Bataille dans le bocage, bataille pour le bocage

NdAtt. : pour un suivi en direct de ce qui se passe sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, où les jeux sont loin d’être faits, voir par exemple le flux d’infos d’Indy Grenoble, ici (ou via Tor ici, ou en écoutant Radio Klaxon). De notre part on essayera de couvrir surtout ce qui se passe ailleurs, en solidarité, contre « son monde ».

Si notre hostilité face à l’État est inconditionnelle, la solidarité ne saurait cependant pas être aveugle. Ne nous cachons pas donc que ce qui s’est passé ces derniers temps sur la ZAD (cf. ci-dessous le communiqué de la Legal Team et le tract diffusé à Caen) ce sont des pratiques autoritaires, menées par une partie (un parti ?) du mouvement contre l’aéroport pour asseoir son hégémonie sur des récalcitrants. Des pratiques malheureusement pas nouvelles ni exclusives de ces formes-de-vie-là, et qui rentrent parfaitement dans la définition de « son monde ».

 

Communiqué de bilan d’une journée d’expulsion sur la zad et appel général à se rendre sur place pour stopper l’opération

zad.nadir.org / lundi 9 avril 2018

L’après-midi se finit dans un bocage asphyxié par les gaz lacrymogènes après déjà de longues heures de résistance face à la destruction d’habitats et fermes de la zad. Au moins 7 lieux de vie collectifs ont péri, avec leurs divers habitats particuliers brisés, leurs ateliers en miettes, leurs jardins piétinés : planchettes, planchouette, lama fâché, noue non plu, youpiyoupi, 100 noms…

L’invasion policière a trouvé face à elle diverses formes de résistance  : barricades, barrages de tracteurs, mêlées, personnes se hissant sur les toits, chantant, se tenant dans les bras. Dans les champs, face aux gendarmes mobiles et à leur machines de morts, on trouvait des anciens, des jeunes, des voisins, des paysans, des occupants, des camarades de partout. 6 des soutiens mobilisés sur place ont été blessés et 7 personnes arrêtées. Malgré la disporportion des forces en présence, l’absolue supériorité militaire des gendarmes, un peu de ruse et d’imagination a suffi à mettre deux fois le feu à leurs machines. Le dieu de la boue en a embourbé une autre.

A chaque maison expulsée, brisée par les mâchoires des tractopelles, c’est un pan de la vie ici que l’Etat cherchait à éradiquer, et un pan ferme de colère qui se soulevait en nous. Une colère qui s’est diffusée toute la journée à tous ceux qui scrutaient de plus loin ces événements sans avoir pu encore se rendre sur place. Ils seront désormais de plus en plus nombreux dans les prochains jours si l’opération continue. Ils reviendront en masse pour ne pas laisser sans habitat ceux que l’Etat a cru aujourd’hui expulser du bocage…

La destruction du hangar, des serres et de la bergerie des 100 noms, l’évacuation de ses ânes et de ses moutons a achevé de dévoiler l’hypocrisie absolue de la préfecture, y compris sur sa prétention affichée à conserver les projets agricoles. La préfete en profite pour appuyer sur un chantage abject à propos des autres lieux abritant des projets agricoles : abandonnez la vision collective maintenant ou vous connaitrez le même sort et les mêmes destructions. La maison des vraies rouges, les jardins maîraicher et médicinal du Rouge et Noir, et bien d’autres pourraient bien être en ligne de mire demain. En ce qui concerne cette ferme, un référé pour voie de fait va être déposé par Me Hurriet à l’encontre de la Préfecture. Les habitants des 100 noms s’étaient en effet identifiés auprès d’AGO-VINCI et de la préfecture dès 2013, puis de nouveau en 2016 et en 2018. AGO-VINCI l’ont sciemment ignoré et ont bafoué le droit de la manière la plus grossière en refusant de les laisser accéder malgré tout à une procédure nominative d’expulsion. Aujourd’hui encore, l’huissier qui accompagnait l’expulsion de ce lieu a refusé de les laisser accéder au jugement d’expulsion et de leur donner son nom.

Toute la journée de nombreux soutiens se sont déjà manifestés : communiqués et appels de diverses organisations (Sud Rail, Greenpeace, etc), occupation de la mairie à Forcalquier, rassemblements partout en France.

Demain, l’Etat annonce la poursuite des expulsions et de sa volonté d’éradication de l’expérience de la zad. Il faudra les empêcher, s’enraciner, rester. Nous appelons tous ceux qui peuvent à se rendre sur place dès l’aube pour leur faire obstacle. Nous appelons à des mobilisations et réactions déterminées partout ailleurs en france.

La zad restera !

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Bilan non exhaustif de l’équipe médic pour le 10 avril

zad.nadir.info / mardi 10 avril 2018

L’équipe medic nous fait part d’un bilan non exhaustif de cette journée très tendue.

Au moins une trentaine de personnes ont été traitées au point medic du Gourbi, tandis que des équipes mobiles ont pris en charge des blessures légères qui n’ont elles pas été comptabilisées.

2 personnes blessées gravement ont dû être évacuées pour être hospitalisées, et 4 personnes ont été traitées pour des blessures jugées sérieuses.

La plupart des blessures ont été causées par des éclats de grenades désenclerclantes (dont au visage ou au thorax), des tirs de LBD (là encore au niveau thoracique), et des tirs tendus de gaz lacrymogènes. Cette liste ne prend pas en compte l’exposition au très très nombreux gaz lacrymogènes qui ont été tirés toute la journée.

Par ailleurs depuis la fin d’après midi, de nombreux tirs de grenades GLI-F4 (qui avaient par exemple causé la blessure très grave au pied d’un maniestant à Bure en août dernier) ont été remarqués . L’équipe medic signifie sa vive inquiétude pour les jours à venir.

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Deuxième jour à Notre-Dame-des-Landes : Rien n’est fini (et même l’hélico se fait canarder)

Le Parisien / mardi 10 avril 2018

Six opposants blessés selon les occupants, dix gendarmes blessés selon les autorités. Les affrontements se sont durcis mardi entre les zadistes de Notre-Dame-des-Landes et les forces de l’ordre lors du deuxième jour d’expulsions.
Aux grenades assourdissantes et tirs de gaz lacrymogènes, certains zadistes ont riposté par les habituels jets de projectiles (via une catapulte) et cocktails molotov mais aussi, et c’est plus rare, par des tirs de fusées anti-grêle.
Dans une séquence vidéo fournie par la gendarmerie, on voit l’une de ces fusées à visée agricole lancée en direction d’un hélicoptère surveillant la zone. Si l’appareil n’a pas été atteint, une enquête a toutefois été ouverte en flagrance par le parquet de Nantes pour «violences aggravées».
[…] Chargés d’iodure d’argent, les fusées paragrêle sont classiquement tirées sur des nuages menaçant de provoquer la tombée de grêle. Pour résumer, leur explosion transforme un nuage en pluie. […] Selon Ouest-France, des tirs de fusées ont également visé un drone de la gendarmerie.

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NdAtt. : Pour ne pas oublier certaines  choses, avant de parler de solidarité.

Prise de position de la légal team sur les actions de milice à la ZAD.

Indymedia Nantes / vendredi 30 mars 2018

Mardi 20 mars dernier, 5 personnes cagoulées, armées de battes de baseball et de gazeuses ont fait une incursion dans un squat sur la ZAD. Ils ont tabassé les personnes sur place pour embarquer une personne, mains et jambes ligotées, scotch sur les yeux et la bouche. Ils mettent la personne dans un coffre de voiture et repartent aussitôt. Plus loin ils la tabassent encore et lui cassent une jambe et un bras, pour finalement l’abandonner à coté d’un hôpital psychiatrique.

Son tort, c’est d’avoir voulu mener une action contre un projet de l’état qui ne colle pas avec la stratégie dominante dans le mouvement, c’est à dire celle d’inviter la préfète, les flics et les aménageurs sur la ZAD pour négocier avec eux.

On est bien au delà de la phase d’essayer de dire gentillement à certains groupes qu’ils vont trop loin, des remises en question, etc. Pour autant on trouve ça aussi craignos qu’il n’y ait quasi pas de prises de position après cette opération dégueulasse d’aspirants flics. Pour comparaison, quand des journalistes invité.es par l’ACIPA se sont pris un peu de compost, une boulangerie s’est mise en grève, les assemblées ont du déménager, l’internet d’un lieux a été coupé, etc…

Une partie du mouvement veut essayer de gagner des points auprès de l’état en faisant le travail des flics. Des offrandes dont ils croient qu’elles vont motiver l’état à donner des cadeaux à son tour. Cette opération montre que la répression d’où qu’elle vienne, revient grosso modo à la même chose :

On cherche à punir celleux qui dérangent. On cherche à menacer celleux qui pourraient vouloir le faire. On profite de l’impunité policière en faisant partie des groupes dominants, avec le plus de moyens et la meilleure organisation. On défend les intérêts de l’état et des citoyens privilégiés avec de la violence et des rapports de force.

Un nombre important de personnes peuvent être gênantes pour le pouvoir, par contre la répression est adaptée à la classe sociale. Les personnes trop connectées, trop bien vues, on ne va pas les mettre à l’hôpital pareil, juste des coups de pression, des insultes, du mépris, … Par contre une personne plus vulnérable, on se permet. On reproduit même l’aspect classiste de la répression d’état. En plus, on s’est permis de faire le procès de la victime le soir même dans l’assemblée du mouvement.

En déposant la personne devant un hôpital psychiatrique, on rajoute une touche de validisme. C’est bien la place pour les personnes qui dérangent. Qu’on expose une personne ainsi au risque de se faire placer en HP sous contrainte, par exemple si elle avait eu des antécédents psychiatriques, ils en ont forcément rien à foutre, voir ça les aurait arrangé.

Les forces réactionnaires dans toute leur splendeur. Ce qui est hallucinant, c’est qu’il y en a toujours qui prétendent que sur la ZAD on essaie de s’organiser sans faire recours à la police et la justice. Que ici on fait commune, que ici on est révolutionnaire.

Pour la légal team, cet acte représente ce contre quoi nous avons toujours lutté. On rappelle qu’un mouvement de lutte n’est pas à l’abri des rapports d’inégalités, les oppressions et leurs aspects mêmes les plus violents, et on vous invite à réfléchir et agir pour éviter dans d’autres luttes que certains prennent le dessus pour rétablir le pouvoir des classes dominantes, et du coup, de l’état.

– La légale team
– Copain des Bois

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Feu sur le périphérique de Nantes

Indymedia Nantes / lundi 9 avril 2018

Il suffira d’une étincelle …

Nous sommes étudiants. Nous sommes cheminots. Nous sommes occupants de la ZAD. Nous sommes sans-papiers. Nous sommes organisés au sein de l’Association Française pour la Gréviculture, parrainée par la République En Marche.

Pour célébrer la première journée internationale de la gréviculture, ce lundi matin, nous avons transformé le bitume du périphérique nantais en grand feu de joie, créant un gigantesque bouchon en heure de pointe. Histoire de placer un Big Up aux grévistes du rail, aux étudiants qui bloquent les facs et aux barricadiers de Notre-Dame-des-Landes.

Nous appelons tous les gréviculteurs à multiplier les blocages pour paralyser le pays. Nous sommes partout. Nous sommes taquins.

Commando Nicole

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Paris : On a perdu … La zad est vaincue ?

Indymedia Nantes / mardi 10 avril 2018

Récit parisien, subjectif et partial de cette première journée d’expulsion.

Lundi. Il pleut sur Paris. Ce matin, 2500 hommes en armes ont envahit un petit bout de bocage nantais, d’autant plus insignifiant que les bétonneurs l’ont finalement déserté.

Il est 18 heures. Le rendez-vous à Belleville est aussi triste que le type de la France insoumise qui dresse une barricade, désolé que les radis-co n’aient pas le cœur à la fête. Car si la « victoire » de certain-es laissait des perdant-es, la défaite de tou-te-s nourrit une rage sourde, qui ne sait pas exploser faute d’initiatives, et à cause d’un dispositif policier lointain mais présent. Un tour de la place, un tour en métro, et une balade en direction de Tolbiac, nous voilà en assemblée, nombreu-x-ses et determiné-es comme rarement ces dernières années.

Les orgas sont inexistantes ou invisible(s), et les discours creux sur la fameuse « convergence des luttes » sont ponctués d’Appels aux Amis à s’indigner car les 100-noms, eux, avaient un projet agricole et n’étaient pas légalement expulsables. Trop Inzuste !

Mais un grondement sourd et chaotique appelle à sortir maintenant et répondre directement aux expulseurs.

Lundi soir. La nuit est belle. Depuis ce matin, le periph’ nantais a été bloqué par le feu, des manifs et rassemblements ont eu lieu dans de nombreuses villes, les gendarmes ont eu chaud dans deux véhicules (11h20) , un autre a failli perdre un oeil, Un drone-journaleux a été abattu, une pelleteuse a été embourbée avant d’avoir pu finir sa sale besogne…

Il est un peu moins de 23 heures les portes de Tolbiac s’ouvrent. Sont restées lettre morte les appels à être raisonnables, le comptage forcé des motivé-es pour expliquer que, bien sûr, l’on était trop peu, en somme les ficelles politiciennes pour tenter de récupérer les énergies présentes.

Certain-es espèrent retrouver le sac du paveur des gobelins, i.elles trouveront des morceaux d’échafaudage de l’un des nombreux chantiers présents dans ce quartier nouvellement gentrifié. Pas de flics, les poubelles sont renversées, les bruits sourds des coups se font entendre suivis du fracas du verre en miette. On est 500, 200, 400 ? Peu importe, un fumigène est allumé, quelques slogans gueulés, on est deter ! Les grandes banques du quartier de la gare ( le siège de natixis !), la chambre du commerce, le « mobilier urbain », des autolibs… Les vitres sont défoncées en masse et des tags bien sentis accompagnent les dégâts. « collabo des expulsions » sur un Ibis, « ZAD partout, état nulle part », « aménageurs on vous saccage »… Il est quasiment minuit et la dispersion avant la gare d’Austerlitz avec les bleus en arrière plan se déroule sans accrocs.

Il pleut de nouveau. L’euphorie de la défaite est palpable.

Il n’a jamais seulement été question de défendre la ZAD, d’empêcher l’ex-futur-aéroport, mais surtout de s’atteler à détruire le monde qui va avec.

Un-e participant-e

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Caen : Quand Lama faché, lama cracher.

Indymedia Nantes / mardi 10 avril 2018

Ce texte a été distribué un première fois lors de la manif du 31 mars dernier contre toutes les expulsions à Caen. Nous l’avons distribué à nouveau ce lundi soir alors que quelques 200 personnes ont arpenté les rues avec une belle énergie avant de rejoindre une gare SNCF vide et sans trains au départ. Les flics se sont fait discrets.

Nous souhaitions en distribuant ce texte manifester notre solidarité face aux expulsions en cour dont la première de Lama faché. Mais en même temps signifier d’où cette solidarité s’exerçait et comment elle n’était pas dupes des jeux de pouvoir sur zone, et des appetits de composition qui tracent leur chemin à la ZAD comme dans bien d’autres villes…

Enfin ce texte écris fin mars ne rend pas compte de l’agression qui s’est passée sur la ZAD ces derniers jours.

Quand Lama faché, Lama cracher !

« Tous les partis, les syndicats, Et leur bureaucratie, Oppriment le prolétariat, Autant que la bourgeoisie. (…) » Comité pour le maintien des occupations (CMDO) [l’original pas la copie] La commune n’est pas morte, juin 1968

LE 17 JANVIER DERNIER, le gouvernement Macron décide  de mettre un terme au projet d’aéroport de Notre-Dames-des Landes. Une fois n’est pas coutume, un projet d’envergure est stoppé par ses opposant-e-s. Inutile de préciser que Manu n’est en rien conquis par les vertus d’un bocage débarrassé de ces masses de béton. Ses amitiés et ses intérêts sont tout autres. Seulement, il y a là une occasion stratégique à saisir, celle de désarmer un mouvement de solidarité qui habite davantage qu’un bocage : des vies et des imaginaires. Et ce en normalisant un espace où s’enracinait un lutte remettant en cause, pour nombre de ses protagonistes, bien davantage qu’un aéroport.

Malheureusement, et comme il est souvent de coutume en de telles circonstances,  certaines franges du mouvement ont décidé de répondre positivement à cette normalisation. Dans les heures qui suivent l’annonce gouvernementale l’Assemblée du mouvement décide autoritairement de plier aux recommandations de la préfecture en ouvrant la voie à une occupation militaire du site, en acceptant de débarrasser de ses chicanes la D281. Et ce en expulsant, contre des habitant-e-s, deux cabanes occupées ponctuellement ou plus durablement. Rapidement, des troupes de gendarmes mobiles prennent possession des lieux. Drones, appareils vidéos et micros directionnels envahissent le paysage.

Si cette même Assemblée a, dans un texte en 6 points , affirmé vouloir maintenir l’unité des composantes en lutte, s’opposer à toutes les expulsions et prendre en charge l’avenir du mouvement, ses premiers gestes auront été d’une part de « libérer » une partie de la ZAD et de l’offrir à son nouveau partenaire, l’Etat ; et d’autre part de négocier avec le pouvoir. Le 19 mars, l’Assemblée appelait ainsi à un rassemblement pour soutenir « une délégation intégrant l’ensemble de ses composantes – habitant.e.s, paysan.ne.s, élu.e.s, naturalistes, voisin.e.s. » représentant paraît-il l’ensemble du mouvement. Le vieil adage qu’en Politique il faut avant tout juger les actes plutôt que les paroles s’applique une nouvelle fois…

LORSQU’EN 2012, L’ETAT ORDONNE de lancer l’opération César contre la ZAD, il ne se doutait pas tomber sur un os. En quelques jours l’évacuation s’embourbe dans cette zone humide avant que quelques 50000 personnes ne décident de réoccuper les terres, et de construire des cabanes. Cette journée, où les militants et militantes politiques, associatifs et syndicaux étaient invités à ranger leurs drapeaux respectifs, marquait la prélude d’une résistance massive et déterminée, le fameux « kyste » décrit par Manuel Valls.

Dans ce coin, il y a eu de nombreuses luttes dans le passé, des liaisons entre paysans et ouvriers de 68 aux luttes antinucléaires contre les centrales du Carnet et du Pellerin. Les complicités fragiles mais riches, qui ne manquèrent pas de se tisser, s’enracinaient dans les luttes passées, tout autant que dans un fort sentiment de résistance aiguisé dans des occupations débutées quelques années plus tôt.

Seulement, au fil des ans et du succès de cette lutte, les complicités légitimes tissées dans cette résistance ont fini par laisser place à une manière stratégique et instrumentale de se rapporter à la lutte : la composition.

CONTRAIREMENT A L’IMAGE QUE CERTAIN-E-S n’ont eu de cesse de véhiculer, les conflits ont toujours existé sur la ZAD et dans le mouvement contre l’aéroport. Les conflits du quotidien dans la manière de vivre l’occupation entre éleveurs et anti-spécistes, entre antiféministes et féministes, etc. Mais également dans les manières de vivre la lutte entre partisan-e-s de l’action directe et de la désobéissance, entre institutionnels et autonomes, entre assembléistes et affinitaires,  entre médiatiques et anti-médiatiques, entre « contre l’aéroport » et les « contre ce monde ».

Ce qui se vit là-bas s’est construit sur la juxtaposition des logiques. Le slogan  contre les grands projets inutiles recouvrait dès l’origine des intentions et des modes opératoires totalement opposés. L’extrême-gauche y voit une gabegie économique ; EELV un projet peu compatible avec leur vision du capitalisme vert ; les agriculteurs, des terres qu’on leur vole ; les primitivistes, une atteinte à une nature sanctifiée ; et certains radicaux, un des nombreux aménagement de nos existences par le capital et l’Etat. Les trois premiers  espèrent un aménagement du territoire par l’Etat et le capital plus à même de correspondre à leurs désirs, les deux derniers veulent pour des raisons parfois peu compatibles en finir avec l’aménagement du territoire. Par ailleurs certain-e-s sont des gestionnaires, les autres promeuvent horizontalité et auto-organisation.

Ce qui tenait tout le monde ensemble c’est que chacun et chacune a toujours eu besoin de l’autre pour que la lutte continue. L’ACIPA des zadistes pour occuper les terres vouées à la destruction, les zadistes des agriculteurs et des organisations pour leur servir de bouclier et légitimer leur lutte. Les rapports qui nouent les groupes entre eux ne sont plus dès lors que des rapports de dépendances réciproques qui les lient sur un mode instrumental. Même si bien évidemment la lutte et la vie recèlent des moments beaucoup plus chouettes.

Derrière l’image d’unité qui est véhiculée, se terrent des antagonismes profonds qui ne demandent qu’à resurgir à chaque fois que l’occasion se présente comme lors d’un caillassage de flics. Il y aura toujours alors un Julien Durand de l’ACIPA pour dénoncer dans la lignée de Bové ou de Mélenchon, les dangereux irresponsables peuplant le bocage voué à destruction, ou une équipe des Verts pour singer l’ouverture d’une maison équipée de bottes achetées la matin même à Montparnasse. Ce qui ne manqua pas d’arriver à bien des reprises comme lors de la manif de Nantes de février 2014 où l’on vit un Julien Durand, porte-parole de l’ACIPA, jouer les contorsionnistes en se dissociant de la casse tout en évitant de condamner les casseurs, bref marquer sa désapprobation  tout en cherchant à maintenir l’unité avec les occupants et occupantes de la ZAD dont il avait encore besoin. Dans les mois qui suivent l’entreprise de pacification consistera à refuser toute nouvelle manif à Nantes. Injonction à laquelle ne manquera pas de répondre une partie des « zadistes ».

Cette composition s’organise autour de composantes qui empilent les acronymes. L’ACIPA est une des associations historiques des anti aéroports. La coordination des opposants qui réunit les organisations. Le COPAIN réunit les agriculteurs principalement liés à la Confédération Paysanne. Enfin, l’Assemblée de mouvement, initiée par des occupant-e-s.

« Pendant longtemps, c’est resté un endroit de débat et de mise en commun des idées et projets des différents bords, sans prétendre y décider de façon unitaire. Pour moi, le « mouvement » était lié à cet espace créatif où différentes tendances s’informent et se répondent, s’affirment et se critiquent, et sans renier leur autonomie d’initiative. Je crois que c’est ça que certains ont commencé à appeler « composition », en tous cas moi c’est là que j’entends ce mot pour la première fois. Sur le coup, j’ai pas fait trop gaffe, ça parlait du « mouvement » et de ses « composantes ». Plus tard, je me suis dit que le concept de composition ressemblait plutôt à une manière de pacifier la situation, d’en parler en mots séduisants sans laisser apparaître le conflit et la contradiction. Bref de nous endormir quoi. Jusqu’à appauvrir cette ébullition en cherchant sans arrêt une « voie du milieu », et que dans « mouvement » on finisse par oublier la diversité qui surprend pour en faire une masse qui bouge « tous ensemble ». 

Témoignage, Le mouvement est mort vive… la réforme !, Une critique de la composition et de ses élites, Février 2018, par un groupuscule insignifiant.

IL NE MANQUE JAMAIS D’AUTOPROCLAMES STRATEGES révolutionnaires ou réformistes  pour  au nom de l’unité, du pragmatisme, de l’urgence imposer une direction et une unicité au mouvement. Des chefs ont fini par se dégager au sein même des occupant-e-s, mobilisant leur force matérielle, leurs réseaux, leur puissance… non pas seulement au profit de l’ensemble de la communauté, mais pour structurer une hégémonie idéologique sur la zone et la lutte. Ils et elles ont condamné au côté des « institutionnels » des actions… comme l’attaque d’une voiture de journaliste. Mais également celle, à l’aide d’un jet de purin, d’une conférence de campagne électorale de la France Insoumise à la Vacherie, lieu occupé de la ZAD. Leur vision de la composition  signifie faire taire les divergences et imposer une discipline de mouvement.

A la manœuvre, le Comité pour le maintien des occupations (CMDO) et quelques complices, pompeusement baptisé de la sorte en référence à son ancêtre situationniste de 68. Ancêtre qui ne manquait pas à l’époque de marquer une distance rédhibitoire avec l’ensemble des bureaucraties syndicales et gauchistes. Dans ce comité de vieilles gloires de l’autonomie qui n’hésitent pas à jouer les portes paroles médiatiques, à activer des complicités avec les bureaucrates de tous poils, à accepter le jeu de la négociation avec l’Etat. Bref, à devenir des gestionnaires de lutte.

Ces mêmes gloires, du fait de leur origine de classe, monopolisent les ressources et les discours, disqualifient systématiquement leurs adversaires, les insultent, les menacent. Les derniers incontrôlables qui n’avaient pas encore déserté les Assemblées du mouvement, finissent par s’en barrer, écœurés.

LA COMPOSITION FINIT PAR MONTRER SES LIMITES une fois l’objectif atteint ou la lutte défaite. Si un texte en 6 points revendique officiellement la gestion de la ZAD par une instance issue du mouvement, les composantes du mouvement cherchent pour l’essentiel la négociation. Pour autant, pour le moment l’Etat ne lâche rien.

Une Assemblée des usages avait marqué depuis quelques mois ce soucis de penser l’après aéroport. Sur ce terrain, certains comme l’ACIPA ou le COPAIN avaient de l’avance. La proximité de nombreux et nombreuses de leurs protagonistes avec des anciens et anciennes du Larzac leur permet d’agiter quelques vieilles recettes. Celles d’une zone normalisée, sous bail STCL avec l’Etat, cogérée par la confédération paysanne et les écologistes d’Etat. C’est cette option que défend d’ailleurs José Bové militant EELV, ami d’Hulot et de Julien Durant de l’ACIPA,   et ancien du Larzac en janvier dernier.

La normalisation de la D281 marque l’emprise de cette stratégie. Habitué à son hégémonie le CMDO ne prend à cette occasion même plus soin des formes, et ne s’appuie même plus sur un vote d’Assemblée. Les jours qui suivent, quelques 200 personnes démontent les barricades non sans bousculer les quelques récalcitrant-e-s qui refusent la décision, devançant à cette occasion le travail de maintien de l’ordre. Lama Faché, une cabane sur la route, est démonté. Certain-e-s le reconstruiront plus loin. Depuis l’Assemblée de lutte qui ne représentent plus qu’une partie, certes sans doute majoritaire des occupant-e-s et des gens en lutte, tente de négocier.

Pour maintenir l’unité, les idéologues de la composition auront rompu l’unité de ceux et celles pour qui cette lutte visait autre chose que conquérir une ferme ou un champ  négocié avec l’Etat. Comme quoi cette lutte nous aura rappelé que les « Amis » ne sont pas forcément des amis, les COPAIN pas forcément des copains.

Tout cela nous aura remis également en mémoire qu’une forme ne peut à elle seule assurer une horizontalité. Certain-e-s qui ont pourtant toujours détesté les Assemblées les ont investies. Non pour les potentialités de liberté et d’auto-organisation qu’elles pouvaient offrir, mais au contraire pour les logiques de gouvernement,  de contrôle et de soumission qu’elles pouvaient ici promettre. Si nous restons pour notre part attaché aux Assemblées, c’est pour de toutes autres raisons : nous coordonner, pouvoir exposer les jeux de pouvoir de bandes ou de groupes, éviter de nourrir les postures narcissiques de groupe, etc. Bref pour leur potentialité anti-autoritaires.

LA COMPOSITION EST A L’AUTO-ORGANISATION ce que les chaînes sont à la liberté. Nous avons pour notre part toujours défendu les associations d’individus dans des assemblées de lutte, des collectifs, contre la composition stratégique entre organisations ou bandes. Nous sommes de ceux et celles qui ont toujours refusé de cosigner des textes avec des organisations, et pas seulement « politiques ».

L’empilement d’acronymes n’est pas une identité et une force autonome, mais n’exprime au contraire que la soumission à des états-majors. C’est un peu comme s’il y avait une inquiétude à la décomposition de la gauche, qui n’a jamais été qu’une facette de la soumission, qu’il faudrait aider à remettre sur pieds, voire y participer. Composer, c’est jouer un rôle, se grimer en vue d’élaborer un front large. C’est bien porter ses activités à partir d’une approche essentiellement stratégique et non d’un rapport éthique. Et surtout, tout cela ne produit que dépossession, et des espaces où chacun et chacune est sommé de suivre la voie déjà tracée, plutôt que de chercher à nouer des complicités et construire du commun sans taire les divergences et les réalités personnelles différentes. Composer c’est pour l’essentiel renouer avec la vieille tradition Politique dans ce qu’elle a de plus sordide.

Aujourd’hui cet appareil idéologique de milieu semble avoir pris comme une fièvre. Des assemblée de luttes sur les demandeurs d’asile peuvent recevoir une sénatrice EELV jadis alliée de Valls à visiter ses squats, des collectifs anti-répression penser à informer une union locale CGT qui avait condamné les casseurs en 2016 de ses activités, la Maison de la grève accueillir Houria Bouteldja, des membres du cortège de tête parisien protéger des locaux d’Emmaus, complice de la machine à expulser… Il faut dire que pour d’autres ça fait déjà quelques temps qu’ « élu-e-s des « territoires qu’ils et elles habitent », jeudi ça peut être zbeul, et le lundi Conseil Municipal ».

Ce que l’idéologie de la composition répand c’est une discipline de milieu privilégiant les liens avec la gauche syndicale, politique et associative à toute radicalité effective. Le spectacle ritualisé de l’action directe sous contrôle servant tout autant à assouvir les pulsions activistes et les affects guerriers qu’à entretenir une image  faussement insurrectionnelle. Le spectacle de la contestation plutôt que la contestation du spectacle.

Comité El Condor passa.
Caen, mars 2018.

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Toulouse en soutien à la ZAD

IAATA / mardi 10 avril 2018

Partie de Arnaud Bernard, 200 à 300 personnes se sont promenés dans les rues du centre-ville, entre la place St Sernin et le Capitole. Des poubelles renversées (plein), des vitrines de banques pétées (3 ? 4 ?), des tag ici ou là. Au croisement Alsace-Lorraine et Boulevard de Strasbourg, la flicaille a balancé des lacrymos, une grenade de desencerclement et a tapé au corps à corps. Plusieurs bléssé-es, une personne desarrêtée et une personne arrêtée (à confirmer). Grenade lacrymo en plein visage pour une autre, oeil ok. Violences et insultes racistes, mysogines…
Plus tard, la bac se lâche avec des contrôles identités et prises de photos de personnes plaquées à terre.
Dommage que les keufs aient pu si facilement nous disperser alors que nous étions nombreux-ses et déter.

Continuons à les harceler !

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Rennes : « La Zad vaincra » : compte-rendu de la manif du 9 avril en réponse au début des expulsions

Expansive / mardi 10 avril 2018

[…] À 18h, nous sommes 200. Les gens discutent, se donnent les dernières nouvelles de la ZAD, se tiennent chaud. Le ciel est clair, et l’on sent que le printemps est déjà entamé. Le temps passe, tranquillement, et une heure plus tard, nous nous trouvons plus d’un millier. Mine de rien, Sainte-Anne s’est remplie, et l’on y croise toutes sortes de personnes, toutes sortes de drapeaux, mais une même volonté commune, celle de répondre à l’attaque en règle menée contre l’espoir que porte la ZAD, et de défendre notre victoire si chèrement acquise.

Après une longue intervention venant faire le bilan de la journée, et exposant les différents rendez-vous des jours à venir pour mettre la pression sur l’État, les premiers slogans fusent, qui ponctueront toute la manifestation. « La ZAD vivra / la ZAD vaincra / ce qu’ils détruiront / nous le reconstruirons », « Et la ZAD elle est à qui ? Elle est à nous ! », « Le 15 avril dans les champs / pour que l’État déchante », « Monte une équipe de zadistes / démonte une équipe de fascistes », ou encore « Zad partout / police nulle part ». Autant de scansions qui viennent rythmer le cortège qui commence à s’ébranler.

Nous savons la police présente massivement, tout autour de la place. Nous décidons de nous engager dans la rue d’Échange, encore libre, pour essayer de rejoindre la Place des Lices par la rue de Dinan. Au bout de laquelle nous attendait l’inévitable compagnie de CRS, bien déterminée à ne pas nous laisser pénétrer dans ce beau centre-ville, « poumon commercial » de la ville si chère à nos élu.e.s, de peur, peut-être, que nous ne l’égratignions. Pourtant, si nous avions dès le départ fait le deuil de toute possibilité de défiler dans le centre, nous n’en avions néanmoins pas dit notre dernier mot. Remontant la rue de Dinan, puis la rue Legraverend, nous nous sommes engouffré.e.s sur le boulevard de Chézy, à contre-sens, pour retrouver, une nouvelle fois, la route barrée par les mêmes CRS. À notre approche, l’un d’entre eux s’est passablement distingué par le lancer, fort maladroit, de deux grenades lacrymogènes qui nous firent doucement refluer.

En ces temps de luttes sociales intenses dans de nombreux secteurs, nous avions décidé d’un petit clin d’oeil à nos camarades cheminot.e.s en grève. Ainsi, le cortège a remonté le boulevard du 42e Régiment d’Infanterie pour se diriger vers les rails de la halte ferroviaire toute proche. À l’aide du téléphone de service, nous avons fait savoir notre intention de nous engager sur les voies, forçant ainsi une coupure générale d’électricité sur le réseau ferroviaire et arrêtant les quelques trains impudents qui auraient eu le front de vouloir encore circuler par jour de grève. Si une partie du cortège s’est engagée sur les rails, un certain flottement s’est fait sentir, et il a bien fallu se rendre à l’évidence que la majorité des présent.e.s n’étaient pas vraiment à l’aise avec l’idée d’une gentille promenade sur ballast. Après avoir amoncelé divers matériaux de chantier sur les voies, histoire de retarder un peu plus la reprise du train-train quotidien, nous sommes reparti.e.s.

Direction le Mail, cette fois-ci, pour remettre une nouvelle fois la pression sur le centre-ville. Au bout de celui-ci, une importante ligne de CRS nous attendait de pied ferme, barrant la route vers la place de Bretagne et République. Pourtant, nous nous sommes une fois de plus approché.e.s. Sans sommation, les flics ont de nouveau tiré des gaz lacrymogènes dans notre direction. Nous avons ainsi reflué, puis ravancé, puis reflué de nouveau pour ravancer encore, chaque fois un peu plus hardi.e.s. On raconte que quelques projectiles auraient fusé vers les pandores, toujours sous les chants et les slogans. Une petite charge en notre direction acheva de nous convaincre que nous n’étions décidément pas de taille à engager un affrontement direct ce soir-là, et nous a rappelé que nous préférions rentrer tou.te.s sain.e.s et sauves, sans arrêté.e.s ni blessé.e.s. Un coup de matraque à la tête, provoquant une entaille superficielle du cuir chevelu, fut néanmoins à déplorer.

Afin d’assurer d’une dispersion en bonne et due forme, le cortège s’est ensuite dirigé vers l’université de Rennes 2, où nous savions pouvoir trouver repos et amitié, notamment grâce à la présence de l’amphi B7 occupé. Nous nous sommes ainsi quitté.e.s, fatigué.e.s, avec toujours la rage contre ce déversement de flics enserrant nos vies et nos luttes sans sembler avoir de fin, mais joyeu.x.ses d’avoir vu tant de monde répondre à l’appel de la ZAD. L’espoir qu’elle dissémine semble être contagieux, même dans ces moments durs, et nous sommes reconnaissant.e.s envers ces foules hétéroclites qu’elle semble faire éclore un peu partout. Nous savons que nous nous retrouverons, bientôt, car la semaine est loin d’être encore finie !

Pour rappel, ce mardi, à 18h, aura lieu à l’université Rennes 2, probablement dans le bâtiment B, une assemblée pour déterminer collectivement les suites à donner à la défense de la ZAD depuis Rennes. Expansive.info se fera le relais des nouvelles dates et propositions, alors consultez-le sans modération. De plus, un point info sur la situation sur place et un espace pour recueillir des dons en direction de la ZAD se tiendra tous les jours à la Maison de la Grève, 37 rue Legraverend, à partir de mercredi.

Et bien sûr, faisons en sorte d’être nombreu.x.ses, visibles, et redoutables pour les deux grands rendez-vous de ce week-end : le samedi, à 14h30, place du Cirque à Nantes, et le dimanche, pour la manifestation de réoccupation et de reconstruction sur la zone (plus de détails dans les jours qui viennent).

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Dijon : Vous ne pouvez pas aller tous ensemble au même endroit !

Dijoncter / mardi 10 avril 2018

Récit du rassemblement de réaction à l’expulsion de la zad de Notre-Dame des Landes.

C’est alors que nous nous retrouvîmes corps et âmes devant la préfecture maudite de Dijon ville.
Nous étions environ 300.
Pour soutenir la zad de Notre-dame des Landes en proie à la bleusaille.
Nous étions énervé·es, mais aussi heureux·ses d’être aussi nombreu·ses, d’horizons si différents.

Après moultes prises de parole, des Lentillères, des étudiant·es, et d’un texte de la zad,
la police a fait face à notre énergie et à notre envie de rejoindre la Carotterie pour organiser la suite et faire des plans machiavéliques.

Quand on part,
Le commissaire : « Vous ne pouvez pas vous déplacer tous ensemble ! »
On lui explique qu’on va tous au même endroit…
Le commissaire : « Vous n’avez qu’à vous déplacer par groupe de 10 sur les trottoirs, bien pliés, bien rangés. »
On dit non.

Un ravagé du comité traduit les paroles du flic : Alors ce qu’il faut faire, c’est passer le barrage de flic par groupe de dix, et se retrouver au bout de la rue !
Les flics se sentent un peu cons… Y’en a aussi qui se marrent de leur propre bêtise.

Tout d’un coup le barrage devient une passoire.
Nous nous glissons entre les flics « par groupe de dix ».
Le blocus étant levé, ce ne sont pas 5 mètres qui sont parcourus avant que nos corps se rejoignent pour partir en cortège jusqu’à la Carotterie.

C’est alors que l’orage éclata. Nous crions « L’orage arrive, l’insurrection aussi ». Les deux équipes de bac qui nous collaient aux basques sont rentrées dans leur caisse pourrie, on peut dire que ce sont des poules mouillées.

Zad vaincra, zad vivra, o li o li o la,

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A Forcalquier (Alpes-de-Haute-Provence), 50 personnes ont occupé, le 9 au soir, la mairie, où siège Christophe Castaner, responsable du « parti » d’Emmanuel Macron. (source : Marseille Infos Autonomes)

A Châteaubriant (Loire-Atalantique), 70 personnes en plein conseil municipal, le 10 avril, avec une banderole « arrêt des expulsions sinon on part pas ». (source : le suivi d’Indy Grenoble)

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