Gênes (Italie) : Deux antennes-relais sabotées par le feu

reçu par mail / dimanche 18 juillet 2021

« Avez vous mangé quelque chose qui n’a pas passé ? » demanda Bernard.
Le Sauvage fit un signe de tête affirmatif. « J’ai mangé la civilisation. »
Aldous Huxley, Le meilleur des mondes

L’oppression: un mal endémique de notre existence

Une brève histoire

L’oppression étatique ou para-étatique remonte à plusieurs milliers d’années et elle est passée par des étapes bien précises, qui commencent avec la naissance des premières villes, devenues par la suite des cités-États, des royaumes, des empires.
Ceux qui choisissaient de vivre en dehors de ces « organisations » pouvaient vivre comme ils le voulaient.

Le premier gouvernement moderne naît avec la Révolution française, il est centralisé, homologuant, il efface les us, les coutumes et les habitudes, remplacés par les directives du parlement.
Les révoltes et les résistances contre ce changement ont été farouches et ont été réprimées de manière également farouche.

Ensuite, la révolution industrielle, la mère de toutes les révolutions, est arrivée.
Avec elle, ont été posées les bases du capitalisme, qui a évolué jusqu’à devenir celui d’aujourd’hui.
Contrairement aux États, le capitalisme ne connaît pas de frontières ; pareil pour les émeutes qui s’y sont opposées et qui ont touché l’Europe et les États-Unis pendant toute le XIXe siècle et une bonne partie du XXe.

A nos jours, la science, acteur fondamental aux côtés de l’État et du capital, entre en jeu.
L’avancée technologique est un autre instrument issu du capitalisme, elle crée du profit et elle ouvre des nouvelles voies au développement industriel.
Des calèches aux voitures, de l’agriculture rurale à celle mécanisée, des guerres combattues avec des arcs et des flèches à celles avec les drones.

Les scientifiques, hommes et femmes, sont toujours prêts à offrir leur soutien à l’autorité et à la répression, à affiner les instruments de la propagande, tels la radio, la télé, la presse, internet, ainsi qu’à fournir les États en armes destructrices et meurtrières.

Des entreprises comme Ansaldo Nucleare, Piaggio Aerospace, Leonardo, Iit et Eni sont les fleurons de l’État italien, en ce qui concerne le développement des secteurs des armements, de la technologie et de l’énergie.
Mais pour nous, anarchistes, elles sont la personnification du mal et, en tant que telles, elle doivent être détruites, à cause des abominations dont elles se rendent coupables.
Chacune de ces entreprises est synonyme de guerres, de dévastations, de pillages.

L’Iit, comme le MIT de Boston, travaille pour créer des robots bipèdes ou quadrupèdes, très sophistiqués, utilisables aussi à des fins répressifs, comme cela arrive déjà aux États-Unis.

Le 24 décembre 2018, la Iit a été attaquée par la F.A.I./F.R.I Groupe d’action immédiate.
Nous relayons un passage de leur revendication :
« On y développe [à l’Iit] des études en neuroscience, « brain technologies » et des recherches génétiques pour la manipulation du vivant. Actif aussi dans le secteur des nanotechnologies, l’Iit mène des recherches sur les nanomatériaux et leur utilisation, ainsi que sur le développement de matériaux pour convertir et stocker l’énergie, dont l’actuel système de production a besoin dans des quantités énormes, pour maintenir la vitesse de la folle course en avant du progrès. […] Au service du capital et de l’État policier qui veille à sa protection, l’Iit est engagé dans la réalisation de systèmes de « computer vision » pour des systèmes utilisables dans l’identification et le contrôle social. »

C’est-à-dire que l’Iit essaye de montrer toujours son visage bien propret, en parlant de robots qui aident les personnes âgées, de recherche contre le cancer ou de bracelets « smarts », appelés iFeel-You, pour déterminer la distance de sécurité entre les gens, en temps de pandémie ; des projets, ces derniers, à combattre quand-même, mais on connaît la vraie nature de ce monstre et les compas qui, le 24 décembre 2018, sont allés toquer à sa porte, avaient déjà clarifié bien de choses.

Leonardo et Piaggio Aerospace produisent « simplement » des armes de guerre qu’ils vendent au reste du monde :
des munitions, des missiles, des torpilles, de l’artillerie, des systèmes de visée, des avions cargo militaires, des avions de chasse F-35, des drones ; ils construisent et testent des moteurs d’avions, ils en construisent des parties, ils développent des technologies spatiales… mais on va s’arrêter ici.
Il y a quelques mois, Leonardo a signé un accord de collaboration avec l’Iit.

Eni, aux côtés de Shell et Chevron, juste pour faire quelques noms, saccage et pollue un peu partout à travers la planète et elle provoque des guerres civiles et de la pauvreté dans les territoires où elle extrait du pétrole.

Ansaldo Nucleare, comme toutes les entreprises nommées ci-dessus, n’a pas besoin d’être présentée : son nom dit déjà beaucoup de choses. Ils construisent des centrales nucléaires et fournissent leurs conseils pour tout ce qui concerne le secteur de l’énergie nucléaire.

Hiroshima et Nagasaki, les tests des armes nucléaires commencés en 1945 aux États-Unis (dans l’océan Pacifique et au Nevada), puis ceux de l’Union Soviétique de l’époque (au Kazakhstan et en Ukraine), de la France (à Moruroa) et après encore Tchernobyl et Fukushima.
Il est évident que ces expériences atroces, comme tant d’autres que nous n’avons pas énumérées, n’ont rien appris aux scientifiques du nucléaire.
Heureusement, de tempe en temps une petite vague de l’océan de souffrance qu’ils provoquent leur revient en arrière : nous ne pouvons pas éviter de rappeler l’acte courageux de deux de nos frères, Alfredo et Nicola, qu’en mai 2012 ont tiré dans la jambe du directeur général de l’époque d’Ansaldo Nucleare, à Gênes.
Un vrai bonheur !

Mais, malgré ça, les guerres, la bombe atomique, la dévastation et la pollution de la Terre planent comme un perpétuel holocauste à venir. La propagande d’État, continuelle et massive, a réussi a faire passer comme bonnes, neutres et nécessaires les prestations de ces usines de la mort.

Le résultat de cette brève analyse historique est qu’aujourd’hui nous vivons dans une société lointaine d’être idyllique, au contraire pour certaines personnes ils s’agit d’un vrai enfer et les responsables de cette situation ont des noms et des prénoms.

Pour ce qui est du futur, eh bien, il ne n’agit certainement pas d’un avenir prometteur, ses prémisses ont été écrites il y a des millénaires et elles suivent leur cours naturel, qui traverse aussi notre époque.
C’est à nous de nous insérer avec force dans le temps et dans l’espace et d’interrompre, même si seulement pendant un court moment, ce flux continuel de faits tyranniques.
Nous en avons les moyens, les idées et la force, donc allons-y !!!

 

Un Moyen Âge smart

Un général anglais occupé à coloniser d’autres pays assurait qu’un chantier ou une route ont la même valeur d’une garnison.
En Occident, dans ce nouveau millénaire, on assiste a une colonisation de type nouveau, celle de la technologie et de l’industrie, qui doit occuper tout endroit, poussant ses tentacules partout.
Cette pieuvre, en partant des villes, déplie ses appendices jusqu’au cimes les plus hautes.
Elle ne change pas d’avis, même face à des signes préoccupants comme le changement climatique, des épidémies et la pollution, au contraire : en avant toute ! avec le vent en poupe et la confiance dans la science et dans ce tant vanté progrès.

Ce progrès qui nous fait filer à travers les villes avec des voitures et des motos électriques, qui nous enivre avec de plus en plus de dispositifs « de nouvelle génération », qui remplit le ciel avec des drones et des satellites, qui veut nous faire participer à des révolutions « vertes », en nous conseillant d’installer chez nous des panneaux solaires, des éoliennes et des pylônes dans le jardin, des antennes 5G sur le toit.
Certaines de ces inventions ne pourraient pas exister s’il n’y avait pas des matières comme le cobalt, le lithium ou le silice.
Ces éléments sont le cœur et la batterie de tout dispositif électronique et ils sont fondamentaux pour la production de panneaux solaires.

De millier de femmes, d’hommes et d’enfants, de la République Démocratique du Congo à la Bolivie, à l’Argentine et au Chili, sont exploités pour moins de deux dollars par jour dans des mines, pour extraire ce minerai.
Apple, Microsoft, Samsung, Sony, Tesla, BMW, FCA [l’ancien nom de Fiat Chrysler Automobiles, devenue Stellantys après sa fusion avec le groupe PSA ; NdAtt.] sont parmi les sociétés qui s’enrichissent, en collaboration avec leurs gouvernements, en faisant de la propagande, comme un mantra, pour la technologie « verte », qu’ils présentent comme « la dernière chance pour sauver la planète, avant la catastrophe » (dont ils sont s responsables), mais aux dépenses de nombreuses personnes carrément réduites en esclavage.
Sans parler des « grands projets » : des voies rapides et des nouvelles lignes ferroviaires qui percent des montagnes, des ports qui s’élargissent en déversant des tonnes de béton dans la mer, afin de permettre l’amarrage de navires de croisière ou d’énormes vaisseau cargo, des antennes-relais qui défigurent des panoramas et détruisent des écosystèmes et puis des centres commerciaux, des aéroports, des usines, des centrales nucléaires.

Dans ce texte vous ne trouverez pas des réclamations syndicales ou des propositions de boycott d’une marque ou d’une autre, nous ne cherchons pas des clins d’œil de la part de politiciens bien-pensants ni des rencontres avec le Pape. Nous avons déjà parlé, par les faits ; nous nous limitons ici à souligner ces « folies normales » de notre époque, qui servent à alimenter en continu cette société capitaliste boulimique.

Il faut dire que parfois ces projets sont contestés par les populations qui les subissent, mais une fois que le système a gagné le peu de résistance de la part d’une partie de celles-ci (qui, même quand elles se rendent compte du problème, l’acceptent comme moindre mal ou comme prix à payer pour une existence confortable et irresponsable), se faisant fort d’une majorité qui exige plus de confort, plus de « bien-être », il avance presque sans accroc.

Que l’on pense au fait que, avec l’excuse de l’épidémie de Covid-19, les gouvernements ont instauré des vrais États policiers, nous enfermant chez nous avec des vraies arrestations domiciliaires. Peut-être que certaines personne ont refoulé tout cela, pour défendre leur psyché, mais d’autres en portent les cicatrices : que l’on pense à l’augmentation exponentielle de violences domestiques et d’internements contrains en HP – d’autre personnes encore ne sont plus là, tuées en prison ou à la maison par leurs bourreaux.
Et n’oublions pas le déploiement de forces mis en place par l’État italien contre « ses citoyens », pour réprimer des formes de liberté inaliénables, effacées de facto pendant le confinement :
des centaines de barrages routiers, des milliers d’amendes, des hélicoptères, des drones, des hors-bord, la surveillance massive via les GPS des téléphones portables, l’armée, la police, les Carabinieri, les douanes, les polices locales, la protection civile et, pour couronner le tout, la délation des citoyens-shérifs.
Si on y ajoute la propagande asphyxiante de la part de politiciens et journalistes, qui remplissent la télé et les réseaux sociaux, on voit qu’ils ont instillé dans les esprits des gens qui les suivent la peur de la contamination et des paranoïas sociales.
Cet assaut aux médias prédominants a donné un coup de plus a une société déjà prosternée devant les désirs matériaux les plus vils et qui n’a plus rien à demander – à part le mot de passe du Wifi ; en effet, la réponse à tout cela, excepté quelques poches de résistance, c’était des applaudissements et des chansons depuis les balcons.

Bref, la « cage dorée » où la plus grande partie des peuples occidentaux se trouve enfermée est fortement voulue, préconisée et invoquée.
Face à tout cela, les exploités et les exclus luttent pour se tailler une place meilleure, une position de privilège, coûte que coûte.
Tous ceux qui désirent, s’approprient le slogan de l’« american way of life ».
C’est pour cette raison que nous restons à l’écart de toute lutte revendicative, nous n’avons pas d’espoir qu’elle se transforme en quelque chose d’autre.
Nous trouvons plus intéressant de frapper ce qui rend confortable et moelleuse notre prison, même quand cela va à l’encontre de « notre bien », quand il va à l’encontre de ce Moyen Âge étincelant.

 

La « smart city »

Regarde le monde autour de toi ; que vois-tu ?
Un parc d’attraction sans fin, où tout est transformé en loisir.
Science, politique, éducation sont toutes des manèges de fête foraine.
C’est triste, mais les gens achètent les tickets et y montent.
Il s’agit des ainsi-dites « villes intelligentes », plus précisément « smart city », parsemées de capteurs, traversées par des flux, des réseaux, peuplées par des masses indifférenciées d’usagers connectés, qui tapent hystériquement sur leurs appareils, pour ne pas perdre le contact avec ce qu’ils croient être la réalité.

Les politiciens, les bureaucrates et, surtout, les scientifiques veulent faire passer le concept de smart city comme synonyme d’évolution humaine, quelque chose qui facilite tout mouvement et toute pensée imperceptiblement ébauché par l’individu.
De la voirie aux infrastructures, les nouvelles technologies exploitent la ville selon leur logique : efficacité et profit.
Ce qui en ressort est une société aliénée, frénétique, où le fossé entre riches et pauvres est toujours plus profond et où la surveillance de l’individu est partout.
Dans la logique de la smart city, l’individu est perçu comme un objet ordinaire, à échanger, de la simple marchandise, exactement comme un paquet de biscuits, non pas un être humain conscient, avec sa sensibilité et sa capacité critique, mais un simple « code-barres », programmé pour produire et consommer. Depuis longtemps, la science étudie la manière de ne plus laisser mourir ce type d’individu.
Dans ce cas aussi, une grande partie de l’Occident a accepté et a cru dans ces rêves bidons, qui se sont avérés être des « chaînes », et elle n’arrive plus à s’en passer ; le smartphone en est l’exemple le plus flagrant.

Le smartphone est désormais une extension de nos corps – un vrai exemple de transhumanisme – et, avec ses attractions de fête foraine, il nous jette dans un état de somnambulisme et il nous transforme en promoteurs de cette paix sociale qui satisfait tellement les gouvernements occidentaux.
Moitié des habitants de la planète meurt dans des guerres génocidaires, de faim et de différentes maladies, mais l’autre moitié avance sans s’en apercevoir vers sa mort cérébrale – « le prisonnier qui cire ses chaînes » : la métaphore parfaite d’une société viciées et psychologiquement dissociée.

La smart city est le produit de la pensée scientiste, égoïste et égotiste qui prévaut dans cette partie de la planète, l’humilité est rare et on ne veut pas comprendre que nous sommes le fruit d’un accident de la nature, on pense au contraire d’être au centre de l’univers ou même d’être une quelque forme de divinité.
On poursuit depuis toujours, de manière bornée, l’idéologie du « progrès » et l’on continue à vivre dans une société-prison soft, façonnée par des générations de « détenus » qui nous ont précédés ; cependant, d’une façon ou d’une autre, à notre manière, parfois nous nous évadons de cette prison soft et alors nous pouvons dire « aujourd’hui nous avons vécu ! ».

 

Attaque !

En tant qu’anarchistes, nous somme en conflit avec l’existant, dans une critique de ce qui nous entoure et une autocritique continuelles, sans jamais perdre de vue le binôme fondamental de la tension anarchiste :
théorie et action.
Dans une époque où nos concepts et nos pratiques sont lointains des « masses populaires », nous n’attendons pas des « grands soirs », nous attaquons ici et maintenant, informellement et sans calculs politiciens.

Nos ennemis de toujours, les femmes et les hommes de l’autorité, affinent de plus en plus leur arsenal fait de fer, de silice et de plastique, mais cela ne doit pas nous démoraliser.
Les moyens pour porter des coups à notre ennemi son nombreux, nous avons choisi l’action violente révolutionnaire !

Nous épousons la philosophie de la propagande par le fait et nous la pratiquerons jusqu’à quand nous pourrons marcher sur les ruines de cette société de plastique. Que les actions directs servent de boussole pour toutes celles et tous ceux qui ont le cœur ardent et qui ont envie de laisser flamber leurs flammes de rage et de vengeance contre ce qui les opprime.
Tout le monde peut le faire, il suffit de le vouloir.

Nous l’avons fait dans la nuit du 18 juillet, en sabotant par le feu deux antennes-relais.

Nous ne courons pas après des dates, nous agissons selon notre propre rythme, mais le hasard a fait qu’en cette période tombe le vingtième anniversaire du G8 de Gênes et de la mort tragique de Carlo Giuliani.
Pendant ces 20 ans, des politiciens, des petits chefs et des politicards du « milieu », des prêtres et même la famille de Carlo, tout le monde a craché sur les éventements de ces jours-là – certains vomissant leurs anxiétés réformistes lointaines de toute vérités, d’autres vomissant des vraies diffamations sur de Carlo.
Nous pouvons nous tromper, mais il est probable que les mêmes analyses de cette époque-là seront présentées à nouveau, les prochains jours.

Au contraire, nous voulons nous souvenir de lui en lui restituant la dignité qu’il mérite, sans hypocrisies, loin de toute idolâtrie.
Carlo, en participant de manière active aux émeutes de ces jours-là, plus précisément en Piazza Alimonda, en portant une cagoule, essayait de projeter un extincteur dans un 4×4 des Carabinieri, mais un sale larbin de l’État l’a assassiné d’un coup dans la tête.

Les flammes que nous avons libéré la nuit dernière, pour incendier ces deux appendices de la domination, nous voulons les dédier à Carlo et à tous les rebelles et les révolutionnaires qui sont morts, à travers le monde, en luttant pour la liberté, l’égalité et la justice sociale.
Voilà quelques-uns des principes qui font partie de ce que nous appelons, philosophiquement et (avec nos moyens) pratiquement, Guerre Sociale.

Solidarité internationale avec toutes et tous les prisonniers anarchistes !
Solidarité avec nos frères et nos sœurs en grève de la faim !
Solidarité avec les compagnons et les compagnonnes soumis à la surveillance spéciale !
Nous envoyons une accolade et un sourire complice à ceux qui sont en cavale !
Pour les compagnons et les compagnonnes qui nous ont quittés avant l’heure :
vos noms luisent dans les flammes par lesquelles nous attaquons !
Pour l’Internationale noire !

 

Anarchistes pour la destruction de l’existant

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