Budapest (Hongrie) – Procès des antifas : compte-rendu de la première audience

Budapest Antifascist Solidarity Commitee / samedi 3 février 2024

Leipzig, début janvier : « Vous pouvez briser nos portes, mais jamais nos volontés »

Lundi 29 janvier a eu lieu la première audience du procès contre les antifascistes arrêtés à Budapest le 11 février 2023.
Comme prévu par la loi hongroise, au cours de l’audience le parquet a présenté ses requêtes de condamnation. Pour Ilaria, sous enquête pour deux agressions, avec les circonstances aggravantes d’avoir agi tout en étant à connaissance de l’existence d’une organisation criminelle et d’avoir commis un acte possiblement mortel, face à une peine maximale possible de 16 ans, le parquet a demandé une condamnation à 11 ans.
Pour Tobias et l’autre camarade allemande, accusés de faire partie d’une association de malfaiteurs, face à une peine maximale de 5 ans, le parquet a demandé des condamnations à 3 ans et 6 mois.

Selon le droit hongrois, au début du procès les inculpés doivent choisir : soit se déclarer innocents et affronter un procès normal, soit reconnaître sa propre culpabilité. Dans ce dernier cas, la peine maximale que l’inculpé peut encourir est celle demandée à cette occasion par le parquet.
Ilaria s’est déclarée innocente et, à la demande du juge d’indiquer des éléments à sa décharge, elle a fait remarquer qu’elle ne pouvait pas se défendre parce qu’on ne lui a jamais fait parvenir le dossier judiciaire traduit et elle n’a pas non plus eu accès aux vidéos et aux photos présentés par le parquet comme preuves pour la mettre en état d’accusation.
La camarade allemande, qui se trouve actuellement en Allemagne, soumise à un contrôle judiciaire, s’est déclarée innocente. Son avocat a demandé que son contrôle judiciaire soit levé, ce qui a été refusé.

Tobias a choisi de se déclarer coupable, tout en contestant la peine demandée par le parquet, c’est-à-dire trois ans et six mois à purger dans une prison de sécurité maximale. Après s’être retiré pendant quelques minutes pour évaluer la situation de Tobias, le juge a émis à son encontre une condamnation à trois ans, à purger pour les deux tiers dans une prison de sécurité maximale, en plus d’une interdiction de revenir en Hongrie pendant cinq ans après avoir purgé sa peine. Le parquet, qui considère cette condamnation comme trop légère, a fait appel de la sentence.
A ce point, le parcours judiciaire de Tobias se sépare de celui des autres inculpées et l’audience en appel pour lui aura lieu en octobre.

Il est important de souligner que, malgré l’admission par Tobias de l’existence d’une association de malfaiteurs, il y a encore de la place pour la défense des deux autres inculpées.
Pendant l’audience, les avocats défenseurs ont dit qu’ils appelleront à la barre plusieurs témoins, dont le médecin qui a rédigé les certificats médicaux des personnes agressées, dans le but de démontrer l’absence de danger de mort, et l’expert en anthropométrie consulté par le parquet, dont l’expertise est considérée par la défense comme insuffisante.
La prochaine audience pour Ilaria et la camarade allemande a été fixée pour le 24 mai.

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Mise à jour du 9 février 2024

Début du procès à Budapest

Budapest Antifascist Solidarity Commitee / jeudi 8 février 2024

Prise de position du groupe de soutien de Leipzig

Le procès de trois antifascistes a commencé le 29 janvier, devant le tribunal de la ville de Budapest. Ils/elles sont accusé.es d’avoir participé à des affrontements dans le contexte du « Jour de l’honneur ».

A l’occasion de l’audience préliminaire de ce jour, la « possibilité » a été donnée aux inculpé.es d’accepter les chefs d’inculpation et d’obtenir ainsi une procédure accélérée.

Cela a été accepté par une personne.

Nous avons déjà abordé à plusieurs reprises les conditions de détention inhumaines dans les taules hongroises. Les récits de la camarade italienne nous laissent entrevoir à quel point la situation doit être terrible aussi pour l’autre détenu. En dehors de cela, on arrive, après des mois d’impuissance, à obtenir un peu de capacité d’action politique. Nous pouvons donc comprendre humainement cette décision.

Néanmoins, nous ne voulons pas taire le fait que nous considérons ce choix comme erroné d’un point de vue politique. Les conséquences pour lui et pour les deux autres inculpées sont imprévisibles pour le moment et nous pensons que rentrer dans une coopération avec le parquet ne doit jamais être une option.

Le fait qu’il ait décidé de suivre cette voie témoigne d’autant plus de la manière dont l’appareil judiciaire hongrois travaille et essaye de nous briser.

Nous continuons à nous montrer solidaires des accusé.es et nous souhaitons également beaucoup de force sur leur chemin à tou.tes les antifas qui sont recherché.es. Où que vous soyez, nous sommes toujours avec vous !

FreeAllAntifas 

Complément : nous attirons ici l’attention sur le fait que l’accusé [qui a accepté de se déclarer culpable ; NdAtt.] ne s’est pas excusé de ses actions devant le tribunal, comme le prétend une partie des médias allemands ! Cette allégation a été reprise sans esprit critique des journaux hongrois !

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