Saint-Victor (Aveyron): Expulsion de l’Amassada

Mardi 8 octobre, l’Amassada, à Saint-Victor (Aveyron), occupée depuis 2014 pour empecher la construction d’un transformateur électrique de la part de RTE, a été expulsée.

Ici, quelques extraits de ce qui s’est passé la semaine dernière, tirés de douze.noblogs.org :

8 octobre : Les expulseurs de ce matin n’ont pas chomé après avoir détruit sans vergogne cabanes et balançoires : ils érigent actuellement un grillage autour de la zone dans laquelle ils voudraient entamer les travaux. Nous ne les laisserons pas travailler en paix. Ce soir 18h nous irons jusqu’à leur fortin, nous retournerons à la Plaine. Venez nombreuses et nombreux.


11 octobre : 11h Manifestation sauvage jusqu’à l’antenne locale de RTE suivie de près par un hélicoptère de la gendarmerie. Les gendarmes se postent devant l’entrée de RTE gaz en main. Nous continuons à chanter joyeusement, jusqu’à 12h avec un retour en centre ville

Samedi 12 octobre, une centaine de personne marchent jusqu’au chantier affublés de masques de la préfète Catherine Sarlandie de la Robertie. Après avoir testé la fébrilité des grilles, les forces de l’ordre interviennent à grands renforts de gazeuses à main. Les affrontements dureront deux heures, charges contre cailloux du causse. Quatre personnes seront interpellées, celles-ci sont toujours en garde à vue dans la nuit de samedi à dimanche.

13 octobre : info de dernière minute: deux des gardés à vue passent devant le procureur demain matin . Le rdv est donc à 10h devant le tribunal.
Information sur les 4 gardes à vue en cour:
Une personne à Saint jean du bruel, une à Rignac, une à Saint Beauzely et encore une autre à Séverac le chateau. Les quatres gardes à vues ont été prolongé de 24h. Les quatres personnes seront trés certainement ammenées à Rodez demain. Des personnes sont devant les gendarmeries pour soutenir, vous pouvez les rejoindres. Deux des gardés à vue on été conduits à l’hopital, pour une à plusieurs reprises. Demain retrouvons nous à midi devant le tribunal de Rodez.
Continuez à rejoindre l’Amassada en exil. Prevoyez tentes et duvets.
Samedi prochain rendez vous à 14H devant l’ancien Stade de Saint Victor pour une grillée de châtaigne. (Rdv le vendredi pour ramassage collectif)

14 octobre : Les copain.es sont tous sortis du tribunal avec un contrôle judiciaire et l’interdiction de se rendre sur la commune de Saint Victor en attendant le procés prévu le 11 Mars. Restons solidaires.

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La lutte de l’Amassada est aussi une lutte anti-nucléaire

Bureburebure.info / mercredi 9 octobre 2019

Sur ces terres agricoles est prévue par RTE la construction d’un transformateur électrique de 6 hectares. Serait-ce un avant-goût aux travaux connexes du Cigéo ? Les similitudes ne s’arrêtent pas là.

L’objet de ce transformateur est de contribuer à un réseau transnational de transport de l’électricité, tel un nœud sur une autoroute de l’énergie qui va du nord de l’Europe au Maghreb. Il permettra notamment le raccordement via d’autres transformateurs de plus basse tension de centaines d’éoliennes en projet sur les causses aveyronnais.

Une aubaine pour l’écologie ? Pas si sûr ! Outre la destruction de terre agricoles et autres zones naturelles sensibles dans des territoires choisis pour leur faible densité de population, c’est la question du modèle énergétique qui accompagne cette industrialisation des campagnes qu’il faut se poser.

L’existence de ce réseau centralisé n’est pas sans nous rappeler l’industrie nucléaire : il en partage le fonctionnement. Les unités de production sont situées loin des lieux de consommation et sont aux mains des grands groupes de l’énergie : Areva, Total, EDF… Les citoyen.nes n’ont aucun droit de regard sur ces parcs. Une seule de ces mini-usines suffirait-elle à la consommation de leur village? Y a-t-il des alternatives, serait-ce un moyen de réaliser concrètement ce qu’implique notre consommation électrique? Le débat n’est pas là, les technocrates décident pour nous.

Le but premier de ces machines n’est de toute manière pas d’assurer l’autonomie énergétique du pays. L’électricité « verte » (qui a déjà vu la couleur d’un électron?) se monnaye bien sur le marché européen de l’énergie et de la « compensation carbone », fer de lance de l’écologie financiarisée. Ceci évite à ces groupes de belles amendes et surtout de se poser la question d’un modèle de surconsommation énergétique.

En l’état actuel, cette nouvelle production de renouvelables s’ajoute à la production électronucléaire : la consommation énergétique, qu’on ne peut décorréler de la consommation d’autre ressources finies, augmente au total. Combien de fermetures de réacteurs nucléaires en France depuis le début de la « transition énergétique »?

Du point de vue du territoire, la logique est également la même que pour la Meuse et la Haute Marne : la fonctionnalisation des territoires. Si dans l’esprit des aménageurs, le Grand Est doit devenir un « pôle d’excellence » dans le nucléaire, les élites politiques et industrielles de l’Aveyron ambitionnent de transformer leur département en pôle de production d’énergies renouvelables. Si l’image est à n’en pas douter plus flatteuse, le mécanisme est le même : un territoire spécialisé et au service de métropoles centralisatrices.

Le Grand Est doit servir à la fois de grenier et de poubelle, de base arrière de l’industrie nucléaire pour le pays et l’ogre parisien ; l’Aveyron, de caution écolo pour l’Occitanie et de lieu touristique pour permettre à la métropole toulousaine de produire avions et autres missiles en toute tranquillité… La ruralité est au service de la société militaro-industrielle.

Bien loin du mythe de l’alternative, le nucléaire, le charbon et l’éolien industriel marchent aujourd’hui main dans la main. L’éolienne Piggott de la maison de résistance à Bure aura fort à faire pour convaincre ses « grandes sœurs » de 160m de haut et les nucléocrates que l’écologie sera anti-industrielle, locale et populaire ou ne sera pas.

A Bure, à Saint-Victor et ailleurs, l’État réprime, la technocratie opprime, l’industrie décime.

Solidarité contre toutes les expulsions.

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