Espagne : Une guerre fictive

ContraMadriz / mercredi 25 mars 2020

Pendant le développement de la crise due au Covid-19, nous avons pu assister à de nombreuses interventions de représentant.e.s du gouvernement, qui ont recours à une rhétorique qui veut que nous soyons en guerre.
La nécessité pour l’État d’adopter une telle sémantique belliciste est facile à comprendre, en particulier dans l’Europe « sûre », civilisée et pacifiée, dans laquelle on nous a appris à croire – et à adorer – et dans laquelle nous avons été éduqué.e.s (du moins nombreux.ses d’entre nous), l’Europe qui sous-traite ses guerres pour qu’elles soient menées dans d’autres territoires, qui cache autant que possible ses ravages, qui délocalise la plupart de ses industries extractives, qui construit des camps de concentration et des camps de la mort aussi loin que possible de la population et envoie ses déchets dans ce qu’elle appelle le « tiers monde », pendant qu’elle polit les sols de la vitrine touristique dans laquelle elle a transformée ses villes.

La guerre ne pourrait pas éclater dans nos cages dorées, mais l’État dépend de la guerre pour survivre.

C’est pourquoi l’État profitera de toutes les occasions pour récupérer cette situation, qui serait très différente ou qui n’aurait peut-être jamais eu lieu sans les massacres de la civilisation et du capitalisme, tout en l’utilisant pour réintégrer la peur de la guerre, dans ce cas la guerre contre le virus.

L’idée d’un élément extérieur qui veut nous nuire est l’aspiration de l’État à promouvoir dans l’imaginaire social la conception, supposée par la guerre, d’une menace omniprésente et toujours à l’affût, et en contrepartie l’image de lui-même comme notre seule possibilité de salut face à celle-ci.

C’est pourquoi, aujourd’hui plus que jamais, il est essentiel de démanteler l’existence des fictions de guerre que sa propagande nous vend.

L’existence de l’État est la composante politique qui provoque la guerre telle que nous la concevons.

La guerre est l’outil avec lequel la civilisation se développe.

Le besoin de croissance exponentielle du capitalisme est le déclencheur des guerres pour les ressources.

L’État n’existe pas pour nous sauver de la guerre, il en est le déclencheur.

La rapidité avec laquelle, d’une part, l’État a adopté cette stratégie de propagande qui le décrit comme indispensable et, d’autre part, l’application de restrictions de mobilité, la fermeture des frontières, les rues remplies d’uniformes de police et de militaires et le ciel de drones pour nous confiner entre quatre murs, ne sont pas d’événements isolés, mais de mesures préventives de la part de l’État afin d’essayer d’empêcher une éventuelle insurrection pendant la période d’instabilité provoquée par la crise sanitaire dans laquelle nous nous trouvons, et qui aura comme conséquence encore plus de crise sociale et économique.

Rejetons les fictions que l’État diffuse pour son propre salut et battons-nous pour ouvrir un chemin à travers les ténèbres.

Démontons les idées et les action qui sacrifient la liberté pour la « sécurité » et les discours qui déguisent les lois et les restrictions en quelque chose qui serait établi pour notre bien, alors que nous savons qu’elles ne le sont pas et ne le seront jamais.

Démasquons l’absurdité de l’appel au patriotisme et à l’unité qui surgit à travers des rituels tels que les applaudissements qui prétendent féliciter et acclamer les personnes décrites par le président du gouvernement (pour continuer à alimenter cette guerre invisible) comme « notre première ligne de défense », alors que ce sont les budgets de l’État eux-mêmes qui ont augmenté la gravité du fardeau qui pèse sur le système sanitaire.

Apprenons à discerner nos ennemis.
Attaquons-nous à la civilisation et à ses crises.
Faisons en sorte que la peur qu’ils propagent nourrisse notre haine.

Contre l’autorité et les mensonges qui la justifient.
Contre la police et ses mesures répressives.
Contre leur guerre fictive.

Guerre à l’État.

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