Maubeuge (Nord) : Au mitard, il met le feu à sa cellule

La Voix du Nord / lundi 20 juillet 2015

[…] Le centre pénitentiaire de Maubeuge, qui bénéficiait jusqu’ici d’un taux de remplissage « correct » ou en tout cas moins important que dans d’autres prison d’un pays malade à plus d’un titre sur ce point, a vu les choses changer depuis plusieurs semaines. Afin de désengorger les prisons voisines, de nombreux transferts de détenus ont eu lieu et cela a donné « des problèmes d’acclimatation » parfois importants, révèle le président du tribunal Jean-Sébastien Joly. Justement, les feux de cellule avaient augmenté au cours des dernières semaines, les détenus transférés étant parfois difficiles.  On en arrive au cas de Bernard Maryssael, 28 ans, transféré justement à Maubeuge depuis Valenciennes en juin. « Je les embêtais car j’étais en prison avec plein de gars que je connais, vu que j’ai grandi là-bas », reconnaît le détenu. « Mais ils se sont mis à transférer tous les gars de Valenciennes à Maubeuge aussi ! » Le jeune homme avait protesté à sa manière, en donnant un coup de pied dans une porte qui a écrasé la main d’un policier et valu à Maryssael trente jours de mitard. Le 4 juillet, la cellule 102 du quartier disciplinaire où il se trouve s’embrase.

Le matelas et sa housse sont brûlés, les murs et le sol noircis. Le détenu, lui-même intoxiqué, est hospitalisé par le SMUR. Il avait récupéré une allumette en promenade et décidé de mettre fin à ses jours. « Je ne peux plus, les policiers me disaient qu’ils allaient me faire la misère après ce que j’avais fait à leur collègue. Et comme je me fais toujours du mal à moi… » Il affirme en outre que les secours ne sont intervenus qu’au bout d’un quart d’heure, et que, tombé évanoui, il s’est réveillé… sous leurs coups. Il a porté plainte pour violences, les intéressés ont porté plainte pour dénonciation calomnieuse, le tout a été classé sans suite.

Jugé pour les dégradations, Bernard Maryssael réclame en tout cas son transfert. « En plus, ils me réclament 389 € pour la cellule ! C’est trop, je ne peux plus rester là ». Il s’agirait d’une pathologie carcérale et d’un chantage au transfert aux yeux de l’expert qui a examiné le prévenu. Maryssael sera finalement condamné à dix mois de prison supplémentaires, mais au vu de ses éléments de personnalité, les passera à la prison de Douai…

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