Leipzig (Allemagne) : Incendie au Centre fédéral des impôts et des finances de Saxe

Barrikade / dimanche 7 décembre 2019

Incendie Centre fédéral des impôts et des finances de Saxe. Personne ne pourra pacifier notre lutte. Salutations solidaires aux compas qui luttent à Exarcheia.

Le Centre fédéral des impôts et des finances de Saxe (LSF) est chargé de l’administration financière de l’État fédéral de Saxe et fournit les bases juridiques des mesures coercitives et de l’exécution des décisions judiciaires, comme les expulsions forcées ou les confiscations pour dettesimpayées. Étant sous le contrôle de l’État fédéral allemand, ce service met en œuvre l’agenda politique du libre marché. Le LSF applique la politique financière nationale, qui privilégie les entreprises et désavantage les personnes. Cette politique est guidée par l’idéologie du « Budget base zero ». La doctrine néolibérale de l’économie provoque le contrôle du capital sur toutes les sphères sociales. Par la privatisation et la réduction des impôts des grandes entreprises, toute tentative à visée sociale est complètement enterrée sous la logique du profit.

Sous la direction de l’État allemand, le diktat économique (Spardiktat), qui nous prend de mire ici, est appliqué dans toute l’Europe, ainsi que dans le monde entier. La privatisation du secteur public grec, jusqu’à sa destruction complète, ainsi que le fait de laisser les biens du peuple grec à la merci d’investisseurs privés, est la faute à l’Allemagne. En conséquence de ces mesures, un chômage endémique a suivi, de nombreuses personnes ont perdu leurs moyens d’existence, certaines se sont suicidées, beaucoup sont mortes dans la rue parce qu’elles n’avaient plus de maison ou ne pouvaient pas se permettre les soins médicaux ou les médicaments nécessaires.

Depuis l’occupation fasciste lors de la Seconde guerre mondiale, la politique allemande chauvine en Europe a continué sans rupture significative. Depuis lors, l’État allemand n’a jamais payé les réparations pour ses cruautés. Grâce au soutien des puissances impérialistes, l’État allemand a été remis sur pied et s’est à nouveau imposé comme une puissance économique mondiale. Inutile de dire que cela allait de pair avec le pillage des ressources dans le monde entier et avec l’exploitation de la main-d’œuvre bon marché à l’étranger. La création de la Communauté européenne du charbon et de l’acier, précurseur de l’UE actuelle, visait à renforcer la suprématie économique de la nation allemande en Europe et marquait un grand pas en avant vers la continuation de la domination allemande en Europe. Aujourd’hui, la politique d’austérité aux dépenses d’autres économies nationales est menée en coopération avec le FMI et la Banque centrale européenne. Le cœur de la bête bat. Les armes allemandes tuent partout dans le monde, les forces de sécurité allemandes forment d’autres unités spéciales aux procédures d’enquête et aux méthodes contre-insurrectionnels, des entreprises allemandes asservissent et assassinent des travailleur.euse.s dans le monde entier.

Exarcheia a toujours été un lieu de résistance contre les rapports de domination qui gardent en vie l’iniquité. Son existence nous donne l’espoir que d’une praxis révolutionnaire puisse émaner la construction d’un quartier rebelle, militant et solidaire. Son histoire est marquée par des luttes anarchistes, anti-autoritaires et communistes, qu’il s’agisse de la lutte contre l’occupation allemande pendant la Seconde guerre mondiale, contre la dictature militaire fasciste qui a suivi peu de temps après (1967-1974), contre les gouvernements des traîtres libéraux de gauche, comme le PASOK (à l’époque) ou Syriza (de nos jours), ou maintenant contre la droite conservatrice de Néa Demokratía. Hier, le 6 décembre, c’était le jour anniversaire du meurtre d’Alexis, lâchement abattu par un flic dans les rues d’Exarcheia. Son assassinat a mis le feu à la rage de milliers de personnes, provoquant des émeutes massives et une insurrection contre le système néolibéral et l’État grec. En conséquence, les gens ont constitué à Exarcheia un espace sans flics, rempli de tentatives de réaliser les idées solidaires de cohabitation et de lutte commune. Si vieille qu’elle soit l’histoire rebelle d’Exarcheia, d’autant les sont sont les attaques de l’État et des pouvoirs fascistes contre la résistance dans ce quartier.
Dans l’ère révolue de son gouvernement, Syriza a essayé une stratégie chirurgicale pour contrôler Exarcheia. En expulsant certains des squats rebelles de ce secteur, ils ont au même temps ouvert les portes au processus de gentrification, ils ont endurci les lois et déporté et incarcéré des réfugiés. Au contraire, Néa Demokratía suit une voie plus offensive, en répandant la peur par une politique répressive dure. Depuis les élections de l’été 2019, la liste de ses opérations contre des individus et des collectifs en lutte est déjà longue. Précédée par la libération du flic assassin qui a tiré sur Alexis, en passant par l’abolition de l’asile universitaire, jusqu’au rétablissement des sbires des forces Delta [les flics anti-émeute à moto ; NdAtt.], l’embauche de 1500 nouveaux keufs, l’ordre d’expulsion de presque tous les squats d’Exarcheia, le siège d’Exarcheia, fait par la police « anti-terroriste », la police anti-émeute et les unités en civile, ainsi que la toute récente opération « anti-terroriste » contre des compas anarchistes.

L’attaque étatique et capitaliste contre Exarcheia montre quelques similitudes avec le processus auquel est actuellement confronté le quartier de Connewitz, à Leipzig. Toutes les structures rebelles sont censées être démolies, de façon que les investisseurs aient les mains libres pour s’étaler. Cette décomposition sociale faite par le biais du marché immobilier, par laquelle les habitant.e.s d’un quartier sont remplacé.e.s par des personnes qui paient plus, devrait se faire en silence. L’État y voit sa chance de pacifier un quartier rebelle et les fascistes en uniforme se lèchent les doigts, en pensant à l’opportunité d’avoir les mains libres pour combattre ces « cafards indisciplinés ».

Depuis quelques semaines, les flics assiègent le quartier de Connewitz et la brigade d’enquête contre « l’extrémisme de gauche » a été rebaptisée et encore renforcée. Mais pour ce qui nous concerne, cela ne nous inquiété pas : nous serons toujours capables de trouver des trous dans leur plan, pour frapper au bon endroit. Parfois, pendant que les flics assiègent nos quartiers, nous essayons d’agir comme nos compas d’Athènes, en frappant à des endroits différents et imprévisibles, pour rappeler aux flics que nous pouvons agir, bouger et frapper là où nous voulons, sans être touché.e.s par leurs tentatives de nous faire peur.

Comme action solidaire, nous avons incendié Centre fédéral des impôts et des finances de Saxe (LSF) ; en faisant cela, nous avons pris soin d’éviter que des vies humaines ne soient mises en danger.

Nous envoyons des signaux de fumée de force et d’amour pour la liberté à nos compas qui luttent pour défendre Exarcheia. Salutations à tous les individus et collectifs qui se battent ! Notre combat doit continuer, que ce soit à Exarcheia, à Connewitz, dans les quartiers nord de Berlin ou ailleurs !

Nous espérons que ces signaux de fumée parviendront aussi aux compas récemment pris.es pour cible dans les opérations terroristes de l’État, à Athènes, en particulier les deux compagnons emprisonnés et le compagnon en cavale ! Aussi aux compas arrêtée.e.s juste hier, pour être descendu.e.s dans la rue le 6 décembre, afin de manifester leur colère suite au meurtre d’Alexis, il y a onze ans.

Liberté pour tou.te.s les prisonnier.e.s !
Vive l’Anarchie !

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