Capo di Ponte (Brescia – Italie) : Trois journées contre les techno-sciences. 26-27-28 juillet 2019

Anarhija.info / mercredi 10 avril 2019

Aujourd’hui plus que jamais, nous ressentons la nécessité d’organiser une rencontre entre compagnons et compagnonnes de différents pays, qui sont déjà engagé.e.s dans une critique et dans de parcours d’opposition aux développements des techno-sciences. Un moment important pour échanger et partager des analyses, des réflexions et des expériences, pour renforcer la critique et affiner encore plus notre pensée à travers la confrontation avec d’autres groupes et individualités qui s’opposent depuis longtemps aux développements des techno-sciences.

Face à l’aridité et à la dégénération de la pensée contemporaine et face au manque de conscience de l’omniprésence, la totalité et surtout l’irréversibilité des techno-sciences, il y a la nécessité d’une analyse lucide de l’époque présente et de la réalité qui nous entoure, qui se transforme et qui nous transforme.
Dans la société d’aujourd’hui, le contrôle prend des formes nouvelles, à travers l’informatisation et la numérisation de la planète et de nos vies. Si les plantes OGM contaminent l’environnement, si les nanotubes et les fullerènes s’infiltrent dans les cellules, si la poussière intelligente, les RFID et les capteurs se préparent à couvrir chaque espace et même nos corps, dans le « planète intelligente » d’IBM, un monde recouvert et pénétré par des nuisances invisibles, on devient des machines communicantes et la nuisance devient écologique, sociale et systématique.

Une transformation profonde et radicale de l’humain et de tout le vivant est en cours. Dans le paradigme biotech, depuis un certain temps déjà, l’expérimentation n’a pas lieu seulement à l’intérieur des murs des laboratoires, le laboratoire c’est le monde entier et les corps eux-mêmes deviennent des laboratoires vivants. Mais l’étape à laquelle nous sommes confronté.e.s aujourd‘hui est encore plus insidieuse : la biotechnologie elle-même est en train de changer, par rapport à comment on l’a connues jusqu’à maintenant. La vraie tâche de l’industrie biotech, un ensemble de multinationales, d’universités, de centres de recherche, de fondations, d’associations professionnelles, n’est plus de démontrer que le génie génétique est dépourvu de conséquences, mais d’en changer en profondeur le visage : le nouveau visage des biotechnologies s’appelle génie génétique, CRISPR. La nouvelle des petites filles « éditées » génétiquement en Chine est un seuil en plus qui a été franchi, d’où personne peut penser pouvoir revenir en arrière.

Dans la reproduction artificielle, l’eugénisme se fait dans l’éprouvette et bientôt la nouvelle gauche progressiste et le nouveau féminisme cyborg-néoliberal exigeront l’eugénisme comme service public ; après la GPA « éthique », après la PMA pour toutes et tous, ils vont demander le génie génétique pour toutes et tous. Tout cela en syntonie parfaite avec la direction qui a déjà été prise, celle de la sélection de l’humain, et avec le monde transhumaniste, protagoniste de la révolution CRISPR, qui ne veut pas manquer les possibles applications à l’humain de cette nouvelle technologie de génie génétique.
La production de corps à exploiter, à piller, à modifier, ainsi que le rêve de se libérer du corps en chair, limité et mortel, se rencontrent dans l’idéologie transhumaniste. Les techno-sciences ne sont pas neutres non seulement dans leurs finalités, qu’elles les atteignent ou pas, mais déjà du départ, dans leur idée de redessiner le monde, qui rend tous les corps disponibles, prêts à être démembrés, modifiés, objets d’ingénierie dans une disponibilité infinie des corps.

Nous vivons dans un contexte où sont menacées les possibilités mêmes de ressentir autre chose, d’imaginer autre chose, de nier, en conséquence, ce qui existe et de le combattre. Si tout est relatif et sujet à interprétation, il n’y a plus de réalité contre la quelle se révolter. Le sujet lui-même n’existe plus, déconstruit et désintégré par le post-moderne, afin d’être récrée dans l’intérêt des marchés et du système techno-scientifique : un individu parfaitement conforme, neutre, fluide, malléable, spongieux, protéiforme. Le post-moderne efface la réalité elle-même et lui donne un sens nouveau, dans un monde à l’envers où la nature n’existe pas, la marchandisation devient liberté et où il ne doivent plus exister des limites. Mais si aucun limite existe, tout devient possible.

Trop de choses s’estompent, deviennent indéfinies. Nous voudrions par contre les garder bien claires, ces lignes de démarcation entre organique et inorganique, chair et métal, circuits électroniques et systèmes nerveux, vie et mort, naturel et artificiel. Avoir une vision claire de ce que nous ne laisserons pas détruire et aussi ce que nous ne laisserons pas déconstruire, ni par le système techno-scientifique, ni par le post-modernisme avec ses faux critiques et ses faux opposants. La nature, les corps, les vivants, ne peuvent pas être déconstruits. Si on le fait, la voie est ouverte à la transformation de tout ce qui existe en un laboratoire vivant.
La résistance est minée non seulement par le système du pouvoir, mais aussi par ces tendances contemporaines. Le reflux des époques de forte lutte a vu les contestataires débarquer dans des endroits heureux, plus virtuels que réels, à l’aide de ces nouvelles idéologies fabriquées par des universitaires qui, depuis leurs bureaux confortables, se sont appliqués à compliquer les choses ou à les embrouiller, tandis que, au contraire, tout est extrêmement clair.

L’État et ses appareils, en abandonnant et en dépassant en partie leurs rôles traditionnels, sont devenu fonctionnels au procès technologique. Un procès qui s’incarne dans les centres de recherche, dans des colosses comme Google, IBM, Microsoft, dans les multinationales agroalimentaires, pharmaceutiques et biotechnologiques.

Comment imaginer de construire une communauté différente si les bases de la survie elles-mêmes sont mises en danger ? Si les enfants seront conçu.e.s en éprouvette ? Si l’individu sera de plus en plus atomisé, homologué et infiniment modifiable ? Si la biodiversité de la planète sera compromise de façon irrémédiable ?
Conscients des enjeux, il est essentiel et urgent de rassembler les forces, de mêler les analyses et les parcours de lutte aussi dans un réseau international.

Collettivo Resistenze al Nanomondo

www.resistenzealnanomondo.org
pour information et contacts: info@resistenzealnanomondo.org

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