Ni loi, ni travail : Manifestations du 14 avril [MAJ 17/4 : Rouen et Marseille]

Le Parisien / jeudi 14 avril 2016

McDo Répu 14 4 2016Le projet de loi Travail mobilise toujours contre lui.  Alors que de nouvelles manifestations ont lieu ce jeudi, à l’appel de la coordination nationale étudiante (CNE, universités mobilisées), des violences ont été enregistrées à Paris où six personnes ont été interpellées. Des incidents ont aussi émaillé des rassemblements à Montpellier, près de Toulouse et à Nantes. […]
A Paris, en journée la situation avait dégénéré vers 16 heures alors que le cortège parti de la place Stalingrad arrivait sur la place de la République. Les heurts ont débuté quand quelques dizaines de jeunes cagoulés ou masqués se sont arrêtés sur la place pour affronter les forces de l’ordre, alors que le défilé devait rejoindre la place de la Bastille. Ils ont jeté des chaises, bâtons, bouteilles en direction des CRS présents, qui ont riposté avec des charges et des gaz lacrymogènes. Une jeune femme a été emmenée à l’hôpital pour une raison encore indéterminée, selon une source policière.

Plusieurs images ont montré une personne à terre, immobile, entourée par les forces de l’ordre. Pour l’instant, on ne sait pas ce qui lui est arrivé, ni s’il s’agit de la femme emmenée à l’hôpital. Selon la préfecture de police, quatre manifestants ont été légèrement blessés ainsi que sept CRS.  Au total, six personnes ont été interpellées pour des jets de projectiles et «outrages, dont quatre lors d’incidents avant le début de la manifestation, a indiqué la préfecture de police. […]

A la mi-journée, un rassemblement avait été organisé place Stalingrad (10e et 19e arrondissements), près des gares de l’Est et du Nord, où les forces de l’ordre étaient positionnées en nombre. La situation s’est tendue peu après 13 heures. Des échauffourées ont opposé manifestants et forces de l’ordre. […]

Dans les Hauts-de-Seine, où des rassemblement ont lieu quotidiennement, quatre lycéens ont également été placés en garde à vue pour jets de projectiles, outrage ou violences envers les services de police, selon une source policière.

Montpellier 14 4 2016Montpellier : Dans l’Hérault, les lycéens se sont rassemblés dès 8 heures devant plusieurs établissements scolaires de Montpellier. Des feux de poubelles ont été allumés et des vitres brisées selon Midi Libre. A 10 heures, les étudiants ont commencé à se diriger vers le centre-ville où des heurts ont eu lieu avec les forces de l’ordre. Toutes les lignes de tramway ont été arrêtées par mesure de sécurité. La manifestation s’est terminée vers 14h30. Au total, 30 personnes ont été interpellées et 15 placées en garde à vue selon Midi Libre.

Nantes 14 4 2016 2Nantes : Environ 500 personnes se sont réunies dans le calme à Nantes. La mobilisation a été perturbée vers 17h30 par des casseurs venus d’abord caillasser la préfecture, puis en découdre avec les forces de l’ordre rapporte France Bleu Loire-Océan. Les autorités ont riposté avec des gaz lacrymogènes. Selon une journaliste de Presse Océan, de nouveaux affrontements ont eu lieu alors que le cortège poursuit sa route. Les forces de l’ordre ont eu recours à plusieurs reprises à une quantité importante de gaz lacrymogènes. Une poubelle a par ailleurs été incendiée. Un arrêt de tramway a par ailleurs été détruit. En revanche, les commerces et les banques n’ont pas été visés.

Toulouse : Plus de 200 personnes, «Nuit debout» et autres opposants à la loi Travail, se sont réunies jeudi matin, à Castelmaurou, près de Toulouse, pour railler la venue du président du Medef Pierre Gattaz à une conférence sur la «solitude» des patrons. […] Pierre Gattaz est venu participer à un colloque sur «la solitude du chef d’entreprise», organisé par le Medef de Haute-Garonne. Le rassemblement contre la loi Travail prévu dans la ville rose c’est lui déroulé calmement. Le cortège est arrivé à destination vers 14 heures, puis a commencé à se disperser.

A Rennes (Ille-et-Vilaine) les locaux de l’organisation patronale ont été envahis et dégradés, selon la préfecture. [Mise-à-jour 17/04 Att: les contenus des armoires vidés dans les couloirs, vols d’ordinateurs et de micros, caméras de surveillance cassées, standard et accueil saccagés. Les manifestants ont aussi lancé des tables par les fenêtres, au-dessus des voitures stationnées sur les parkings]

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Montpellier : Une manifestation agitée

20minutes / jeudi 14 avril 2016

Montpellier 14 4 2016 5La matinée était tendue ce jeudi à Montpellier. Dès 7h, les lycéens, en colère contre le projet de loi Travail, ont bloqué l’accès de la quasi-totalité des établissements de la ville. Les quelque 1.000 à 2.000 manifestants se sont ensuite donné rendez-vous sur l’esplanade Charles-de-Gaulle, laissant derrière eux des vitres brisées, des poubelles renversées, et des arrêts de tramway saccagés.

Là, entre le Corum et le kiosque Bosc, en fin de matinée, durant près de 2h, une véritable scène de guérilla urbaine a opposé les CRS et la foule de lycéens, gaz lacrymogènes pour les uns contre jets de pierres pour les autres. Seize policiers ont été blessés. On ignore s’il y a eu des blessés parmi les manifestants.

Montpellier 14 4 2016 3D’après la police, dégâts et débordements sont l’œuvre de 150 à 200 « casseurs », qui se seraient mêlés à la manifestation […] Une trentaine de manifestants ont été interpellés : 17 (dont 9 mineurs) étaient encore placés en garde à vue, au commissariat central, en début de soirée, pour des dégradations, des vols ou des incendies. Seule perspective d’accalmie : le début des vacances, vendredi, qui devraient stopper net le mouvement.

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Nantes : Affrontements

Le Figaro / jeudi 14 avril 2016

Nantes 14 4 2016 3Quelque 800 personnes ont défilé, jeudi en fin d’après midi, à Nantes contre la loi travail, une nouvelle manifestation émaillée d’incidents, les forces de l’ordre procédant à dix-huit interpellations, selon le dernier bilan de la préfecture. A plusieurs reprises, ces dernières, cibles de projectiles, ont fait usage de gaz lacrymogènes. Le cortège est parti à 17h00 du château des ducs de Bretagne, derrière une banderole proclamant « Le retrait, c’est maintenant », et aux cris de « Ni remodelable, ni négociable, retrait, retrait de la loi travail » ou encore « El Khomri, prends ton temps, on s’amuse énormément ».

Arrivé devant la préfecture, un petit groupe de manifestants, le visage dissimulé, a lancé des billes de peinture sur la façade et quelques bouteilles en verre en direction des forces de l’ordre, avant de repartir. Les manifestants leur ont à nouveau lancé des projectiles sur le cours des Cinquante-otages, entraînant une réplique avec des grenades lacrymogènes. Des abribus ont été détruits. Les forces de l’ordre faisaient à nouveau usage de gaz lacrymogènes une fois les manifestants revenus à leur point de départ, où des poubelles ont notamment été incendiées.
En fin de journée, les derniers manifestants ont été repoussés en dehors du centre ville, où de nouveaux tirs de grenades lacrymogènes ont été effectués pour les disperser.

Au total, les forces de l’ordre ont procédé à dix-huit interpellations avant et pendant la manifestation, a-t-on indiqué à la préfecture de Loire-Atlantique. Nantes a été le théâtre ces dernières semaines de plusieurs manifestations contre la loi travail marquées par de nombreux heurts avec les forces de police.

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Rouen : manif sauvage en début de soirée (14 avril 2016)

France3 régions / 15 avril 2016

FN76Dans le cadre d’une nouvelle « Nuit debout », organisée hier soir, jeudi 14 avril, certains manifestants s’en sont pris au siège de Front National ainsi qu’à une agence bancaire.

Des débordements ont éclaté jeudi vers 19 heures lors d’une nouvelle « Nuit debout », qui faisait suite au mouvement de contestation de la Loi Travail.

Au 22 rue des Arpents, le siège du Front national a subi d’importantes dégradations : les vitres ont été brisées, de la peinture a été projetée sur la façade.
Quelques individus ont réussi à pénétrer dans le local du parti, répandant peinture et ordures.

Une agence bancaire de la Société Générale, rue Robert Schuman a elle aussi été vandalisée au cours de ce mouvement de contestation.

Les manifestants, près de 180, s’étaient rassemblés sur le parvis du Théâtre des Arts vers 17 heures, avant de partir en cortège vers les principales artères du centre-ville. Arrivés sur la place de l’Hôtel de ville, le groupe avait organisé une assemblée générale ainsi qu’un concert improvisé.

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Caen : Manifestation petite mais claire face aux journaflics

France3 / jeudi 14 avril 2016

Caen 14 4 2016« Filme pas on a dit !« , hurle un jeune homme encapuchonné, le regard et le visage masqué par des lunettes noires et un foulard avant qu’une jeune femme, elle aussi masquée, tente de pousser brutalement l’objectif de la caméra de notre équipe. Si cette altercation, survenue ce jeudi après-midi dans le centre-ville de Caen, n’a pas eu de graves conséquences, cette expression d’agressivité à l’égard de nos équipes s’est malheureusement produite à plusieurs reprises ces dernières semaines dans le cadre de la mobilisation contre la loi travail. Elle est à chaque fois le fait d’une toute petite minorité, visiblement soucieuse de son anonymat et d’empêcher les médias de travailler sous prétexte qu’ils ne délivreraient pas une information convenable à ses yeux.

Après la manifestation organisée mardi dernier aux abords de la mairie de Caen, un nouveau rassemblement contre la loi travail a réuni une centaine de personnes ce jeudi. Après avoir lancé quelques boules de peinture sur les locaux de la présidence de l’université de Caen, le cortège a pris la direction du centre-ville. Bloqué à plusieurs reprises par les forces de l’ordre, celui-ci a fini par ses disperser rue Saint-Pierre. […]

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Marseille : pas d’austérité pour les lacrymogènes

Marseille Infos Autonomes / jeudi 14 avril 2016

Une nouvelle manifestation de lutte contre la loi El Khomri (mais clairement pas seulement) était appelée pour ce jeudi 14 avril à 10 heures, dans le centre de Marseille, pour ne pas laisser retomber la dynamique qui s’est mise en place au cours de ce mois de mobilisations diverses et variées, et au lendemain de l’occupation d’un pôle emploi par la CGT chômeurs-précaires.

Moins de monde qu’à l’accoutumée, car les appels n’ont pas été relayés très largement, et que la mobilisation le matin en semaine est un peu plus difficile à réaliser, d’autant plus dans les laps de temps assez courts entre les appels et la date, mais cela n’a pas empêché que pas mal de monde parte de nouveau en manif sauvage dans les rues du centre, après des temps d’hésitation avant le départ.

MArseille 14 4 2016 1On passe devant le Medef, qui est toujours marqué du dernier passage de la manif de samedi, et les flics le protègent. Cette fois, ils sont tout beaux, tout propres, tout flics, pas comme leurs collègues qui ne savent pas prendre soin de leur uniforme. Ce qu’on ne manque d’ailleurs pas de leur faire remarquer. On remonte ensuite dans les rues pour aller taper la bise à la CFDT, « syndicat » qui ne voit rien à redire dans le contenu de cette Loi Travail et pour qui le monde tel qu’il tourne est satisfaisant. Ils se prennent donc pas mal de bombes de peinture, et des tags viennent exprimer publiquement ce qu’ils sont : des briseurs de grève.

Le cortège continue, en continuant les slogans, dont certains petits nouveaux assez sympathiques : « Sur les pavés ? Les jeunes ! Sous les pavés ? Les flics ! » ou encore « Ah, ça ira, ça ira, ça ira, et les patrons on les pendra ». Le cortège est rapide et mobile, et les flics sont globalement pris de court. On en arrive même jusqu’aux portes de la Préfecture, ouvertes, avec personne devant pour les garder. C’est presque une invitation, à ce moment-là !

Et finalement déboulent des bleus, en panique à partir du moment où on pose un pied sur la route qui passe devant la Préfecture. L’un d’entre eux court et vient gazer à bout portant les manifestant-e-s qui étaient déjà arrivé-e-s jusque-là, et ses collègues balancent des grenades lacrymos un peu partout sur la place, quand bien même rien de spécial ne se passait. Mais leurs directives combinées à une prise de court les a fait arroser les terrasses de gaz, que le vent leur renvoyait, d’ailleurs.

Marseille 14 4 2016 2A partir de ce moment-là, la manif se tend un peu et accélère, le cortège remonte sur le Cours Lieutaud après avoir abandonné la place de la Préfecture. Là, des barricades sont montées avec des poubelles en travers de la route (et les poubelles jalonneront le reste du parcours), mais elles ne sont pas tenues.

Tout ça provoque tout de même un joli bordel dans la circulation, en plus de permettre de ralentir l’arrivée de la police depuis le commissariat et donc de se protéger, et le cortège remonte vers le Cours Julien, pour ensuite se diriger vers la Canebière.

De nouveau, sans qu’il ne se passe grand chose à ce moment-là, les CRS rebalancent des gaz dans tous les sens dans la descente du Cours Ju et jusque sur Lieutaud, en poursuivant les manifestant-e-s, qui s’engouffrent dans la rue de l’Académie pour rejoindre la rue de Rome, toujours poursuivi-e-s. Mention spéciale au tir de lacrymo direct dans les poubelles qui a sauté dans les pieds d’un des flics qui était plus en avant. C’est toujours drôle à voir. […]

Toujours poursuivi-e-s, ce qui reste du cortège se redirige vers le Cours Julien à travers la rue Estelle pour s’y disperser, ce qui se fera tranquillement.

Alors que tout le monde s’était dispersé, plusieurs voitures de BAC (3 ?) et fourgons de police (4 ?) ont foncé vers le Cours Ju et ont organisé une sorte de barrage filtrant autour. Là encore, si vous avez vu des arrestations ou que vous pouvez témoigner sur le sujet, n’hésitez pas, dans le premier cas, à contacter la legal team (numéro en bas) ou à écrire un petit résumé sur le sujet sur MIA.

Au bilan de la journée, c’était toujours plutôt bien de maintenir la dynamique en attendant la rentrée prochaine des lycéen-ne-s et des étudiant-e-s, en espérant que ces dernières manifs auront donné envie de continuer de plus belle ! Dommage toutefois que le cortège n’ait rien eu pour se protéger physiquement de la poursuite des flics, qui n’étaient pas si nombreux et qui, comme on l’a vu lors de précédentes occasions, peuvent être repoussés par l’énergie et la cohésion collective. Mais ce n’est que partie remise, nul doute que les manifestations à venir sauront se prémunir de ces empêcheurs de lutter en rond. Dans tous les cas, ça doit pas être marrant pour eux de courir partout sous le soleil dans leurs armures, et c’est déjà plutôt sympa de les faire tourner en bourrique (qu’ils sont).

Après le PS, le Medef, et la CFDT qui joue aussi son rôle de frein des luttes, il nous reste beaucoup à prévoir ! Et gageons que l’intelligence collective et l’inventivité du mouvement nous fera encore aller de l’avant. Il suffit de le vouloir. Et de s’organiser pour le faire.

Développons les blocages, la critique et la lutte ! Vers la grève générale illimitée !

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