Val d’Oise : La gendarmerie recrute des collabos

Le Parisien / vendredi 22 juin 2018

Pour lutter contre l’insécurité en milieu rural, la préfecture et les militaires vont s’appuyer sur le réseau d’informateurs que sont les acteurs de la faune et de la flore.
« Y’a le bon chasseur, y voit un truc qui bouge, y prévient» écriraient aujourd’hui les Inconnus s’ils devaient rejouer leur célèbre sketch.
Vendredi, les professionnels de huit associations et fédérations de chasse, de pêche et d’usagers de la forêt du Val-d’Oise étaient réunis à la maison de la pêche et de la chasse de Grisy-les-Plâtres pour signer une convention de partenariat avec la préfecture.

Son objet ? impliquer les acteurs du monde de la faune et de la flore dans la création d’un réseau de vigilance et d’information pour lutter contre l’insécurité et les infractions en milieu naturel. Une sorte de « Voisins vigilants » à la sauce rurale en somme.
«L’idée est d’organiser la sécurité en profitant des réseaux qui n’ont pas forcément été créés pour ça au départ », explique le préfet Jean-Yves Latournerie. «C’est la seule convention de cette importance en France, se félicite à son tour le colonel Thomas, commandant du groupement de gendarmerie du Val-d’Oise. On a besoin de leur aide pour rendre ces territoires plus sûrs. C’est grâce à eux qu’on va recréer le maillage qui existait autrefois entre les gendarmes et la population. » «Ils ont la connaissance du terrain et le sens de l’observation, ajoute Gilles Lafond, le chef d’état-major du groupement de gendarmerie. Sur certains territoires ruraux, notre activité s’est recentrée sur les zones les plus urbanisées. Ils auront des yeux et des oreilles dans des contrées plus lointaines.»
Dans les faits, chaque association et fédération nommera un ou plusieurs référents identifiés des gendarmes. Ceux-ci seront chargés «d’observer, d’alerter et de sensibiliser ». En cas d’urgence, ils devront immédiatement composer le 17 et ne pas intervenir par eux-mêmes. Une excellente initiative selon les signataires du document.
«Depuis des années, on relevait des infractions mais il n’y avait pas de suites, explique Jean-Luc Barrailler, président de l’association pour la gestion du grand gibier dans le Val-d’Oise qui déplore des problèmes de braconnage. Maintenant, on est sûrs que les informations seront traitées. » Pour Bernard Breton, le soutien de l’Etat est important. «Les pêcheurs sont constamment sur le terrain et ils voient des choses dans des endroits isolés comme lors de dépôts sauvages, explique le président de la fédération du Val-d’Oise pour la pêche et la protection du milieu aquatique, qui remplit déjà des missions de service public avec la lutte contre le braconnage et la protection des milieux aquatiques. Nos 5 000 pêcheurs sont répartis au sein de 20 associations qui ont toutes un ou deux garde-pêches formés à ce rôle de sentinelle. »
Reste désormais à rendre cette convention efficiente sur le terrain. « Le réseau ne fonctionnera que si les référents sont crédibles, prévient Jean-Luc Barailler. Et pour les maintenir mobilisés, il faudra qu’ils aient un retour sur leur travail. »
On les appelle les Patrouilleurs du Vexin. Depuis décembre, la gendarmerie du Val-d’Oise expérimente un nouveau dispositif dans le Vexin. Quatre militaires sont détachés, quatre jours par semaine, pour aller à la rencontre de la population.
Leur mission ? Arpenter le Vexin et renouer le contact avec ses habitants afin de faire baisser le sentiment d’insécurité, désamorcer les conflits, remonter des informations, prendre en compte des phénomènes d’incivilité. Sur Auvers et Méry-sur-Oise, deux communes plus urbaines, les gendarmes ont adopté un système différent, mobilisant un gendarme de chaque brigade, deux ou trois fois par semaine, pour rencontrer les bailleurs sociaux, les gardiens d’immeubles, la population.

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