Chili : Quelques mots de Mónica Caballero, en solidarité avec la grève de la faim dans la prison de Rancagua

Contra Info / mercredi 23 juin 2021

Quelques mots de Mónica Caballero, en solidarité avec la mobilisation et la grève de la faim des prisonnier.e.s subversif.ve.s et anarchistes transféré.e.s dans la prison-entreprise de Rancagua

A la fin de la première semaine de juin, la Gendarmería de Chile (Genchi [le corps des matons du Chili ; NdAtt.]) a procédé au transfert massif des prisonniers du Cárcel de Alta seguridad (CAS – Prison de haute sécurité) vers la prison de la ville de Rancagua, capitale de la région O’Higgins, loin au sud de Santiago.

Parmi ces détenus figurent les Anarchistes et les Subversifs Juan Aliste Vega, Marcelo Villarroel, Mauricio Hernández Norambuena, Juan Flores, Joaquín García et Francisco Solar.

Le transfert de ces prisonniers est motivé par des changements dans l’infrastructure du CAS, ce qui durera environ un an. Selon les informations fournies par la Genchi, une fois les travaux terminés les prisonniers seront renvoyés à cette prison, mais pendant ce temps mes compagnons seront éloignés de leur milieu affectif et politique. De cette manière, non seulement ils punissent le prisonnier, mais aussi ses ami.e.s, ses compagnon.ne.s et sa famille.

Il est aussi important de souligner que dans le territoire dominé par l’État chilien, le libre transit entre les régions n’est pas autorisé, à cause des mesures pour prévenir la propagation du Covid-19.
Dans la région Métropolitana [la région de Santiago ; NdAtt.], il y a plus de trois prisons où ils auraient pu mettre mes compagnons, mais peut-être que les puissants ont profité du transfert pour isoler et ségréguer encore plus les prisonniers ou peut-être qu’aucune des prisons de ce secteur ne remplit les conditions de sécurité pour garder des prisonniers à haut risque ou peut-être encore que c’est simplement une autre forme de vengeance.

Leur transfert pourrait être justifiée par ces raisons ou d’autres encore, mais il est clair qu’aucun coup du pouvoir n’est dû au hasard. Chaque changement de l’infrastructure pénitentiaire, ainsi que les transferts des prisonniers, sont effectués avec soin et attention aux détails.

D’une part, les éventuels changements apportés au CAS ne peuvent signifier rien de bon pour les détenus. Je pourrais faire des spéculations sans fin sur les nouvelles mesures de contrôle possibles, mais je serai rapide.

Pour prévoir ce qui pourrait changer dans le CAS, il faut tenir en compte le fait que cette prison n’est pas et n’a pas été crée comme les autres : le CAS est la prison de la Démocratie. Il a été conçu en s’inspirant du modèle allemand et irlandais de lutte contre les organisations révolutionnaires.

Il a été inauguré en 1994, en tant que complexe pénitentiaire innovant et performant, et le pouvoir a essayé d’y appliquer un régime interne strict, qui prévoyait entre autres des parloirs avec hygiaphones et une seule heure de promenade.

En outre, la prison est pratiquement imperceptible de l’extérieur, ce qui cause encore plus d’isolement et d’invisibilisation.

D’un autre côté, il n’est pas clair à quelles conditions ou régime pénitentiaire seront soumis les prisonniers transférés. La prison de Rancagua est sous concession, ce qui signifie qu’une grande partie de son fonctionnement dépend d’entreprises externes, contrairement au CAS, qui dépendait presque entièrement d’agences étatiques. Cela signifie par exemple, et entre autres, que la nourriture de la prison est ramenée par une société externe comme Sodexo, ce qui ne garantit pas les conditions nutritionnelles les plus élémentaires. A cela il faut ajouter que dans les prisons sous concession, l’accès des colis envoyés par des ami.e.s et des membres de la famille est limité, en ce qui concerne pratiquement tous les types de nourriture, les livres, etc.

Actuellement, tous les prisonniers transférés sont enfermés 24 heures sur 24 dans leurs cellules, cela durera quatorze jours, pour éviter une possible contagion au Covid, une mesure totalement injustifiée, puisqu’ils n’auront aucun contact avec d’autres prisonniers qui ne sont pas de la même section ; ils n’auront aucun contact avec le reste de la population carcérale. Face à ce scénario d’isolement total et à ce régime carcéral nouveau, les prisonniers ont entamé une grève de la faim liquide, en exigeant la fin de ces conditions d’enfermement absolu et l’amélioration de leur qualité de vie.

Parmi les prisonniers mobilisés il y a les compas anarchistes et subversifs, qui ont terminé depuis un peu plus d’un mois une grève de la faim de cinquante jours et dont l’état de santé pourrait devenir compliqué.

Avec ces mots, je fais appel à toutes les individualités et les collectifs anti-carcérales, antagonistes, anti-autoritaires à prêter attention à la situation des compas anarchistes et subversifs transférés à la prison de Rancagua; nos compagnons emprisonnés ne doivent jamais se sentir seuls.

Main ouverte pour le compagnon.
Poing serré pour l’ennemi.
Solidarité active et combative.

Mónica Caballero Sepúlveda, prisonnière Anarchiste
début juin 2021

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