Ivry et Vitry (Val-de-Marne) : Des câbles d’Orange coupés et… fini le télétravail ! (MAJ n°2 – 8/05)

Le Parisien / mardi 5 mai 2020

Les coupures de réseau, ça n’arrange jamais personne, mais en cette période de confinement l’affaire est d’autant plus hérissante pour les 100 000 clients Orange qui depuis ce mardi matin ne peuvent plus accéder à leurs services Internet ou mobile.
Des câbles ont été sectionnés à la disqueuse sur la commune d’Ivry-sur-Seine dans la matinée, puis à Vitry-sur-Seine en milieu d’après-midi. Des actes de vandalismes qui ont impacté le réseau fibre d’Orange de plusieurs communes du Val-de-Marne et d’une partie du Sud-Est de Paris. Le réseau pourrait ne pas être rétabli avant jeudi.
Orange estime que 34 000 clients Internet et 12 000 clients professionnels sont potentiellement concernés par la coupure de réseau. Ainsi que 70 000 clients Orange mobile dans le Val-de-Marne.

L’impact des actes de vandalismes qui ont suivi, dix câbles sectionnés, à Vitry était en cours d’évaluation ce mardi en début de soirée. Une plainte a été déposée et une enquête est en cours. Selon les éléments avancés par Orange, il s’agirait de l’acte d’une seule personne.
« Les clients prioritaires identifiés sont rétablis en priorité, les techniciens se relaieront et les travaux se poursuivront toute la nuit pour un rétablissement progressif et une fin de rétablissement envisagé jeudi soir dans la nuit pour Ivry-sur-Seine et en cours d’évaluation pour Vitry-sur-Seine », avance la direction de la communication d’Orange Ile-de-France.
Sur Twitter, de nombreux clients interpellent Orange, notamment ceux empêchés de télétravailler.

Plusieurs actes de vandalisme ont provoqué depuis le début du confinement des coupures de réseau, notamment à Argenteuil (Val-d’Oise) [cf. ci-dessous ; NdAtt.] voici deux jours ou à Massy et Wissous (Essonne) au début du mois d’avril.

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Argenteuil (Val-d’Oise) : Couper les câbles pour mettre HS les caméras

extrait du Parisien / dimanche 3 mai 2020

[…] Aux Champioux, tous les câbles ont été sectionnés. « On a refait le shelter en août. On peut recommencer, déplore-t-il. Il y a tout un processus pour refaire le câblage et c’est long. » Parmi, les raisons qui pousseraient des individus à commettre de tels actes, il y aurait la volonté de mettre hors service les caméras de la ville. Jean-Claude Brier, cite un gestionnaire de réseau qui s’est posé la question de préciser sur les armoires que celles-ci n’avaient pas de rapport avec la vidéosurveillance.
Fiona Lazaar [la députée LREM d’Argenteuil-Bezons ; NdAtt.] a interpellé le gouvernement sur cette question en février. Elle a également écrit à SFR et l’Arcep. « Tous les opérateurs d’infrastructure discutent avec les opérateurs commerciaux pour trouver une solution », assure Jean-Claude Brier. « L’Arcep est bien consciente du problème. Tout l’enjeu est de permettre qu’une variété d’acteurs puisse intervenir sur une infrastructure partagée. Il faut donc établir des normes et pratiques communes », indique l’Arcep. Cette dernière a mis en place un groupe de travail pour responsabiliser les sous-traitants et améliorer les processus entre opérateurs.
L’Arcep précise aussi qu’un nouveau type d’armoire est en cours d’expérimentation à Argenteuil.

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Mise à jour du 6 mai : du jamais vu

Le Parisien / mercredi 6 mai 2020

Elles étaient encore environ 20 000 mercredi 6 mai à attendre le 11 mai sans doute
encore plus que les autres. Toutes les personnes privées de leur connexion à Internet ou au réseau mobile d’Orange en raison de la gigantesque coupure survenue la veille en Ile-de-France devraient en retrouver l’accès lundi dans la matinée, jour du début du déconfinement. En raison de la panne, beaucoup n’étaient plus en mesure de télétravailler.

Une enquête menée par le SDPJ du Val-de-Marne a démarré pour déterminer l’origine de ce « sabotage intentionnel à grande échelle », « du jamais-vu en 20 ans», d’après un patron d’une importante entreprise Internet qui opère des centres de données dans la zone. Une source policière évoque pour l’heure un préjudice estimé à un million d’euros. Le parquet de Créteil, contacté par le Parisien, n’a pas répondu à nos sollicitations.

Ce sabotage qui a affecté plus de 50 000 clients mardi ne serait l’acte que « d’une seule personne équipée d’une disqueuse », avance de son côté la direction de la communication d’Orange Ile-de-France, qui précise n’avoir constaté « aucun vol ». Le but « est bien », d’après l’entreprise, « de couper le réseau ».

Ces coupures interviennent dans un contexte de sabotages à répétition sur l’ensemble du territoire depuis un mois. Avec toujours les mêmes cibles : les outils de communication. « Plus d’une vingtaine » d’actes de sabotages ou destructions symboliques ont ainsi été recensés en France, selon une note confidentielle du Service central du renseignement territorial (SCRT) datée du 23 avril, comme nous le révélions lundi. Avec, pensent les agents, l’ultragauche à la manœuvre.

Contacté, le Parquet national antiterroriste (Pnat) indique être informé des faits et rester « très attentif à ce phénomène de sabotage ». Des spécialistes de l’antiterrorisme estiment que ce sont des faits graves et préjudiciables, mais que la question doit être posée de savoir s’il y a un trouble à l’ordre public par l’intimidation et la terreur, qui est le propre du terrorisme.

Mercredi, Orange a déposé une nouvelle plainte suite à la « suspicion d’un nouvel acte de vandalisme sur un autre poste à Vitry ». D’après nos informations, les faits ont eu lieu mardi en deux temps : avenue Danielle-Casanova à Ivry-sur-Seine, où des câbles souterrains ont été coupés dans la matinée. Même procédé l’après-midi dans la zone industrielle de Vitry-sur-Seine, où des techniciens ont également constaté les dégâts.

« Il y a quatre lieux de vandalisme répertoriés pour l’instant », comptabilise-t-on à la direction de la communication d’Orange Ile-de-France, qui précise que ses équipes « se relaient nuit et jour 24 heures sur 24 » pour rétablir le réseau. Deux à Ivry à 500 mètres d’intervalle et deux à Vitry à deux kilomètres d’intervalle. Pour le premier point, 4000 lignes ont été touchées avec un rétablissement progressif entamé mercredi après-midi. Le second lieu ne devrait pas être « important en termes d’impact clients », précise-t-on chez Orange. « Le confinement rend la réparation plus longue et plus difficile, il s’agit de petits locaux où l’on ne peut pas se trouver à plusieurs techniciens », affirme un cadre important chez Orange.

Plusieurs commissariats et hôpitaux ont également été touchés comme le centre hospitalier intercommunal de Villeneuve-Saint-Georges (CHIV) qui est « toutefois équipé d’un relais de secours », note-t-on chez Orange, précisant que les hôpitaux « sont prioritaires pour le rétablissement du réseau ». « Notre direction du système d’information a immédiatement réagi pour rétablir un lien réseau, notamment en passant par le réseau du centre hospitalier intercommunal de Créteil », ajoute-t-on à la communication du CHIV.

Les pertes de connexions à Internet ou au réseau mobile d’Orange ne sont-elles que la partie émergée d’un gigantesque iceberg ? Plusieurs entreprises dépendantes de datacenters situés près de Vitry, comme le site de poker et de paris Winamax, ont connu une interruption de service temporaire mardi. Mais alors que certaines ont redémarré, d’autres restaient pour l’heure paralysées car la coupure a aussi frappé d’autres fournisseurs d’accès à Internet qu’Orange qui utilisent ce réseau haut débit.

« Ces individus ont forcé les plaques de rue qui protègent les réseaux souterrains de fibres optiques. Ils ont ensuite coupé les gros câbles et pris le temps de tout recouper en de plus petits morceaux pour retarder les réparations qui pourraient prendre des semaines », assure ce patron d’une importante entreprise du numérique.

L’acte de vandalisme opéré équivaut, dit-il, au fait de s’en prendre à un « réseau de lignes à haute tension », car les auteurs ont, toujours d’après lui, « touché le réseau névralgique du réseau Internet français, où sont aussi situés des nœuds internationaux de communication ».

Il évoque des coupures « méthodiques et organisées sur une vingtaine de points dans un rayon de 5 km dans le Val-de-Marne », quand Orange n’évoque à ce stade que quatre points de vandalisme, un chiffre confirmé par une source proche de l’enquête. Pour ce professionnel du secteur, la piste d’un « groupe très organisé » est crédible, car la localisation de ces points de passage des câbles est « confidentielle ». Sans compter que le fait de couper des fibres optiques en verre protégées par des gainages nécessite d’être bien équipé.

De soin côté, un haut fonctionnaire spécialiste de ces questions affirme : «Aucun élément ne relie procéduralement à l’ultragauche, mais ce qui frappe est le caractère structuré et planifié de l’action qui ne doit rien au hasard. C’est une première depuis longtemps, même s’il ne faut rien exclure.»

La réparation pourrait prendre « énormément de temps », poursuit une source proche de l’enquête. Parce que les câbles sélectionnés constituent des « points névralgiques », ce que les auteurs qui « cherchaient à nuire le plus possible » ne pouvaient ignorer, explique le même haut cadre chez Orange.

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Mise à jour du 8 mai :

Le Parisien / jeudi 7 mai

Par les temps qui courent, ouvrir un boîtier de fibre optique par curiosité n’est pas une bonne idée. C’est ce qui a valu à un homme d’être interpellé et placé en garde à vue mercredi soir à Villeneuve-le-Roi alors qu’une enquête a été ouverte en début de semaine suite à de multiples coupures intentionnelles de câbles télécom dans le Val-de-Marne.

Un sabotage qui depuis mardi a privé des milliers de personnes d’accès au téléphone ou à Internet, jusque dans le XIXe arrondissement de Paris, perturbant particuliers, commissariats, bureaux de Poste, hôpitaux… L’homme interpellé en flagrant délit par la brigade anti-criminalité a finalement été relâché jeudi matin, aucun rapprochement n’ayant pu être établi avec la série de coupures, aucune infraction ne pouvant lui être imputée.

À ce jour dans cette affaire, seule l’entreprise Orange a porté plainte. Son réseau a subi des dégradations à cinq endroits, répartis à Ivry et Vitry. Mais d’autres opérateurs ont été touchés car au total ce sont neuf boîtiers qui ont été pris pour cible. « Des investigations techniques sont en cours », indique le parquet de Créteil alors que la Brigade criminelle est chargée de l’enquête sur ce sabotage considéré comme « sans précédent ».

Depuis mardi, il ne laisse d’autre choix aux techniciens d’Orange que de se relayer jour et nuit pour rétablir le réseau. Dans des conditions parfois compliquées en raison des « gestes barrières » à appliquer en ce moment. Jeudi soir, moins de 10 000 lignes restaient à réparer pour le réseau fibre optique. Le réseau cuivre devrait lui être rétabli entièrement ce week-end. Le retour à la normale est attendu lundi, jour qui doit marquer le début du déconfinement.

« Nous avons encore besoin de finaliser des opérations et d’en vérifier la qualité », indique-t-on à la direction de la communication d’Orange Ile-de-France. Ce sabotage qui a affecté jusqu’à 50 000 clients ne s’est accompagné d’« aucun vol », a précisé l’entreprise. […]

[NdAtt. : le reste ce cet article ne mérite pas d’y perdre son temps. Au passage, Attaque emmerde le Parisien et autres larbins de la Pref’ ]

et quelques extraits du Point, toujours du  du 7 mai :

[…] Le caractère structuré et méthodique de l’action ne doit rien au hasard », selon la DGSI, la Direction générale de la sécurité intérieure. Un ou plusieurs individus ont soulevé une plaque d’égout pour atteindre et couper la fibre optique qui permet aux habitants, aux hôpitaux, aux commissariats et entreprises du sud-est de Paris d’être reliés au très haut débit.
Selon les techniciens interrogés par la police, le préjudice s’élève à 1 million d’euros. Les dégradations ont pu également causer des pertes de données personnelles dans les ordinateurs des établissements hospitaliers ou des hôtels de police du secteur. Les dégâts ont également touché les systèmes d’alarme vidéo propres à la sécurité de certaines PME.

[…] Des professionnels du secteur voient quant à eux plutôt la main de sous-traitants privés de marchés et de travail. « Pour accéder à la fibre optique à cet endroit précis, il faut être un pro, de même pour connaître l’exact emplacement de la fibre noire, il faut être du métier. Même si rien n’exclut un sabotage de la part d’un employé du secteur qui partagerait des idées anarchistes. » […]

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