Athènes (Grèce) : Attaque incendiaire de la voiture de la première conseillère de l’ambassade italienne

Act for freedom now! / samedi 31 décembre 2022

Alfredo Cospito est en grève de la faim depuis le 20 octobre, contre le régime de torture 41 bis, qui lui a été imposé par l’État italien. Alfredo Cospito est en prison depuis 2012, après qu’il a revendiqué d’avoir blessé Roberto Adinolfi, le PDG d’Ansaldo Nucleare, une action menée par la Fédération Anarchiste Informelle / Front Révolutionnaire Internationale (FAI/IRF). Depuis lors, le compagnon ne se repent pas et continue à s’engager dans la cause de la libération sociale. C’est pourquoi l’État italien a décidé de lui imposer, depuis le 5 mai, le régime 41 bis, où il est gardé isolé pendant 23 heures par jour, avec une heure de promenade, pendant laquelle il ne peut rencontrer qu’un nombre limité de prisonniers, choisis par l’administration pénitentiaire.

Les visites de sa famille sont limitées à un parloir d’une heure par mois, qui a lieu avec une vitre de séparation, et [en réalité c’est soit le parloir soit l’appel téléphonique ; NdT] un appel de dix minutes, qu’un.e familier.e doit passer d’une caserne des carabiniers ou d’une autre prison. Le nombre de livres et d’autres matériaux imprimés autorisés est limité, comme sa correspondance. Ce régime de détention, l’article 41 bis, que l’État italien impose aussi aux prisonnier.es politiques, lui sera maintenant appliqué pendant toute sa peine, non seulement pour les quatre ans prévus à l’origine.

Le 41 bis est un régime d’anéantissement politique, sociale et sensoriel, qui vise à éliminer complètement tout contact avec le monde extérieur. Le but n’est rien de moins que de tuer lentement ceux/celles qui ont choisi le chemin révolutionnaire contre la tyrannie de l’État et du capital. Les tuer lentement et les obliger à renier leurs actions c’est l’essence des lois ainsi-dites « antiterroristes », qui prévoient des conditions spéciales, des prisons, des centres de détention, l’isolement, la torture et l’anéantissement ; elles sont destinées avant tout à des organisations révolutionnaires et à leurs membres, ainsi que tou.tes ceux/celles que l’État définit comme terroristes.

Ici émerge la double contradiction du terrorisme d’État. En premier lieu, il appelle terroristes tou.t’es ceux/celles qui se révoltent contre le terrorisme de la classe dominante, leur inflige l’anéantissement physique et psychologique, à travers ses dispositifs, et en même temps ces mêmes dispositifs ne reconnaissent pas le statut de prisonnier.es politiques ou d’opposant.es à ceux/celles que l’État essaye d’annihiler. L’État ne peut pas apporter une vraie justice, parce qu’il ne peut pas dire la vérité. La « justice » bourgeoise n’est rien d’autre qu’un dispositif pour imposer et perpétuer la domination de classe sur la société.

Depuis les années 60, avec l’assaut au ciel, l’archipel du mouvement subversif et révolutionnaire sur le sol italien, avec ses luttes politiques, ses manifestations organisées, les occupations d’usines et d’écoles, l’autogestion, les mouvements féministes et les organisations révolutionnaires armées, a montré que rien n’est impossible. Depuis les actions des BR/PCC dans les années 90, jusqu’aux années 2000, avec les attaques de la FAI/FRI et du compagnon Alfredo Cospito, la série révolutionnaire s’est poursuivie, jusqu’à ces jours, elle s’est composée d’un mélange d’actes de résistance et d’émancipation, en démontrant que rien n’est fini et que les projets et les optiques révolutionnaires restent pertinents, dans les rangs des opprimé.es. Et c’est cette suite, cette continuité historique et cette mémoire, que le gouvernement fasciste de Meloni, et tout gouvernement précédent, veut réduire au silence. Pendant des décennies, face à la galaxie des mouvements révolutionnaires présents sur son territoire, l’État italien a développé toute une série d’instruments répressifs et contre-insurrectionnels, dont l’évolution la plus extrême est précisément le régime 41 bis.
Encore aujourd’hui, avec l’imposition de cette sentence de torture à perpétuité, l’État italien amène ses opposant.es politiques, ceux/celles qui essayent de porter la justice aux opprimé.es, à l’isolement et à une mort lente.

L’attaque contre les prisonnier.es et les militant.es révolutionnaires n’est pas sans liens avec la tournure fasciste du système politique italien. En utilisant la rhétorique et les pratiques de l’extrême droite, s’adressant aux parties les plus réactionnaires de la société, ce gouvernement précis essaye de construire un’Italie forteresse, à l’intérieur et en dehors de ses frontières. Avec des politiques anti-immigrations criminelles, avec la criminalisation des migrant.es qui entrent dans le pays et le meurtre de milliers d’entre eux/elles aux frontières et en mer, l’État italien est une partie fondamentale de la politique raciste et fasciste de l’UE.

Ce n’est pas qu’en Italie qu’on peut trouver cette tournure extrême des événements, mais dans toute l’Europe, en tant que réponse des classes dominantes aux crises prolongées de ces dernières décennies. En Grèce aussi, nous faisons face à une période très difficile, avec une attaque sans précédents à la base de la société, avec des meurtres d’État systématiques, de la part de la police et de l’armée partout dans le pays et à ses frontières, avec l’accentuation de l’exclusion économique et sociale des opprimé.es et avec la répression brutale de toute forme de résistance de leur part. Un fil conducteur relie ces deux États, l’Italie et la Grèce, c’est la volonté d’enterrer les esprits révolutionnaires de plus en plus profondément dans des tombes de béton. La grève de la faim du compagnon a lieu dans le moment précis où éclatent les protestations des prisonnier.es en Grèce. De milliers de prisonnier.es s’opposent au nouveau code pénal et expriment chaque jour leur dissension. Un code qui prend pour cibles ceux/celles qui sont inculpé.es pour les article 187 et 187A (ceux/celles accusé.es d’être membres d’organisations criminelles et terroristes), en réduisant les permissions spéciales de sortie, en réduisant à rien la liberté conditionnelle, en donnant des pleins pouvoirs à l’administration pénitentiaire et en allant jusqu’à abolir les résultats d’années de conquêtes et de luttes des prisonnier.es pour avoir une vie meilleure dans les prisons.

Alors que le système judiciaire dit clairement que son rôle est de torturer et d’anéantir toute personne qui résiste, et que sa place est à côté des oppresseurs, les États discutent et imposent l’« ordre » aussi par le biais des corps diplomatiques. Ces corps ne sont rien d’autre que l’évolution naturelle du colonialisme, l’expression bureaucratique et matérielle de l’impérialisme, et ils jouent le rôle de garants des intérêts de chaque État et de la reproduction du capital qu’ils servent, dans le système capitaliste international. Ce système n’est pas impersonnel, il est dirigé par des gens qui occupent des postes dans sa hiérarchie, des gens qui choisissent en connaissance de cause leur côté dans cette guerre sociale et de classes généralisée. Par conséquent, les actes de contre-violence révolutionnaire qui les prennent pour cible servent pour rendere un peu de la peur qu’ils sèment aux dépenses de la société, leur faisant savoir qu’ils ne sont pas invulnérables, que leurs décisions ont des coûts et qu’ils sont en même temps une cible, à cause de leurs choix politiques et du système qu’ils représentent. Avec un œil tourné vers la révolution sociale et la solidarité internationale, nous avons décidé d’envoyer notre signe de solidarité au compagnon Alfredo et à la lutte qu’il mène contre le régime 41 bis. Nous avons choisi d’attaquer la voiture de la Première conseillère de l’ambassade italienne, à son domicile privé, 68, rue Blessa, à Papágos [ville de la banlieue nord d’Athènes ; NdT]. Nous avons surgi dans la nuit et ensuite nous y avons disparu à nouveau, en prenant position concrètement dans la guerre que nous sommes en train de vivre. Une guerre dans laquelle nous devons être à l’offensive, en demandant justice. Nous soutenons la contre-violence révolutionnaire et la lutte continuelle. Pour les victimes de cette guerre, pour nous sœurs et nos frères qui ne sont pas rentré.es à la maison, pour les persécuté.es de ce monde et pour toutes les personnes qui luttent pour un monde qui contienne des nombreux autres mondes.

Toujours pour l’Anarchie.

COMPAGNON ALFREDO, ILS ESSAYENT DE T’ENTERRER VIVANT, NOUS NE T’OUBLIONS PAS !

VICTOIRE POUR LA GRÈVE DE LA FAIM D’ALFREDO COSPITO.

SOLIDARITÉ AVEC LES PRISONNIER.ES DE GUERRE ET LES COMBATTANT.ES EMPRISONNÉ.ES DANS LES GEÔLES GRECQUES.

NOUS AURONS LE DERNIER MOT

Noyau de vengeance « Carlo Giuliani »

Note de La Nemesi :

https://lanemesi.noblogs.org/post/2022/12/09/rivendicazione-dellattacco-incendiario-contro-i-veicoli-di-susanna-schlein-primo-consigliere-dellambasciata-ditalia-in-solidarieta-con-alfredo-cospito-in-sciopero-della-fame-ad-oltranza/

Susanna Schlein, sœur aînée de la députée Elly Schlein (candidate à la leadership du Partito Democratico [centre-gauche ; NdT] est sur le point d’entamer une carrière diplomatique brillante, elle est Première Conseillère de l’Ambassade d’Italie en Grèce. Après des postes en Allemagne et en Albanie, en septembre 2021 elle a eu celui de Première Conseillère, en devenant ainsi la deuxième personne la plus importante de l’ambassade italienne en terre hellénique. Le 2 décembre, vers 3h50, elle a été réveillée par une série de fortes explosions. Sa voiture privée, une BMW, garée dans le garage de sa maison, dans le quartier athénien de Papágos, a été détruite par un engin incendiaire qui, après s’être déclenché, a fait exploser le réservoir et les pneus du véhicule. Une autre bouteille incendiaire, placée sous la deuxième voiture de la fonctionnaire, celle de service, ne s’est probablement pas déclenchée à temps et à été retrouvée par la suite. L’action a été revendiquée le 7 décembre par le « Noyau de vengeance « Carlo Giuliani » » […]

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