Guadeloupe : Des nouvelles émeutes lors de la grève générale contre l’obligation vaccinale

France-Antille / jeudi 20 janvier 2022

Ce jeudi (20 janvier) était un jour de mobilisation générale dans l’ensemble de l’archipel.
Le collectif des organisations en lutte avait lancé un appel à une journée morte, à l’attention des Guadeloupéens, travailleurs, sans emplois, jeunes ou retraités étaient appelés à manifester.
Après quelques tentatives de barrages rapidement déblayées par Routes de Guadeloupe, les manifestations ont connu une montée de violence dans l’agglomération pointoise.
En effet, des affrontements entre manifestants, jeunes et forces de l’ordre ont éclaté peu après 15h sur différents points (Vieux-Bourg aux Abymes, Rue Frébault à Pointe-à-Pitre). […]

Le Monde / vendredi 21 janvier 2022

Des violences ont éclaté, jeudi 20 janvier, à la Guadeloupe, où un gendarme a été blessé par un tir à balle réelle à Pointe-à-Pitre et six personnes interpellées, ont fait savoir la gendarmerie et la police. Les jours du gendarme ne sont pas en danger et une enquête a été ouverte, selon une source policière. Le procureur de la République doit tenir une conférence de presse vendredi.

Il y a une semaine, le collectif d’organisations mobilisées contre l’obligation vaccinale avait appelé l’ensemble de l’île à se joindre à une journée « île morte » et à « se mobiliser partout, dans la rue et devant les entreprises » .

L’appel, lancé pour la date anniversaire de la formation, en 2009, du collectif Liyannaj Kont Pwofitasyon (LKP – « Collectif contre l’exploitation », qui regroupe une cinquantaine d’organisations), globalement peu suivi, a fini par donner lieu à plusieurs points de tensions sur l’île et à quelques blocages par quelques poignées de personnes à l’entrée de supermarchés ou des stations-service.

Au centre hospitalier de Basse-Terre, « une quarantaine de personnes ont tenté de pénétrer dans le bâtiment administratif », a expliqué, à l’Agence France-Presse (AFP), Christine Wilhem, directrice de l’hôpital. Elle a dû être exfiltrée par les vigiles qui surveillent les abords de l’établissement. « On commence à avoir l’habitude de se protéger », a t-elle ironisé.

Dans le centre de l’île, des manifestations « non autorisées », selon la préfecture, ont dégénéré lors des opérations de maintien de l’ordre sur la commune des Abymes, selon la même source, qui précise que « les forces de l’ordre ont été prises à partie par des jets de projectiles divers, pierres, cocktails Molotov, boulons…. ».

[…] Les manifestants ont été « repoussés sur plusieurs kilomètres », selon une source policière, mais ont érigé des barricades et obstrué les axes routiers. Des survols d’hélicoptère ont également eu lieu.

Selon le parquet de Pointe-à-Pitre, « au moins trois tirs » à balles réelles ont été comptés et « au moins un magasin a été pillé », alors que la nuit venait à peine de tomber.

Pointe-à-Pitre, Rue Frébault

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La Préfecture durcit le couvre-feu

France Info / vendredi 21 janvier 2022

Une nuit marquée par des émeutes. Violences, pillages, barrages et attaques contre les forces de l’ordre, c’est ce que condamne le préfet de la Région de Guadeloupe, Alexandre Rochatte, dans un communiqué.
Ainsi, et ce afin, « de prévenir les événements dans les nuits à venir », le couvre-feu sera donc abaissé à 18 heures dans les communes de Pointe-à-Pitre et des Abymes, dès ce vendredi et jusqu’au dimanche 23 janvier.  […]

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Le Parquet veut réduire la rage collective aux affaires de quelques mafieux…

Le Monde / samedi 22 janvier 2022

Les violences qui secouent la Guadeloupe depuis près de trois mois, sur fond de contestation de l’obligation vaccinale, ont été « parfaitement planifiées et organisées », a accusé, vendredi 21 janvier, le procureur de la République.

Une information judiciaire a été ouverte, confiée à deux juges d’instruction, et, après quatre-vingt-seize heures de garde à vue, huit personnes interpellées lundi ont été mises en examen, notamment du chef d’« association de malfaiteurs en vue de commettre des crimes et délits en bande organisée ». Quatre d’entre elles ont été placées en détention provisoire.

« Aucune scène de violence », y compris les plus récentes, « n’a été spontanée », a insisté le procureur Patrick Desjardins. « Dans les surveillances qui ont été mises en place », à la suite des premières émeutes de novembre 2021, « nous avons compris qu’il était question d’un partage des rôles entre les jeunes », notamment des gangs de Baie-Mahault, de Pointe-à-Pitre et de Grand-Camp (aux Abymes).

Après une nuit d’émeutes, à la fin de novembre 2021, ponctuée de tirs contre les forces de l’ordre, au cours de laquelle le SPIP (le service pénitentiaire d’insertion et de probation) a été incendié, « les investigations se sont intensifiées », tenues « dans le plus grand secret ». Car est apparue, selon le parquet, « la complicité, voire l’implication active, d’un fonctionnaire de police », placé désormais sous mandat de dépôt.

« On est sur de la trahison », a précisé le procureur. « Nous savons qu’il était à l’origine de nombreuses opérations, celle contre le SPIP, mais également celle qui était prévue le 30 décembre [2021]. »

Ce jour-là, la manifestation du collectif d’organisations mobilisé contre l’obligation vaccinale devait arriver jusqu’à l’aéroport « avec un mode opératoire déterminé entre les manifestants et les membres de gangs, qui, eux, devaient occuper les pistes avec des véhicules volés » et enflammés. Des échauffourées ont eu lieu entre les manifestants et les forces de l’ordre. Le leader syndical Elie Domota avait été arrêté, puis libéré dans la soirée. Par ailleurs, la sous-préfecture de Pointe-à-Pitre était une des prochaines cibles, selon l’enquête.

« Dans l’esprit des personnes impliquées, l’objet de ces émeutes était clair », a encore expliqué le procureur. Si la « bataille idéologique » et l’obligation vaccinale, de même que la question relative à la jeunesse, restent en toile de fond, « ce qui est sûr, c’est une volonté claire d’enrichissement ». Selon l’enquête, le but était d’obtenir « des sommes conséquentes de la part de grands groupes en échange de la promesse de ne pas lancer les émeutiers contre leurs intérêts ». Ce qui explique l’absence d’attaque des grands centres commerciaux de l’île.

D’autre part, a affirmé M. Desjardins, il s’agissait de « bénéficier de subvention par le biais d’associations utilement créées à la faveur de négociations à venir, avec l’Etat, mais aussi à la faveur de relations parfois troubles avec certains élus locaux », en usant de « pressions importantes ».

Réagissant aux mises en examen annoncées par le procureur, le député Olivier Serva a dit avoir rencontré certains jeunes « dans le cadre des négociations de sortie de crise », qui sont désormais placés en garde à vue ou en détention préventive. Il appelle à une « justice impartiale ne négligeant pas leur rôle dans ce processus d’apaisement […] compte tenu de leur volonté de se réinsérer ».

Durant toute la journée, une centaine de personnes, dont des leaders du syndicalisme local, étaient présentes devant le tribunal, « en soutien » aux personnes déférées.

 

…mais entre-temps la boucherie judiciaire continue

Le Monde / samedi 4 décembre 2021

Les tribunaux tournent à plein régime à la Guadeloupe. Depuis le début de la contestation sociale qui a dégénéré en crise, plus de soixante-dix personnes ont été jugées, et soixante-quatre condamnées, a annoncé le parquet, vendredi 3 décembre.

« Tous les participants aux actions violentes et illégales sont jugés et il n’y a quasiment eu que des condamnations », a déclaré à l’Agence France-Presse (AFP) le procureur de la République de Pointe-à-Pitre, Patrick Desjardins, qui assume « le choix de la “tolérance zéro” ».

« Il fallait apporter une réponse pénale immédiate face à une vraie menace insurrectionnelle », explique le parquet pointois, compétent en matière criminelle, qui comptabilise « cinquante-cinq comparutions immédiates depuis le début de la crise », qui ont abouti à « cinquante condamnations à des peines variées » allant « du travail d’intérêt général jusqu’à deux ans de prison en passant par des amendes ».

Selon M. Desjardins, en seulement onze jours, l’activité judiciaire a été équivalente à « ce que l’on fait habituellement en quatre mois ». « Soixante-sept enquêtes étaient ouvertes mercredi, confiées à tous les services d’enquête du département : cela va du pillage de magasin, comme une armurerie, à l’attaque de gendarmeries et des tentatives d’homicides sur des policiers. »

Outre les cinquante personnes condamnées à Pointe-à-Pitre, quatorze l’ont été à Basse-Terre, a déclaré à l’AFP Xavier Sicot, procureur de la république.

« Tous ceux qui ont été présentés, à l’exception d’une personne que j’ai orientée vers un contrôle judiciaire, ont fait l’objet de condamnations à des peines de prison ferme » pour « entraves, violences sur personnes dépositaires de l’autorité publique, vols, pillages, outrage ou rébellion », a-t-il précisé.

Selon un décompte de l’AFP, vendredi matin, au moins cent quarante-huit interpellations avaient eu lieu en Guadeloupe depuis le début des événements. De nouvelles comparutions devraient avoir lieu ces prochains jours.

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Mise à jour du 24 janvier 2022 : ça continue

France Info / lundi 24 janvier 2022

Circulation une nouvelle fois difficile, en cette matinée du lundi 24 janvier 2022.
Par ailleurs, des exactions ont été perpétrées, durant la nuit.

Des blocages sont en cours à Port-Louis, Sainte-Anne et Gosier (au niveau des sections Maudette et Mare-Gaillard, par exemple). Des barricades enflammées et des obstacles sur la chaussée y empêchent la circulation.
La situation reste difficile à Rivière-des-Pères, à Basse-Terre, avec notamment des jets de pierre à l’encontre des forces de l’ordre, selon la préfecture. Des interventions sont en cours, sur ces barrages, où la circulation est partielle ou empêchée.

Encore ce matin, des interventions des forces de l’ordre ont eu lieu, à la section Conodor de Sainte-Rose, sur la départementale D114 à Sainte-Anne, à Gachet/Petit Canal, ou encore à Pelletan/Port-Louis. Les nettoyages y étaient encore en cours, à 7h.
À Sainte-Rose, où des barrages ont également été érigés, y compris à La Boucan, la circulation est rétablie dans les deux sens.

Dans un communiqué, la préfecture de Guadeloupe évoque des interventions des forces de gendarmerie, pour lever plusieurs barrages, à Sainte-Anne et Baillif.
« Un véhicule de la gendarmerie a été dégradé et le conducteur légèrement blessé« , indique le Palais d’Orléans de Basse-Terre.

Les pompiers, quant à eux, ont dû intervenir sur des feux de barrages, sous la protection de la gendarmerie, sur la Route nationale 2 à hauteur de Conodor/Sainte-Rose, vers 5h30 et, un peu plus tôt, vers 4h40, sur le route Cheikh Anta Diop de Port-Louis, où des pneus ont été enflammés.

Par ailleurs, le Service départemental d’incendie et de secours (SDIS) a été appelé à intervenir, suite à un départ de feu suspecté dans l’annexe de la mairie de Basse-Terre, au Cours Nolivos, peu après 3h30.
Il y avait, en effet, deux foyers dans deux bureaux du premier étage du bâtiment, dont celui des ressources humaines, où tout a été détruit. Les pompiers sont venus à bout des flammes à 5h40.
André Atallah, le maire de Basse-Terre, déplore de tels actes et évoque l’impact sur le moral des employés de l’hôtel de ville.

Idem, la mairie, le restaurant scolaire et le centre administratif de Sainte-Anne ont été vandalisés, durant la nuit dernière. […]

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Mise à jour du 27 janvier : encore de barrages routiers et en rab’ un gendarme blessé

France-Antille / mardi 25 janvier 2022

Dans la nuit de dimanche à lundi, les forces de gendarmerie sont intervenues pour lever plusieurs barrages à Sainte-Anne et à Baillif. Un véhicule de gendarmerie a été dégradé et le conducteur légèrement blessé.

Lundi matin, des interventions ont eu lieu à Sainte-Rose (Conodore) Sainte-Anne, Petit-Canal (Gachet), Port-Louis (Pelletan). Des barricades enflammées ont gêné la circulation à Port-Louis, Sainte-Anne et le Gosier. [article payant ; NdAtt.]

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