novembre 1918, 59118 Wambrechies

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Mise à jour du vendredi 3 mai 2019 : le procès a été encore reporté (mais l’affaire s’élargit)

20 Minutes / jeudi 2 mai 2019

L’affaire devient complexe. Les juges du tribunal correctionnel de Lille ont décidé de reporter, à nouveau, l’audience qui devait se tenir, ce jeudi, concernant, au départ, des actes de vandalisme sur une poissonnerie, une boucherie et un restaurant lillois, en mai et juin 2018. Des messages antispécistes – dénonçant la supériorité de l’homme sur l’animal – avaient accompagné ces dégradations.

Dans ce dossier, deux personnes, âgées de 22 et 31 ans, étaient poursuivies pour « dégradations volontaires en réunion ». Elles avaient été arrêtées et placées en garde à vue, en septembre. Or, ce jeudi, ils étaient quatre à être convoqués devant la justice.

L’avancement de l’enquête avait permis au ministère public d’ouvrir un autre dossier sur des dégradations concernant huit boucheries et un magasin, en avril 2017. Les vitrines avaient été souillées par du colorant rouge, évoquant du sang animal. L’instruction avait, à l’époque, été abandonnée, alors que la police avait pourtant interpellé deux militants.

Dans ce nouveau dossier, un troisième prévenu, âgé de 62 ans, était appelé à comparaître. Enfin, une quatrième et dernière mise en cause, âgée de 20 ans, avait été aussi convoquée, dans une tout autre procédure. Elle est accusée d’avoir refusé de donner les codes de son téléphone portable lors d’une garde à vue.

Les juges ont préféré joindre toutes les procédures en une seule et demander une audience particulière pour juger correctement tous les faits. Une quatrième date d’audience a donc été fixée au 14 novembre. Par ailleurs, le contrôle judiciaire de certains prévenus – qui courait depuis le mois d’octobre et avait été respecté – a été levé. […]

 

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