Italie : Pour ceux qui ont une bombe dans le cœur

Inferno Urbano / mardi 7 décembre 20201

En août 2018, deux engins explosifs, dont un ne marchera pas, sont placés près du local de la Lega, à Villorba (dans la banlieue de Trévise).
Une action « contre les politiciens, les flics et leurs larbins ».
Juan, notre ami et compagnon, est accusé de cette attaque et le Tribunal de Trévise est en train de le faire passer à procès pour « massacre indiscriminé ».
Le chef d’inculpation de massacre indiscriminé et infâme et révélateur du monde à l’envers où nous vivons. Celui qui a tué des centaines de personnes dans les rues, dans les usines, dans les hôpitaux psychiatriques et dans les prisons ; celui qui, pendant des décennies, a couvert les patrons qui ont fait crever les ouvriers à cause de l’exposition à l’amiante, ou qui ont fait tomber malades des populations entières à cause de la pollution de l’air, des champs, des eaux ; celui qui a empêché à des millions de personnes de sortir de chez elles, tout en obligeant les personnes âgées à mourir de Covid et de solitude, dans des EHPAD ; celui qui pille et bombarde des pays entiers et ensuite laissent couler dans la Méditerranée ou geler dans une forêt les personnes fuyant la misère et la guerre ; oui, précisent lui, Sa Majesté l’État italien, il accuse de massacre indiscriminé un anarchiste, un ennemi de tout pouvoir et de toute oppression.

D’ailleurs, quand un général de l’OTAN [Francesco Paolo Figliuolo, général de l’armée de terre italienne ; depuis mars dernier, il est aussi Commissaire extraordinaire pour la gestion de l’urgence Covid-19 ; NdAtt.] est chargé de la santé publique et quand un banquier [Mario Draghi, actuel chef du gouvernent italien, ancien bureaucrate au Ministère de l’économie, directeur de la Banque centrale italienne et de la BCE, quand celle-ci a imposé des politique d’« austérité » à la Grèce ; NdAtt.], déjà affameur de la population grecque, impose des laissez-passer au nom de la « responsabilité envers les autres », on est prévenus de manière claire.
La violence que les hommes d’État font aux mots est le reflet de celle qu’ils exercent à l’encontre des êtres humains et de la nature.
Il semble que, pour des milliers de personnes, le tocsin sonne maintenant.
Pour Juan, il a sonné il y a longtemps, quand il a transformé son cœur en un une bombe à retardement, prête à exploser contre toute injustice.

Maintenant que le moment de sa sentence se rapproche, nous ressentons encore plus le désir de lui signifier notre solidarité et notre proximité.

Parce que nous avons connu son courage et sa tendresse.
Parce c’est ainsi qu’on fait, entre compagnonnes et compagnons d’un idéal.
Parce que la personne qui a attaqué ce local de la Lega, peu importe qui c’est, a donné une contribution d’humanité dans un monde de plus en plus inhumain.
Parce que la vie est trop courte pour ne pas la remplir de rêves ardents.

anarchistes

 

Pour lui écrire (il parle espagnol et italien) :

Juan Antonio Sorroche Fernandez
C. C. di Terni
Strada delle Campore, 32
05100 – Terni (Italie)

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