Prison de Domokos (Grèce) : Sur l’agression mafieuse du compagnon Giannis Dimitrakis

Il Rovescio / vendredi 4 juin 2021

Le 24 mai 2021, le compagnon anarchiste Giannis Dimirakis a été sauvagement tabassé par un groupe de détenus, dans la prison de Domokos. Suite à cette agression, Giannis a été transféré à l’hôpital de Lamia, dans un état critique. Huit jour après, même si son pronostique vital n’est plus engagé, il y a encore des risques pour sa santé : certains des lésions neuronales qu’il a subi pourraient être permanentes. La force d’esprit et la solidité de Giannis nous rendent optimistes quant au fait qu’il sortira victorieux de cette bataille.

La raison de l’agression de Giannis a été son refus d’accepter et de se soumettre aux lois autoritaires et brutales que la mafia carcérale, en complète harmonie avec les matons, veut imposer aux détenus. La cause de cette attaque est sa défense sans faille de son existence éthique, morale et politique, en tant qu’anarchiste, en tant qu’insurgé, en tant qu’activiste social. La raison de cette attaque est son refus de plier la tête face à ceux qui veulent humilier et tabasser les détenus plus faibles afin de gagner du prestige, selon le malsain code « légal » de la mafia. C’est son refus de baisser les bras face aux situations difficiles, qui sont la norme dans les prisons et plus en général dans la compétition sociale et de classe. C’est son refus d’accepter la prison comme condition de vie ; c’est, au fond, son refus de se soumettre à l’État et à ses mécanismes.

Parce que notre Giannis est comme-ça. Ce refus de plier la tête, même là où tout semblait impossible, c’est ce qui l’a caractérisé depuis toujours. Le refus de se soumettre à toute autorité, formelle ou informelle, dans les prisons ou dehors, c’est ce qui l’a amené sur le toit de la taule de Malandrino, pendant la grande révolte de 2007 ; cette négation l’a amené au conflit, toujours dans une prison, contre le fasciste Periandro, en 2009 ; cette négation l’a entraîné, pendant 25 ans toujours avec la même force et la même cohérence, à travers les parcours de la lutte sociale et de classe. Des blocages routiers des années 90 à sa revendication de l’expropriation de la Banque Nationale, en 2006, des dizaines de ses textes politiques à sa participation aux luttes contre le Memorandum, en 2010-2013, aux luttes contre les mafias de la drogue à Exarcheia et sa participation à toute forme de pratique révolutionnaire. Ce qui arme l’esprit et les mains de Giannis est un sentiment de justice unique, un sentiment qui jaillit d’un cœur et d’un esprit uniques.

Les caractéristiques de la bande qui a agressé notre Giannis sont connues. Un des protagonistes de l’attentat est la forme archétypique du monde de la mafia, des trafics de la nuit, du trafic de drogue. C’est-à-dire, une forme archétypique du monde du Pouvoir. Il appartient à ce milieu mafieux qui n’a pas hésité à tuer même les enfants de ses adversaires, il appartient au milieu qui trafiquait des grandes quantités de drogue et qui gardait sous sa houlette des clubs de strip-tease et des maisons closes, avec l’accord de la police, à Kalamata et dans d’autres villes de cette région. Dans la prison, les membres de ce milieu exercent des responsabilités bien précises – en échange, bien entendu, d’une « récompense » – pour assurer le contrôle et la manutention de la taule, dans le cadre du plan établi par l’Administration pénitentiaire et le ministère. C’est-à-dire dans le cadre de l’étouffement de toute protestation et de la consolidation d’une culture du cannibalisme, de la personnalisation, de la soumission aux fortes et de la coopération avec l’Administration pénitentiaire.

Dans ceux qui ont lâchement agressé Giannis, nous voyons les plans répressifs de l’Administration pénitentiaire, du Ministère de la Justice et de celui de la Protection du Citoyen, du gouvernement, de l’État. Comme Giannis l’a dit à des nombreuses reprises, à l’intérieur ou à l’extérieur des prisons, là où les matraques des flics n’arrivent pas, les armes de la police sont les couteaux et les flingues des mafieux. Du coup, si les auteurs de l’attaque contre Giannis sont un groupe précis de mafieux, ses auteurs morales sont la direction de la prison de Domokos, le secrétaire général de la politique anti-criminelle S. Nikolaou, le ministre de la Justice K. Tsiaras et le ministre de la Protection du Citoyen M. Chryssohoïdis.

La tentative provocatrice, de la part de l’État, de cacher et de déformer ce qui s’est passé, ne fait que confirmer et souligner son rôle dans l’attentat contre G. Dimitrakis. En tout cas, la tentative d’assassinat d’un prisonnier politique de la part de mafieux, dans une prison grecque, est quelque chose qui a une grande importance politique, qui doit mobiliser l’intégralité du mouvement révolutionnaire et ouvrir un autre terrain de conflit contre le monde pourri des prisons, des mafias, de l’État et du Capital.

Pour notre part, ce que nous avons à dire, en regardant Giannis dans ses yeux verts, c’est que nous sommes fiers de son comportement et que nous demanderons des comptes aux auteurs matériels et morales de l’attentat à son encontre, comme disent les compagnons turcs.

Courage au combattant anarchiste G. Dimitrakis ! Liberté pour Giannis !

 

Ταξική Αντεπίθεση
(Ομάδα Αναρχικών και Κομμουνιστών)
[Contre-attaque de classe (Groupe anarchiste-communiste) ; NdAtt.]

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