Lille : Quatre antispécistes condamné.e.s

Libération / lundi 8 avril 2019

Les deux militants antispécistes lillois, reconnus coupables de dégradations contre différents commerces, ont échappé de justesse ce lundi à la prison. Le tribunal de grande instance de Lille les a condamnés à dix-huit mois d’emprisonnement dont huit mois avec sursis pour l’un, quinze mois dont neuf avec sursis pour l’autre. Mais il leur a donné la possibilité d’aménager leur peine. Ils évitent ainsi l’incarcération. Deux autres prévenues ont été condamnées à six mois de prison avec sursis, pour complicité.

Ce groupe est responsable de l’incendie de deux restaurants spécialisés dans la viande fin décembre, début janvier, et d’actes de vandalisme contre des boutiques, boucheries en tête. Le deuxième départ de feu aurait pu avoir des conséquences dramatiques, avec un compteur de gaz touché, des voisins évacués pendant deux heures dans la nuit, et l’intervention de GRDF pour sécuriser l’installation. «Ils avaient choisi des restaurants isolés, qui n’avaient pas de logements situés au-dessus d’eux», précise leur avocate, Muriel Ruef, mais sans toujours réaliser les dangers. «Ils en ont pris conscience devant les images montrées par la police», raconte-t-elle. Ils ont d’ailleurs exprimé des regrets lors du procès [en effet leur défense n’a pas été fameuse – cf. ci dessous; NdAtt.]. L’avocate trouve les peines «plutôt adaptées à leur profil» : les faits sont graves, mais le tribunal a tenu compte de leur casier judiciaire vierge, et du mois de détention préventive qu’ils ont déjà effectué. Muriel Ruef précise que ses clients se donnent quelques jours de réflexion pour faire appel, ou pas, de la décision.

La fédération des bouchers du Nord, partie civile dans ce dossier, est mi-figue, mi-raisin : son président, le tonitruant Laurent Rigaud [le connard ci-contre; NdAtt.], en pointe contre les attaques de commerces par les antispécistes dans sa région, reconnaît sa satisfaction face au travail policier et judiciaire accompli. Mais il trouve les peines légères. «Ils ne vont pas en prison, alors qu’on leur reproche 13 attaques, qu’ils ont reconnu les faits, et qu’ils risquent jusqu’à dix ans d’emprisonnement», explique-t-il. Mais c’est le calme retrouvé qui compte, pour lui : «On espère que maintenant ils communiqueront de leur côté sur l’antispécisme, sans venir fracasser nos vitrines la nuit.»

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La peur a changé de camp… mais pourquoi participer à ce spectacle de misère ?

extrait du Monde / mardi 19 mars 2019

Ils sont quatre à la barre du tribunal de grande instance de Lille, mardi 19 mars après-midi. Trois femmes et un homme, âgés de 23 à 39 ans, tous militants antispécistes accusés d’avoir commis des actes de dégradation et des incendies contre une quinzaine de commerces, principalement des boucheries des départements du Nord et du Pas-de-Calais, entre le 28 décembre 2018 et le 2 février. […]

Laurent Rigaud, représentant des 600 boucheries artisanales du Nord, n’en finit plus de décompter les attaques. « Dix en 2017, dix-huit en 2018, treize et deux incendies depuis quelques mois, déplore le boucher. On n’a pas de difficultés avec les végans, mais là, c’est du terrorisme, et on a peur de ce qui peut arriver. » […]

Ce mardi, la peur a changé de camp. Sur le banc des accusés, les deux principaux prévenus, Cyrile, 23 ans, et sa compagne, Mathilde, 29 ans, répondent la tête basse aux questions de la présidente du tribunal. Ils assurent avoir pris conscience de la gravité des faits et reconnaissent la quasi-totalité des actes.

« Je ne mettrai plus le feu, j’ai eu le temps de réfléchir, et je continuerai à militer autrement », assure, la voix tremblante, Mathilde, jeune femme insérée, qui vient de perdre son emploi dans une crèche de la métropole lilloise après un mois de détention provisoire. Son compagnon craint lui aussi de retourner derrière les barreaux. Il encourt dix ans d’emprisonnement. « On ne se rend pas bien compte de ce qu’est la prison avant d’y aller », avoue ce jeune [c’est vrai, et on est bien contents qu’ils/elles soient dehors, mais aux regrets à la barre, on aurait préféré un digne silence… NdAtt.]

 

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