Allemagne : Thomas Meyer-Falk est sorti de prison !

de.indymedia.org / mardi 29 août 2023

Apres 27 ans

Thomas Meyer-Falk a été libéré cet après-midi.
Enfin !

Note d’Attaque : Thomas a été arrêté en 1996 pour plusieurs braquages et placé en isolement jusqu’en 2007. Il est resté en détention même après la fin de sa peine, en 2013, car considéré comme socialement dangereux (cela aussi à cause de son comportement combatif en prison).

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Salutation solidaires pour la Semaine internationale de solidarité avec les prisonnier.es anarchistes

extrait de Till all are free / mardi 29 août 2023 [lettre écrite avant sa libération]

Aussi de Fribourg, dans le sur de l’Allemagne, des salutations solidaires et chaleureuses pour la Semaine de solidarité. Depuis presque 27 ans, j’observe le monde à travers des barreaux, avec le point de vue d’un prisonnier. D’abord en détention préventive, ensuite en réclusion criminelle et enfin, depuis 2013, en détention de sûreté. La détention de sûreté a été introduite en Allemagne en 1933 ; oui, ce sont les nazis qui ont modifié le code pénal en ce sens, le 24 novembre 1933 – depuis cette date, en Allemagne quelqu’un.e peut être gardé.e en prison pour une période impossible à prévoir, même après avoir purgé sa peine. Dans les années 1990 et 2000, d’autres pays européens ont suivi cette voie, toujours au nom de la « sécurité publique » : la Belgique, la France, la Suède, la Grand Bretagne, la Suisse et des nombreux autres.

Dans des nombreux cas, l’emprisonnement normal est déjà une peine de mort, petit à petit : l’âme meurt d’abord, puis, souvent, à la fin, le corps meurt lui aussi. Il y a quelques semaines à peine, un homme d’une quarantaine d’années s’est ôté la vie, dans la prison pour détention de sûreté de Fribourg, apparemment parce qu’il ne voyait aucune perspective réaliste de retrouver sa liberté. Sa femme, ses enfants, sa mère adoptive et ses frères et sœurs le pleurent – ainsi que certains des autres détenus. Néanmoins, il doit être clair que les prisonnier.es ont eux/elles aussi le droit de mettre fin à leurs propres vies. Personne ne devrait se permettre de leur interdire ça. Mais il faut aussi se demander quelle est la responsabilité des institutions étatiques dans une telle décision. Ce serait trop facile de les décharger de leurs responsabilités en se référant à la décision autonome des détenus.

Les anarchistes préconisent et luttent pour l’autonomie de l’individu, mais toujours intégré dans un tissu social. Parce qu’aucun être humain n’est jamais seul, nous sommes tou.tes tissé.es dans un réseau de relations sociales ! Personne n’est une île ! Nous faisons tou.tes partie de l’ensemble social. Quelque chose qui semble être perdu, dans le monde consumériste moderne, où les gens interagissent les un.es avec les autres seulement par des mondes électroniques, censément « sociaux », mais où, en réalité, elles/ils sont souvent renvoyé.es dans l’isolement, devant leurs smartphones.

Les prisons sont normalement des zones sans internet. Aujourd’hui ma contribution circule seulement parce que des personnes solidaires la tapent et la diffusent en ligne, portant ainsi le point de vue des prisonniers à l’attention critique d’un certain public. Cette possibilité attire l’attention sur le potentiel d’émancipation des médias électroniques. Quand des personnes qui auparavant n’étaient pas en lien peuvent entrer en contact les unes avec les autres ; quand celles/ceux qui, auparavant, n’avaient pas de nom, pas de visage, pas de voix ont, enfin, des noms, des visages et des voix.

L’impuissance structurelle qui caractérise les vies des prisonnier.es sera mise particulièrement en avant, cette semaine. Les conditions carcérales, souvent inhumaines et dégradantes, feront scandale. On réclame la liberté pour les prisonnier.es ! Encore et encore ! Une année après l’autre ! Mais seulement si ces requêtes seront soulevées continuellement et portées d’une génération à l’autre, si l’on se souvient de ceux/celles qui vivent et meurent en prison, seulement alors nous changerons quelque chose.

Pour un monde sans cages et sans prisons !

Thomas Meyer-Falk

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