Prison de Santiago 1 (Chili) : Communiqué de quelques anarchistes emprisonnés dans la section 14

Publicación Refractario / mercredi 13 mai 2020

Ces mots naissent dans la section 14 de la prison Santiago 1.

Nous ne représentons personne et ne parlons pas pour l’ensemble de la section. Nous pensons que ces clarifications sont nécessaires à cause de la néfaste « vision romantique » que la rue et le mouvement de lutte attribuent à ce module de « manifestants ». L’esprit de lutte ne s’est pas évaporé seulement dans la rue, il y a eu un effet réel sur la capacité de coordination entre nous et l’extérieur.

Malgré cela et malgré nos propres incapacités, certains d’entre nous se sont associés selon une affinité anti-autoritaire. Dans cette optique, et malgré le fait que celle-ci est une situation embryonnaire de prison politique, nous pensons qu’il est important de faire entendre dehors certaines voix et de clarifier certaines choses.

Ceux d’entre nous qui participent à cette lettre le font avec une ténacité à lutter qui reste intacte et prête ; nous pensons que la bataille, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur des prisons, est une nécessité de cette époque, malgré la situation sanitaire défavorable, utilisée par le pouvoir comme excuse pour militariser davantage nos vies, en nous soumettant avec des outils nouveaux et anciens au contrôle pervers de l’État et des multinationales, qui ne cherchent qu’à défendre le système qui leur apporte des profits.

C’est dans ce contexte qu’un groupe de prisonniers courageux a lancé un mouvement de grève pacifique à l’intérieur des prisons ; notre solidarité et notre force sont avec eux et, même si depuis notre section nous ne pouvons pas nous joindre à la mobilisation, nous utiliserons d’autres instruments pour nous solidariser avec cette grève, qui touche la dignité et le cœur de tout esprit privé de liberté. Et cela ne peut pas se passer dans l’indifférence, ni dans inaction.

La lutte est ici et partout, et malgré la contradiction de demander des solutions aux institutions mêmes qui nous gardent prisonniers, l’urgence d’améliorer les conditions de vie et la nécessité de décongestionner les prisons ne nous laissent pas indifférents ni neutres.

Tant que nous ne pouvons pas démolir à la racine la sadique institution carcérale (qu’il s’agisse de prisons publiques ou gérées par des entreprises privées, pour adultes ou pour mineurs), nous pensons que notre lutte en tant que prisonnier.e.s doit aller dans ce sens et dans le sens de la libération des personnes enfermées pour des délits contre la propriété ainsi que des prisonnier.e.s de la Révolte. Celui-ci est un appel à ce que, malgré les adversités, la lutte continue, non seulement pour notre libération, mais aussi pour la destruction complète de toutes les relations sociales et les institutions qui nous gardent en état d’esclavage et qui, pendant cette pandémie, montrent leur vrai visage fasciste. Refusons le faux accord proposé par cette gauche complice du pouvoir, qui a perfectionné ce système prédateur et répressif qui aujourd’hui sort ses griffes ; les chevaux de Troie du capital doivent eux aussi brûler sur les barricades.

Nous faisons appel à la solidarité réelle et active entre les exploité.e.s et aux diverses initiatives horizontales et anti-autoritaires, comme seul moyen de lutter contre la prison ; pendant que nous arrachons petit à petit quelques miettes des mains du pouvoir, notre but est le démantèlement total des prisons et de toute société qui en a besoin.

Ouvrons toutes les cages !
Courage aux détenu.e.s en grève et à leurs familles !
Courage aux gens dans les mains du Sename [l’institution qui s’occupe de la « réinsertion » (et de l’enfermement) des mineur.e.s « delinquent.e.s, au Chili ; NdAtt.] !
Notre organisation sera leur perte !
Jusqu’à la chute du dernier bastion de la société carcérale !
Contre le capital, ses défenseurs et ses faux critiques !
Seule la lutte nous rendra libres !
Feu aux prisons et aux villas !
Liberté !

Quelques anarchistes emprisonnés dans la section 14 de Santiasco 1
[
jeu de mots entre Santiago et « asco » : dégout ; NdAtt.].
Début de l’automne 2020.

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