Oise et Aisne : Mauvaise période pour ceux qui se remplissent les poches avec la destruction des forêts

L’Aisne Nouvelle / samedi 7 mai 2022

Dégradations en forêt, menaces verbales sur des bûcherons, la tension s’accentue dans les massifs, y compris en Picardie. L’agence picarde de l’Office national des forêts relaie une tribune des acteurs de la filière bois.

[…] les forêts de la région ne sont pas épargnées par des actes de vandalisme, des menaces, des intimidations et des insultes qui visent notamment des bûcherons.

« Dans le sud Oise, de nombreuses dégradations ont eu lieu sur des tracteurs forestiers, des abris de chasse, des véhicules de l’ONF, de chasseurs, de salariés: incendies criminels, crevaisons, tags émaillent depuis le début de l’année le travail des forestiers », déplore l’ONF qui porte plainte systématiquement.

Des actes de malveillance ont également été relevés dans l’Aisne. Patron d’une entreprise de bûcheronnage et de débardage basée à Hirson (Aisne), Patrice Leroux, membre de la fédération des entrepreneurs de travaux forestiers et du conseil d’administration des Hauts-de-France, confirme la dégradation de ses conditions de travail. Il cite trois exemples survenus en l’espace d’un an et demi. D’abord en forêt de Retz près de Villers-Cotterêts (Aisne), un de ses sous-traitants a vu l’un de ses véhicules cassé et son matériel volé. Des tags et des inscriptions dans des maisons forestières, sur des grumes, attestent d’oppositions vives contre des chantiers de bûcheronnage, contre l’ONF, contre les chasseurs aussi. « En novembre dernier, dans la forêt de Mormal dans le Nord, un drone surveillait notre activité. Et j’ai subi à la suite des attaques et des insultes sur les réseaux sociaux », évoque Patrice Leroux.
Qui a aussi en mémoire en janvier, février et mars 2022 sur un chantier en forêt de Laigue dans l’Oise, « des insultes sur des panneaux forestiers et des dégradations ». L’entrepreneur déplore une exacerbation des points de vue, via les réseaux sociaux, souvent doublée d’une incompréhension et d’une méconnaissance du métier de bûcheron. […]

Ou qu’un véhicule porteur (d’une valeur de 300 000 euros) d’un exploitant forestier subisse, voici quelques semaines, un incendie volontaire en forêt d’Holnon, à l’ouest de Saint-Quentin. Dans ce bois, des randonneurs parlent « d’un massacre » de chemins balisés à cause du dernier chantier qui laisse un terrain retourné et de larges ornières.

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Mise à jour du 11 mai

Et en Bourgogne-Franche-Comté ils n’ont pas la vie plus facile

France Info / mercredi 11 mai 2022

Ces trois derniers mois ont été particulièrement éprouvants pour les forestiers, en région Bourgogne-Franche-Comté. Vols de matériel en forêt, dégradations de panneaux d’informations, incendies à répétition ou encore insultes : autant d’actes d’incivilités et de violences de plus en plus fréquents. […]

Comme dans la nuit du 17 mars dernier, dans la commune de Brassy, dans la Nièvre. Ce soir-là, un engin forestier appartenant à la Coopérative forestière CFBL, a été détruit par un incendie d’origine criminelle. Un acte perpétré « au lendemain de la diffusion d’une vidéo d’une association appelant à la désobéissance civile face aux différents chantiers de reboisement des coopérations forestières », détaille Bertrand Servois, le président de l’UCFF, l’Union de la coopérative forestière française.

Des actes de malveillance et de destruction « inacceptables » mais « ce n’est pas tout » déplore le président. « Au-delà des dégâts matériels estimés à plusieurs millions d’euros depuis quelques années, les forestiers et parfois leurs proches subissent quasi-quotidiennement sur le terrain des injures, des insultes, des intimidations et font même parfois l’objet de menaces de mort… c’est intolérable, il faut dire stop ».

Pour ces faits de menaces de mort, les forestiers concernés ont déposé plainte auprès de la gendarmerie du secteur. « Ce sont tout sauf des cas isolés. Jusqu’à présent, on faisait profil bas, mais là, ça devient trop grave, ça suffit », prévient le président de la coopérative forestière. Certaines régions sont particulièrement touchées.

Depuis 2018, en Nouvelle-Aquitaine, Auvergne-Rhône-Alpes, et Bourgogne-Franche-Comté, plus d’une vingtaine d’engins forestiers ont été pris pour cible, soit incendiés, soit sabotés. « C’est un sujet qui touche l’intégralité de notre filière: agents ONF, coopératives, transformateurs, etc. » […]

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