Italie : Après la campagne en solidarité avec Alfredo, la répression se fait sentir

Sardaigne/reste d’Italie – Mot d’ordre : punir l’anarchisme et la solidarité

La Nemesi / vendredi 5 mai 2023

Mot d’ordre : punir l’anarchisme et la solidarité
La loi contre les anarchistes / les anarchistes contre la loi

Nous venons d’apprendre que ce matin, le 5 mai, 70 compagnons et compagnonnes ont reçu la notification non pas du plus ou moins connu poème de Manzoni [« Il cinque maggio » ; NdT], mais du procès-verbal du commissariat central de Nuoro – DIGOS, avec un « Avis de fermeture de l’enquête préliminaire et information de garantie », avec 26 chefs d’accusation issus du code pénal, en lien avec les initiatives qui ont eu lieu à partir du 29 octobre dernier, jusqu’au 22 janvier de cette année : du coup il y a aussi celles du 4 et du 27 décembre et celles du 1er et du 15 janvier. Ces initiatives ont eu lieu dans la ville de Sassari et aux alentours de la « nouvelle structure infernale » de Bancali, en soutien à la lutte contre l’article 41-bis du règlement pénitentiaire et la peine de réclusion à perpétuité avec période de sûreté illimitée, une lutte commencée par le compagnon Alfredo Cospito, avec sa grève de la faim, qui a rencontré la solidarité d’autres détenus et détenues, en Italie et ailleurs.

Les chefs d’accusation, pour la plupart ridicules – on accuse même les compagnons et les compagnonnes ayant utilisé un micro d’avoir… parlé au micro – mais pas du tout inconsistantes, dans l’ensemble des projets du pouvoir institué, qui a désormais l’habitude bien attestée d’imposer tout type de mesures restrictives de la liberté, avec les prétextes les plus balourds, dans le but de paralyser quand même les activités des anarchistes. En mettant ainsi en évidence la volonté paroxystique des institutions politico-fliquesques et de la justice d’essayer de fermer définitivement la bouche à ceux et celles qui ne veulent pas du désastre que leur système impose partout.

L’intensification des luttes est la meilleure réponse à leur barbarie.

Compagnons et compagnonnes anarchistes, solidaires dans la rage

*****

Bologne : Ouverture d’une enquête pour des actions et initiatives en solidarité avec Alfredo Cospito

La Nemesi / mardi 20 juin 2023

Le 17 juin 2023, les carabiniers de Bologne ont notifié à quelques compas l’ouverture d’une enquête, de la part du ROS [Raggruppamento Operativo Speciale, « Groupe opérationnel spécial » des Carabinieri, qui s’occupe de criminalité organisée et de terrorisme ; NdT], pour 270 bis [« association avec finalité de terrorisme ou de subversion de l’ordre démocratique » ; NdT] et pour d’autres délits liés à la récente mobilisation contre le le 41-bis et la peine de perpétuité avec période de sûreté illimitée, en solidarité avec Alfredo en grève de la faim, qui ont eu lieu dans le secteur de Bologne. Six compas sont sous enquête, mais les carabiniers essayent d’identifier d’autres personnes.
La notification d’ouverture de l’enquête a été déposée le 13 juin et elle est signée par le procureur Gustapane, de l’antiterrorisme.
[…]
Les faits autour desquels tourne l’enquête sont une attaque contre des antennes-relais, au cours de l’été 2022, l’interruption d’une messe dans l’église du Sacre Cœur, à Bologne, en novembre 2022, l’occupation d’une grue en centre-ville et la journée de rassemblement qui a eu lieu en même temps aux alentours, en décembre 2022, la tentative d’incendie des véhicules de l’entreprise MARR, à l’automne 2022, et le blocage routier sur la via Emilia, avec des poubelles enflammées, fin décembre 2022. Cette dernière action est poursuivie en vertu de l’art. 280 bis (attentat avec finalité de terrorisme). Tous les délits pour lesquels les compas sont prévenu.es ont la circonstance aggravante définie par l’article 270 bis, c’est-à-dire l’association subversive avec la finalité de renversement de l’ordre démocratique, une association qui aurait visé à contraindre l’État, par le moyen des actions citées, à faire sortir Alfredo du 41-bis.

Il a été évident depuis le début que la mobilisation en soutien à Alfredo avait irrité les appareils d’État. Maintenant, la répression dévoile ses cartes et elle envoie un signal clair à tou.tes les compas qui, au cours de ces mois, ont exprimé leur solidarité active avec Alfredo.

Nous ne savons pas ce que cette enquête nous amènera, mais nous savons qu’elle est l’énième, qu’elle vise à frapper la solidarité, tout comme nous savons qu’il était et qu’il est toujours juste et nécessaire de prendre position de façon active aux côtés d’Alfredo, d’Anna, de Juan, de Zac, de Davide et de tou.tes les prisonnier.es qui luttent dans les prisons, partout dans le monde.

Notre lutte contre la prison, la guerre et la militarisation sociale qui s’en suit ne s’arrêtera pas pour cette énième enquête.

Quelques prévenu.es et solidaires

 

Bologne : Des nouvelles sur la nouvelle enquête pour 270 bis

La Nemesi / vendredi 23 juin 2023

En plus de la notification de l’ouverture de l’enquête, qui informe les prévenu.es qu’ils/elles sont sous enquête pour 270 bis et pour d’autres délits, les flics ont notifié aussi un « Avis concernant l’exécution de constatations techniques non reproductibles, selon l’art. 360 du code pénal ». C’est évidemment cela la raison qui a poussé les Carabinieri a « dévoiler leur jeu » sur l’enquête en cours.

Les constatations sur le matériel récolté seront effectuées le 5 juillet, au siège du RIS [Reparto Investigazioni Scientifiche, la « police scientifique » des Carabinieri ; NdT] à Parme et les compas sous enquête pourront nommer un avocat et un expert de confiance.

 

Bologne : Des nouvelles de l’enquête pour 270 bis – la date de l’audience préliminaire pour l’opération « Ritrovo » a été fixée

La Nemesi / mardi 12 juillet 2023

Le 5 juillet, les carabiniers du RIS de Parme ont commencé à analyser, par des constatations non reproductibles, le matériel récolté pendant l’enquête contre quatre compagnons et compagnonnes de Bologne et deux de Rovereto, que le ROS leur a envoyé dans le cadre de l’enquête pour 270 bis signée le 13 juin par le procureur Gustapane. Un détail curieux : le matériel à examiner est arrivé par colis Amazon, ce qui, à ce qu’il paraît, est pour eux le moyen le plus sûr pour transporter de tels objets. Les différents phases de l’analyse ont été suivies par un expert nommé par les prévenu.es et se sont focalisées sur la recherche, sur le matériel saisi, de traces biologiques et sanguines et d’empreintes digitales, ainsi que sur des enquêtes sur les produits. Le matériel analysé le 5 juillet est composé de tracts, de bouteilles en plastique et de restes de matériel qui a brûlé. D’autres analyses du même type, dont nous ne connaissons pas encore les résultats, avaient déjà été faites auparavant sur d’autres matériaux, avant que les prévenu.es soient identifié.es ; l’analyse des liquides a été effectuée auparavant aussi, pour éviter leur dégradation causée par le temps.

Entre-temps, l’audience préliminaire du procès issu de l’opération « Ritrovo »  a été fixée pour le 20 octobre. Lors de l’audience du tribunal des libertés, le délit d’association était tombé, mais restent les délits spécifiques de participation à la provocation aux crimes et délits, de dégradation, dégradation légère et dégradation par incendie. L’opération Ritrovo avait été menée le 13 mai 2020 et avait porté en taule sept compagnons et compagnonnes de Bologne, tandis que cinq autres avaient eu l’obligation de pointer chez les flics et l’interdiction de quitter leurs villes de résidence. A la base de cette opération il y avait l’accusation en vertu de l’art. 270 bis pour tou.tes les prévenu.es, après des années d’enquêtes, de la part du ROS, sur des compagnonnes et des compagnons anarchistes et sur l’infoshop Il Tribolo ; cela semblaient justifier, aux yeux du juge d’instruction, des détentions préventives pour cause de « prévention sociale », dans le climat de confinement et surtout à la suite de la solidarité apportée aux révoltés de mars 2020, dans les prisons italiennes. Dix-huit jours après, le tribunal des libertés avait fait tomber le délit d’association et laissé sortir de prison les compas, dont certain.es avaient été soumis.es à l’interdiction de quitter la ville de résidence, pendant six mois. A la suite de l’opération Ritrovo, le parquet avait demandé six mesures de surveillance spéciale, dont une seule, pour un compagnon, a été mise en place, à l’automne 2022, un an et demi après qu’elle avait été demandée, pour une durée de deux ans. Pendant l’enquête, fermée en janvier 2021, trois autres personnes ont été ajoutées aux prévenu.es, pour des délits de dégradation et de dégradation par graffiti, lors de manifestations de rue.

Des mises à jour suivront.

*****

Milan : Six mesures de contrôle administratif

La Nemesi / lundi 26 juin 2023

Ce matin à 7h, la police a débarqué chez des compagnons et de compagnonnes, pour leur notifier des mesures de contrôle administratif, à cause de la manifestation du 11 février, à Milan, en solidarité avec la grève de la faim d’Alfredo Cospito et contre le 41-bis.

Il s’agit, plus précisément, de six mesures, dont une interdiction de se rendre à Milan, deux interdictions de se rendre à Milan accompagnées de l’obligation de pointer chez les flics et trois obligations de séjour dans les villes de résidence.

Ces mesures ne suffiront pas pour arrêter les luttes.
Toujours contre le 41-bis et pour un monde sans prisons.

Des mises à jour suivront.

*****

Basilicata : Des perquisitions en lien avec la mobilisation en solidarité avec Alfredo Cospito

La Nemesi / lundi 26 juin 2023

[…] A 5 heures du matin du 26 juin, en différentes villes d’Italie, 12 personnes (ainsi que leurs familles, dans leurs villes d’origine) ont reçu la visite du ROS des Carabinieri, qui a fouillé leurs habitations. Certains d’entre elles ont été amenées en caserne et gardées à vue pendant des heures, tandis que toutes les données de leurs dispositifs informatiques étaient copiées. Il s’agit d’une enquête pour 270 bis, pour des « conduites visant à l’implantation et à la propagande de l’intimidation et de la violence de matrice anarchiste », qui auraient eu lieu dans la ville de Potenza à partir de 2020 [les flics cherchaient en particulier des preuves de la participation des compas à la campagne en solidarité avec Alfredo Cospito et contre le 41-bis ; NdT].

 

Toujours la même histoire

La Nemesi / dimanche 9 juillet 2023

Le matin du 26 juin, à 5 heure, à différents endroits de la péninsule, est déclenchée une opération du ROS de Potenza. Douze personnes voient leurs maisons ou celles de leurs familles envahies par le ROS, qui cherche du matériel qui puisse mettre en lien les différents individus ciblés avec le milieu anarchiste. Pendant que les compas étaient gardé.es à vue en caserne des heures durant, pour les besoins des perquisitions, dont celles des dispositifs informatiques (la copie des données des téléphones portables), leurs familles (qui habitent en Basilicata) étaient prises en otage par les services spéciaux, pendant tout ce temps, avec l’excuse des perquisitions de leurs maisons.

Cette opération est issue de l’ouverture d’une enquête pour 270 bis, où apparemment il n’y a aucune infraction matérielle (à part une dégradation contre ENI), mais seulement l’appartenance à une association anarchiste et des actes d’apologie et de propagande (dans lesquels est comprise aussi la lutte en solidarité avec Alfredo).

Il est évident que cette énième opération s’insère dans un contexte répressif au niveau national qui a pour but de briser toute solidarité entre les individus.

Une salutation affectueuse à toutes les personnes privées de leur liberté ou qui ont la répression à leurs trousses.

Des mises à jour suivront

*****

Trieste : Et ils vinrent toquer à nos portes

Il Rovescio / mardi 27 juin 2023

Jeudi 22 juin, entre 7 et 8 heures du matin, la DIGOS [la police politique ; NdT] de Trieste a effectué trois perquisitions, à la recherche de matériel en lien avec une dégradation qui a eu lieu lors de la campagne pour l’abolition du 41-bis et en soutien à la lutte d’Alfredo Cospito. Les flics ont copié sur place les données informatiques, ils ont changé le mot de passe d’au moins une adresse mail à laquelle on pouvait accéder directement à partir d’un appareil, ils ont pris les signalisations photographiques des compas, ils ont essayé de prendre leurs empreintes digitales et les ont gardé.es à vue pendant des nombreuses heures.
Des mises à jour suivront (sur https://t.me/sullabreccia o su https://laburjana.noblogs.org/).
Ici le communiqué.

*****

Note d’Attaque : nous rappelons également que le 30 juin un compagnon de Spoleto, déjà sous enquête pour l’opération Sibilla, a eu l’audience pour décider de l’application à son encontre de la mesure de surveillance spéciale. La décision du tribunal devrait être rendue vers fin septembre.

*****

Mise à jour du 25 juillet

 

Deux mesures de contrôle suite à une enquête sur la manifestation lors de l’audience du 5 décembre et pour d’autres initiatives, à Turin, en solidarité avec Alfredo Cospito

La Nemesi / samedi 16 juillet 2023

Nouvelle opération policière-judiciaire à Turin

Ces dernières jours, la police a notifié à deux compagnons l’obligation d’aller pointer chez eux trois fois par semaine, à cause d’une accusation pour lésions à autrui, provoquées pendant une bagarre, lors de la manif du 5 décembre, à Turin.

Le Procureur Scafi (qui a aidé Saluzzo pendant le procès Scripta Manent [lors des dernières audiences de l’appel, en 2022-23, en ce qui concerne la seule accusation en vertu de l’article 285 du code pénal, à la suite de la décision de la cour de cassation – auparavant il avait déjà aidé Sparagna lors du premier procès en appel ; note de La Nemesi]) avait demandé 13 mesures de contrôle : une détention préventive en prison, pour provocation aux crimes et délits, à cause du contenu des interventions publiques qui ont été faites à différentes reprise à Turin, 3 arrestations domiciliaires, pour la bagarre du 5 décembre, 9 obligations de pointer chez les flics, dont 4 pour « résistance à agent de police », lors de la perturbation d’une messe à l’église de la Gran Madre, à Turin [le 20 novembre ; note de La Nemesi] et 5 pour provocation aux crimes et délits, à cause des slogans criés dans le tribunal de Turin, le 5 décembre, pendant l’audience.

Le juge d’instruction a rejeté toutes les requêtes du procureur, à part l’obligation pour deux compagnons d’aller pointer chez les flics, parce qu’ils sont repris de justice (en effet, le troisième n’a pas été soumis à des mesures de contrôle parce qu’il a un casier vierge).

Cette opération s’insère dans le contexte général de répression qui fait suite aux mobilisations qui ont eu lieu pendant la grève de la faim d’Alfredo Cospito, avec des opérations policières/judiciaires qui ont déjà frappé plusieurs situations locales.

Nous réaffirmons notre solidarité avec les compagnons et les compagnonnes en prison, avec Alfredo, encore enfermé en 41-bis, avec les compagnons et les compagnonnes soumis à des mesures de contrôle.

Que la lutte continue !
Pour l’anarchie

Solidaires et complices

*****

Répression (extra-)ordinaire à Milan

La Nemesi / samedi 22 juillet 2023

Une nouvelle d’aujourd’hui [21 juillet ; note de La Nemesi] : deux des mesures de contrôle imposées le 26 juin dernier, à cause d’une manifestation qui a eu lieu à Milan pendant la mobilisation en soutien à Alfredo Cospito, c’est-à-dire deux interdictions de territoire de la commune de Milan, ont été révoquées ! Les quatre autres mesures de contrôle, au contraire, ont été confirmées : deux autres interdictions de territoire de la commune de Milan et deux interdictions de territoire de la commune de Milan assorties de pointages chez les flics deux fois par semaines.

Si, d’un côté, nous ne pouvons que juger positivement cette nouvelle, d’un autre côté nous ne pouvons pas oublier que la répression continue à travailler, sournoisement, contre ceux qui ont décidé de lutter. En effet, hier matin, comme c’était déjà arrivé la semaine dernière, les flics se sont présentés en grand nombre, avec les employés d’Aler [l’organisme qui gère les HLM, dans la région Lombardie ; NdT], pour expulser la maison d’un compagnon soumis à l’interdiction de territoire, obligé donc de vivre en dehors de Milan. Nous savons bien que, dans les quartiers où nous vivons, les expulsions locatives continuent sans trêve et que le travail minutieux et constant de la mairie et de la préfecture pour expulser de la ville les plus pauvres est une infamie quotidienne, mais le fait de voir vider les maisons où des compagnons et des compagnonnes ont vécu pendant des années précisément en ce moment, quand les flics savent qu’ils les trouveront vides, nous semble quelque chose d’extrêmement mesquin.

Nous serons toujours aux côtés de ceux qui sont frappés par la répression. Nous ne nous laissons pas intimider ! Le monde qui nous entoure et l’exploitation effrénée qui est tous les jours devant nos yeux ne font que nous confirmer que le fait de ne pas se plier, mais d’engager et d’animer des luttes, est le seul chemin viable, pour construire la possibilité d’un monde diffèrent !

Ce contenu a été publié dans International, Nique la justice, avec comme mot(s)-clé(s) , , , , , , , , , , , , , . Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.