Bristol (UK) : Le prisonnier anarchiste Toby Shone risque une Ordonnance de prévention du crime

Mise à jour (mi-février – source Dark Nights) : l’audience pour le SCPO contre Toby a été réportée au 6 mai.

Act for freedom now! / jeudi 27 janvier 2022

Même si, après quatre ans d’enquête, les flics n’ont pas réussi à apporter des preuves pour étayer leur accusation de terrorisme à son encontre, le prisonnier anarchiste Toby Shone risque d’être soumis à une Ordonnance de prévention du crime (SCPO – Serious Crime Prevention Order), qui va entériner légalement la criminalisation et la surveillance totale contre lui et tou.te.s celles/ceux qui l’entourent, durant des années après sa libération

En novembre 2020, au Royaume-Uni, dans le cadre de l’opération Adream, les flics de l’antiterrorisme ont mené une série de descentes coordonnés contre une personne supposée être l’un.e des administrateur.trice.s du site 325.nostate.net. Plusieurs propriétés ont été perquisitionnées, dans sud-ouest de l’Angleterre, et une personne, Toby Shone, a été arrêtée, sous la menace des armes, dans la forêt de Dean et inculpée en vertu de la loi antiterrorisme. C’était la première fois que l’État britannique essayait de poursuivre un anarchiste en faisant recours à la législation antiterroriste moderne et la première fois que quelqu’un.e était poursuivi.e car soupçonné.e de gérer un site web anarchiste.

Au début, Toby a été accusé de fournir un service permettant à d’autres d’accéder à des publications terroristes, de collecter des fonds à des fins terroristes et de deux chefs d’accusation de possession d’informations susceptibles d’être utiles pour un.e terroriste. Il a plaidé non coupable, les flics n’ont pas été en mesure de fournir des preuves et le 1er octobre 2021 le Parquet a été contraint d’abandonner ces charges. Au final, le 13 octobre 2021, Toby a été condamné à 3 ans et 9 mois de prison pour 8 infractions liées à des drogues. Ces « drogues » étaient des plantes psychédéliques et médicinales trouvées par le police dans deux des quatre propriétés perquisitionnées en novembre 2020, toutes des espaces collectifs. Toby a purgé 8 mois de sa peine en détention provisoire à la prison de Wandsworth et il est actuellement détenu à la prison de Bristol. Il devrait être libéré entre août et décembre 2022.

Cependant, l’inspecteur en chef Sion Margrie et ces snobs des procureurs Dan Porson-Pounds et Thomas Coke-Smythe continuent leur persécution contre Toby, en demandant une ordonnance qui contrôlerait et surveillerait ses mouvements quotidiens, ses contacts avec les autres, sa résidence, ses finances, ses appareils électroniques, etc. Cela exige aussi que des informations précises soient fournies à la police sur tou.te.s ses ami.e.s, ses contacts, ses proches, ses connaissances et tout.e client.e.s dans un cadre professionnel. Son compte bancaire et son accès au téléphone, à internet et à des dispositifs de stockage de données seraient surveillés et il ne pourrait pas utiliser ceux de quelqu’un.e d’autre. Il ne pourrait pas utiliser de technologies de cryptage et n’aurait le droit qu’à 50 livres en espèces, chose qui l’oblige à être pratiquent sans argent liquide, de façon que la trace financière de ses moyens de payement puisse être suivie. S’il passe la nuit quelque part, il doit dire aux policiers où, quand, avec qui et pourquoi. Si quelqu’un.e vient lui rendre visite, il doit également indiquer qui, quand et pourquoi. Il doit aussi signaler toute opportunité de travail, combien il gagne et qui il rencontre. En gros, cette ordonnance le placerait sous une forme d’arrestation domiciliaire et l’obligerait à être complice de sa propre surveillance et de celle de ses ami.e.s.

Les Ordonnances de prévention du crime sont souvent utilisées comme des « peines appliquée à discrétion », lorsque la police n’arrivent pas à ses buts du premier coup. La SCPO durera au moins cinq ans après sa sortie de prison et après cette période elle pourra être renouvelée. Toby risque cinq ans de prison supplémentaires s’il enfreint cette ordonnance, chose que, bien sûr, les flics espèrent fortement. Cette ordonnance est conçue pour être enfreinte, car les conditions et les restrictions sont si malsaines et si nombreuses qu’il serait impossible de ne pas les enfreindre à un moment ou à un autre. Si ses ami.e.s refusent de collaborer, elles/ils risquent ils/elles aussi des poursuites pénales et une peine de prison de 12 mois, pour obstruction.

Les flics soutiennent que cette ordonnance de contrôle est nécessaire à cause du mode de vie alternatif et des idées de Toby. Criminaliser un mode de vie pour justifier une Ordonnance de prévention du crime n’est pas seulement scandaleux, mais constitue un précédent très dangereux. Un autre précédent dangereux est l’utilisation d’une SCPO contre un activiste. Il est évident que cette ordonnance n’a rien à voir avec les accusations pour drogue pour lesquelles Toby a été condamné et pour lesquelles il purge actuellement une peine plus que suffisante. En revanche, cette ordonnance a tout à voir avec les accusations de terrorisme pour lesquelles les flics n’ont pu trouver aucune preuve. Elle a tout à voir avec sa participation au mouvement anarchiste.

Comme il ressort clairement de la nouvelle législation sur l’ordre public, adoptée à la hâte par le régime autoritaire britannique, notamment sous sa ministre de l’Intérieur Priti Patel, cette ordonnance de contrôle ne concerne pas seulement Toby. Il ne s’agit même pas seulement de la répression étatique des projets anarchistes de contre-information. Il s’agit de créer un précédent pour étouffer toute forme de protestation, à l’aide d’un outil de surveillance draconien, et de forcer les gens à être complices de leur propre répression et surveillance et de celle de leur environnement social. L’ordonnance contre Toby est semblable, dans sa justification et son contenu, à l’Ordonnance de prévention des perturbations graves qui faisait partie du nouveau, controversé, projet de loi sur la police, récemment rejetée. Cette ordonnance aurait obligé une personne à enregistrer ses proches et ses mouvements auprès de la police, sans qu’aucun délit lui soit contesté, mais parce qu’elle est décrite et identifiée comme un.e dissident.e, réel.le ou potentiel.le. En élargissant les limites de la répression contre les activistes, les anarchistes et les dissident.e.s, le Royaume-Uni est en train de glisser vers une dictature à peine dissimulée.

L’audience pour le SCPO contre Toby aura lieu le 22 février 2022, au tribunal de Bristol. S’il vous plaît, montrez votre solidarité avec lui, à 9 heures au tribunal. Montrez votre solidarité avec lui et les autres prisonnier.e.s anarchistes où, quand et comment vous le pouvez. Nous avons besoin de votre bruit et de vos bonnes vibrations contre cette persécution politique continuelle à l’encontre de Toby Shone.

Vous pouvez trouver plus d’informations sur le cas de Toby à cette adresse :
https://darknights.noblogs.org/post/tag/toby-shone/

S’il vous plaît, traduisez et faites tourner ce texte dans vos propres milieux et via vos publications.
Vous pouvez écrire à Toby à cette adresse.
N’oubliez pas de mettre une adresse d’expédition au dos de l’enveloppe, sinon les lettres n’arriveront pas.

Toby Shone
prisoner’s number : A7645EP
HMP Bristol
19 Cambridge Road, Bishopston
Bristol
BS7 8PS – Royaume-Uni

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