Prison de Latina (Italie) : « Solidarité entre prisonnier.e.s anarchistes ». Un texte de Francesca

extrait de Malacoda / jeudi 22 octobre 2020

« Solidarité entre prisonnier.e.s anarchistes ». Un texte de Francesca, arrêtée lors de l’opération Bialystok, qui rejoint la grève de la gamelle en solidarité avec les anarchistes Giuseppe Bruna et Davide Delogu.

Les conditions de détention, dans les prisons italiennes, continuent de s’empirer ; face à l’urgence Covid-19, les demandes des prisonnier.e.s n’ont presque pas été écoutées, ce qui a provoqué des révoltes dans des dizaines de taules, suivies par une forte répression, avec des transferts punitifs et des procédures pénales. Lors de ces révoltes, des nombreux détenus sont morts. L’État est responsable de ces morts. Les changements effectués dans les règlements pénitentiaires à partir du printemps dernier ont souvent causé une réduction des contacts avec l’extérieur, une réduction des activités, l’isolement, ce qui rend les conditions de détention de plus en plus invivables. Aujourd’hui, il n’y a pas de signaux d’amélioration, malgré le fait qu’ils ont eu tout le temps nécessaire pour s’adapter à la situation. Les nouvelles réglementations ne présagent rien de bon, avec des mesures encore plus restrictives pour les sections de haute sécurité et un extension de l’utilisation du régime 41bis, une torture lente qui vise à plier les structures basilaires des identités individuelles.

Face à cela, ceux/celles qui osent prendre position contre les prisons, contre l’État qui les gère et contre le société qui en a besoin, ainsi que celles/ceux qui continuent à faire vivre des pratiques de solidarité, à l’intérieur comme à l’extérieur des murs, sont de plus en plus souvent enfermé.e.s à leur intérieur. Les dernières opérations anti-anarchistes sont clairement une façon de contrer la solidarité avec les prisonnier.e.s et les prisonnier.e.s anarchistes.

Parmi celles/ceux-ci, certaines situations d’enfermement se démarquent pour leur caractère particulièrement punitif et insoutenable.

En effet, Davide Delogu est soumis au régime 14bis, car il n’a jamais baissé la tête face à l’institution pénitentiaire. Malgré ses demandes de transfert dans une autre prison, il n’a pas été transféré, mais au contraire sa situation a empiré.

Depuis plus d’un an, Giuseppe Bruna est dans la section pour prisonnier protégés de la taule de Pavie ; malgré ses continuelles demandes de transfert, l’Administration pénitentiaire ne l’a pas transféré, en se cachant derrière des fausses excuses.

Le système patriarcal sur lequel se fondent l’État et la société dévoile ses aspects les plus mesquins et les plus aigus dans le monde des prisons : on le voit dans les conditions, pires, qui sont en général celles des prisonnières dans les taules pour femmes, dans les stéréotypes de genre dans lesquels on les enserre, dans les logiques d’infantilisation et de psychiatrisation qui leur sont imposées. On le voit dans le traitement infligé aux compagnonnes anarchistes, qui sont séparées et éparpillées dans les sections AS3 de toute Italie, parce que celle-ci est la première logique du patriarcat : séparer les femmes puisque, quand elles s’unissent, elles fond trembler le pouvoir. On le voit dans le traitement des hommes qui ont une orientation sexuelle non normée et des personnes qui ne se reconnaissent pas dans la logique de genre binaire qui est imposée, et qui sont placées parmi les balances, les pédophiles et les violeurs.

En tant qu’anarchiste, je ne suis certainement pas pour une logique des circuits différentiels [par exemple des sections pour prisonniers politiques, comme cela a été le cas à une époque ; NdAtt.] à l’intérieur des prisons, tout comme je ne suis pas pour la logique de la prison elle-même, à laquelle je m’oppose et contre laquelle je lutte. Afin que toute forme de prison soit détruite.

Entre-temps, je ne resterai pas immobile et silencieuse, pendant que, dans d’autres prisons, des compas anarchistes font l’expérience de conditions insoutenables.

Davide et Giuseppe luttent pour leurs transferts vers des situations plus supportables. Je suis avec eux.

Pour cela, à partir de lundi 19 octobre, je mènerai une grève de la gamelle, dans la prison de Latina, où je suis enfermée.

Pour un monde sans taules.
Pour la solidarité entre et avec les prisonnier.e.s.
Pour l’Anarchie.

Fra

Pour lui écrire :
Francesca Cerrone
C. C. di Latina
Via Aspromonte, 100
04100 – Latina (Italie)

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