Prison de Korydallos (Grèce) : Ne demandez pas si nous allons gagner ou si nous allons être vaincu.e.s – Luttez, simplement !

athens.indymedia.org / mardi 17 mai 2022

Un message de solidarité de Thanos Hatziangelou, membre emprisonné de l’organisation Action Anarchiste, avec l’anarchiste jamais repenti Claudio Lavazza, à l’occasion de l’audience de réexamen de sa condamnation à 25 ans, le 17 mai.

Étant donné que je suis emprisonné dans le lieu le plus dystopique de la tyrannie, la combinaison de quelques mots sur un bout de papier ne pourrait jamais décrire de manière saisissante l’idéal de l’intransigeance révolutionnaire. Comment pourrait-on y faire rentrer, sans omettre aucun détail important, un instant d’une vie de désobéissance, consacrée, de manière complexe, à la lutte implacable ?

Jusqu’à aujourd’hui, il n’y a pas beaucoup de personnes qui ont essayé de tout leur cœur de construire un pont qui comblerait la distance entre la vie et la survie. Ces personnes, qui ont consacré toute leur existence aux actions directes brillantes de la base révolutionnaire contre la féroce doctrine de la tyrannie de la « fin de l’histoire », ont donné leur vie, de tout leur cœur, dans les hostilités de la base révolutionnaire. Ils/elles se sont enrôlé.e.s, sévèrement et inflexiblement, sur le front difficile de la subversion, elles/ils ont saigné quand que des compas mouraient au combat, mais, emprisonné.e.s, face au danger de la repentance et de la légitimation du pouvoir, ils/elles ont choisi une fierté invulnérable.

Le compagnon Claudio Lavazza appartenait au même type de figures de la lutte, qui se distinguent par une « particularité » très importante : l’injustice et l’exploitation, la déchéance sociale et la tyrannie n’étaient pas simplement l’objet de déclarations, mais des questions qui les concernaient individuellement et collectivement. Ils/elles n’ont pas adapté l’idéologie et la politique à leur vie ; elles/ils ont consacré de manière absolue leur existence à des résistances vitales et militantes. Enrôlé dans les rangs, armés, de l’Autonomie italienne, il a choisi très tôt le chemin de la liberté illégale, face à la répression et à la dégénérescence politique des déclarations de repentance.

Il ne s’est jamais compromis avec la résignation, et il a apporté sa contribution, dans la pratique, a l’histoire des résistances radicales. En choisissant la ligne de front, dans des conflits armés, dans des expropriations, dans le mouvement armé de solidarité et de libération de militant.e.s emprisonné.e.s, il a lui-même été fait prisonnier, après une confrontation armée lors de l’expropriation de la banque Santander, à Cordoue, le 18 décembre 1996. Pendant plus de 25 ans, le compagnon Claudio a été un modèle de la lutte incessante de l’insubordination contre la reddition et la soumission.

L’arme la plus forte dans les mains des opprimé.e.s est la mémoire rebelle, la mémoire du feu. Des chemins qui ne peuvent pas être effacés, tracés par les révolutionnaires de tous les endroits de la terre, en lutte pour la subversion et la révolution ; ils sont des balles dans le chargeur de la base prolétarienne qui lutte. Le compagnon Claudio a été fidèlement et bravement présent, face aux défis et aux tâches historiques de la guerre révolutionnaire. Modeste et humble, ennemi déclaré de la classe dominante et « non repenti, sans équivoque possible » au moment même où les partisan.e.s de la légitimité du pouvoir déclaraient une trêve unilatérale, conduisant le mouvement anarchiste au désarmement politico-militaire et à la capitulation.

Compagnon Claudio,
tu t’es demandé un jour si nous pouvions être comme tout le monde. Choisir le compromis avec l’apathie et la résignation, en servant chaque jour comme des esclaves dans la cage d’un patron, jusqu’à saisir nous aussi le fouet. S’enfoncer dans le bourbier du canapé, tout en regardant l’aliénation et l’exploitation changer de spectacle et de couleur sur l’écran. Et chaque samedi soir, nous serions sortis, honorablement, pour divertir notre ennui et notre décadence. Non, Claudio. Nous ne pouvons être rien d’autre que l’étape de transition vers la libération sociale et le contre-pouvoir prolétaire. Jusqu’à ce que le ciel de barbelés soit débarrassé des taches d’acier, nous nous engageons avec le même dévouement à lutter contre l’intolérance vers la dignité humaine. Pendant mille vies, comme si c’était le premier jour.

Tant que régnera la dictature de l’enfermement, il y aura toujours des voix fières qui crieront que seul le conflit ouvre des voies.

Thanos Hatziangelou
membre emprisonné de l’organisation Action Anarchiste
quatrième section, prison de Korydallos
15 mai 2022

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