Athènes (Grèce) : Attaque incendiaire contre la maison du juge Elias Kanellopoulos

Abolition Media / vendredi 17 novembre 2023

« Nous sommes limités par milles peurs : la peur d’être enterrés vivants dans quelque taule, la peur de mourir pendant une action, la peur de rester seuls, sans le consensus des gens ou mis de côté par nos compagnon.nes elles/eux-mêmes. Vaincre ces peurs nous rendrait plus lucides. Des nombreuses « luttes » sont bâties sur ces peurs, sont le produit de ces peurs. La peur nous empoisonne, les compromis sont ses fruits empoisonnés. Puis, c’est le tour des jolis mots, des jolies théories, les jolis stratégies à long terme, de colorer en rose toute cette merde, nous poussant à la prudence, au « réalisme » politique. Mais malheureusement, même peinte en rose, la merde reste de la merde. »
Alfredo Cospito
[extrait de « Qui est là est là et qui n’est pas là n’est pas là » ; NdAtt.]

Les Cellules d’action directe revendiquent la pleine responsabilité de l’attaque incendiaire contre la maison du juge Elias Kanellopoulos, dans le secteur de Cholargós [dans la banlieue nord-est d’Athènes ; NdAtt.]. Notre attaque est une action en solidarité avec les mobilisations des prisonnier.es dans les taules de ce pays. Elle est aussi la poursuite de la stratégie de cibler personnellement ceux qui sont impliqués dans le renforcement constant de la répression pénale et dans la gestion répressive des prisons. De l’architecte du nouveau code pénal, Lambros Margaritis, à la cheffe de l’organe d’inspection et de contrôle des prisons, Spyridoula Presvia, et maintenant à Elias Kanellopoulos, magistrat détaché auprès du ministère de la Justice, qui était l’un des proches collaborateurs de l’ancien ministre de la Justice Kostas Tsiaras, à l’époque de l’élaboration et de l’adoption du nouveau code pénal.

Notre message est clair. Les Cellules d’action directe n’oublient pas les personnes qui sont derrière les barreaux, les familles qui souffrent et qui sont tourmentées par les méthodes des juges, les policiers et les matons qui ont l’impression d’être intouchables. Nous n’oublions pas les prisonnier.es politiques qui sont en train de payer le prix de leur choix de rejoindre le combat révolutionnaire. Les explosions devant les maisons de ceux qui, d’une manière ou d’une autre, choisissant de faire des vies des prisonnier.es une réalité cauchemardesque, livrent directement chez eux, même si seulement à un niveau symbolique, la réalité combative de la menace anarchiste permanente.

Comme nous l’avons déjà déclaré à la suite de l’attaque contre le domicile de Lambros Margaritis : « Nous n’avons pas fini avec cette question. Pour nous, toute atteinte aux droits des prisonnier.es, qui ont été gagnés par des luttes douloureuses, est quelque chose à prendre très au sérieux et à cet égard nous essayeront le plus fermement possible de garder cette question en haut des priorités des formations militantes qui agissent au sein du mouvement de lutte. Nous les appelons à devenir un bouclier de protection des droits des prisonnier.es politiques et à cibler directement ceux qui sont directement responsables de ce code pénal anachronique, qui nous ramène en arrière de plusieurs décennies. »

Depuis des mois, maintenant, des centaines de détenu.es se mobilisent dans des dizaines de prisons du pays, avec une série de demandes contre le nouveau code pénal et pénitentiaire, ainsi que contre les récentes annonces de nouvelles révisions de l’ancien code, promulgué par le gouvernement précédent. Les changements des lois ont porté à une privation de liberté pour des périodes encore plus longues, à la séparation de ses proches et à la perte des déjà rares permissions, à l’extension du régime spécial à des catégories plus larges de prisonnier.es, alors que l’État introduit une exigence de soumission et de repentance de plus en plus sévère devant les inquisiteurs des courts de justice. Le durcissement de la législation pénale et du code pénitentiaire a des objectifs précis. La satisfaction des partisans de la doctrine « loi et ordre », qui alimentent en voix Néa Dimokratía [le parti au pouvoir en Grèce; NdAtt.]. L’asservissement croissant des prisonnier.es, que ce soit en tant que collaborateur.trices de la police ou en tant que victimes des circuits para-judiciaires des grands avocats, qui sont sur la même ligne que le gouvernement de Néa Dimokratía et qui, en échange des honoraires correspondants, gardent dans leurs mains les clefs de la libération, en exploitant des fenêtres légales sur lesquelles est inscrit leur prix.

Dans une situation où l’individualisme, la résignation et la logique de la reddition gagnent du terrain, il y a des exemples de lutte qui, avec leur dignité assourdissante, perturbent la légalité de la soumission (souvent accompagnés par des protestations solidaires, à l’extérieur des prisons). Les dures grèves de la faim et de la soif des prisonniers politiques Dimitris Koufondinas, Giannis Michaelides, Thanos Hatziangelou, des onze combattant.es turc.ques du Front populaire, d’Alfredo Cospito, les dizaines de grèves de la faim en solidarité avec eux/elles et une série de mouvements de résistance des prisonnier.es, pendant cette période, montrent que, même dans des conditions très difficiles, les batailles qui dressent des barricades de résistance ne sont pas gâchées, mais nécessaires et impératives.

Nous considérons qu’il est de notre devoir de prendre position, par une solidarité concrète, dans la guerre qui fait rage sur le front des prisons. Cibler les architectes de la législation qui démantèle les droits, déjà limités, des prisonnier.es. Le cartel de juges qui extorque de l’argent à la racaille qui se trouve au sommet de la pyramide sociale, tandis que les travailleur.euses appauvri.es et les ennemi.es déclaré.es du système souffrent dans ses mains. Les gardiens, les gradés et tous les sbires du régime pénitentiaire, qui restent les larbins et les intermédiaires du ministre de service et qui essayent d’intimider les prisonnier.es et de briser leur moral.

La peur que Kanellopoulos a ressenti quand il a sauté hors de son lit, au bruit de l’explosion, et quand il a vu le feu depuis son balcon. C’est un petit prix, un retour de bâton dans la bataille psychologique dans laquelle il joue un rôle actif, en tant que rouage de la bureaucratie étatique qui étouffe des gens au nom de la loi. Nous le disons pour être clair.es. Le fait que la peur passe dans leur camp est une condition nécessaire, si on veut parler d’une lutte aujourd’hui. Fini les mots creux, finie la misère, fini le flou académique et les faux contenus. Il y a une distinction claire et absolue qui dissipe la confusion qui existe autour de nous. Quiconque décide de risquer sa liberté au nom de la liberté est notre allié.e. Quiconque parle beaucoup sans rien dire mérite au mieux notre indifférence.

Solidarité avec les inculpé.es de l’affaire « compagnons/compagnonnes » : Kostas Dimalexis, D.S. et R.Z.

Solidarité et complicité avec Francisco Solar et Mónica Caballero. Solidarité avec tou.tes les prisonnier.es politiques qui luttent pour la subversion, partout dans le monde.

Honneur pour toujours aux communistes révolutionnaires du Front populaire Harika Kızılkaya, Burak Agarmış, Özkan Güzel et Erdoğan Çakır* :
Parce que la passion pour une nouvelle façon de vivre ne peut pas être réprimée. Si elle est écrasée mille fois, elle renaîtra des flammes, mille et une fois.

Vaincre la peur que le système instille par le biais de la répression pour nous rendre inactif.ves.
Construire, par des actions, une menace permanente.

Cellules d’action directe

 

* Note d’Attaque : les quatre membres du Parti-Front révolutionnaire de libération du peuple (DHKP-C, une organisation communiste turque), dont deux ont participé à une longue grève de la faim dans les prisons grecques, ont été tué.es le 31 octobre dernier par les gardes de frontière turques, alors qu’ils/elle essayaient de rentrer clandestinement en Turquie.

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