Grèce : Claudio Lavazza, toute une vie pour la lutte

Act for freedom now! / samedi 22 janvier 2022

Notre compagnon anarchiste Claudio Lavazza est en prison depuis 1996 et il a déjà purgé 25 ans de détention ininterrompue. Il est l’un des plus anciens prisonniers politiques d’Europe. Claudio était un des militant.e.s qui ont pris les armes pour s’opposer politiquement et militairement au régime capitaliste.


Un prolétaire insurgé, qui a participé à des conflits et à des expropriations, dans les premières années de sa participation au mouvement, dans la dynamique des années 1970 en Italie. Par la suite, il a été un combattant armé du mouvement révolutionnaire des années 70-80. Membre des Proletari Armati per il Comunismo [Prolétaires armés pour le communisme], un groupe horizontale de guérilla avec de fortes influences idéologiques venant de l’autonomie ouvrière. Il a participé au groupe, réunissant des personnes de différentes provenances idéologiques, Comunisti Organizzati per la Liberazione Proletaria [Communistes organisés pour la libération prolétarienne], un projet de lutte armé visant à soutenir les militant.e.s recherché.e.s et à libérer de prison des compas et des compagnons d’armes. Il a pris partie à l’attaque contre la prison de Frosinone, en 1981, lors de laquelle des militants emprisonnés ont été libérés.

A une époque où le sens et le contenu des mots n’avaient pas encore été livrés à la muséification, au révisionnisme et à l’activisme borné. Au contraire, ils trouvaient leurs sens en cultivant concrètement l’espoir chez les personnes emprisonnées et « mises en dehors » de l’ordre légal par la répression implacable de l’État et des appareils para-étatiques. Des mots comme liberté et solidarité étaient mis en pratique, les armes à la main.

Après des nombreuses difficultés et sous la persécution constante, à cause de membres repenti.e.s d’organisations de lutte armée, le compagnon a été obligé, étant recherché, de quitter l’Italie en 1982 et de fuir en France, un pays où il y avait des milliers de réfugié.e.s politiques italien.ne.s, persécuté.e.s par l’État italien à cause de leur implication dans le mouvement révolutionnaire. C’était une époque où le gouvernement social-démocrate de Mitterrand acceptait sur son territoire les personnes persécutées/en cavale qui étaieny recherchées par l’Italie, à condition qu’elles « s’abstiennent d’activités illégales » ; l’ainsi-dite « doctrine Mitterrand » allait commencer à s’effriter avec les débuts de la « guerre contre le terrorisme », en 2001. Claudio est resté en cavale pendant plus de 16 ans, pendant lesquels il a réussi à survivre et à soutenir l’infrastructure du mouvement révolutionnaire par la pratique de l’expropriation, tant en France qu’en Espagne. Il a choisi la clandestinité car il n’a pas renoncé à ses positions. Le choix de la lutte armée comme condition nécessaire pour une rupture et une attaque réelle du cadre capitaliste et de ses structures.

« L’anarchie est illégaliste par sa propre nature, car elle cherche à exister aux marges de la légitimité imposée par le système. Nous, les anarchistes, avons nos propres lois et formes d’existence, qui sont toujours condamnées par les lois et les formes d’existence des États ».
Claudio Lavazza

L’attitude de l’État français à l’encontre de Claudio suinte toute la réaction et tout l’autoritarisme d’État, que l’on rencontre quand il a à faire avec des opposant.e.s du pouvoir non repenti.e.s. Les codes pénaux sont réduits en miettes et les fameux « droits de l’homme » sont abolis. Le système judiciaire bourgeois devient l’avant-garde de la « guerre au terrorisme » et, sous le masque de la bureaucratie, il mène une guerre d’usure sans merci. Un mécanisme de domination de classe cruel et de violence d’État organisée qui procède à l’extermination de ses ennemi.e.s non repenti.e.s.

A ce jour, notre compagnon a déjà purgé 25 ans dans l’enfer des prisons espagnoles, pour des expropriations de banques. Lors de sa dernière expropriation, connue sous le nom d’« affaire de Cordoue », il y a eu une fusillade au cours de laquelle 3 compagnons (dont Claudio) ont été gravement blessés et 2 policières ont été tuées. Cela fait maintenant presque 1 an qu’il a fini de purger sa condamnation pour cette affaire et il a été transféré en France pour y purger une peine de 10 ans de prison pour un braquage de banque.

Mais, en vertu du droit européen, il aurait dû être libéré il y a un mois (le 11 décembre), au terme des 25 ans de prison, car les peines auraient dû être fusionnées. Cependant, le parquet français refuse de le libérer et exige que notre compagnon purge encore au moins 5 ans de prison ferme. Le compagnon a contesté en justice le traitement exceptionnel qu’il subit et demande sa libération de prison ; il est dans l’attente que ses requêtes soient examinées, au cours des prochains mois. Nous savons que la raison principale de ce refus, malgré tant d’années d’emprisonnement – et l’attitude humiliante de certaines parties du mouvement, qui se sont divisées sur la position à tenir, face à la peur de la répression, à cause des morts du côté de l’État – c’est qu’il n’a jamais reculé de ses principes et valeurs anarchistes, que même depuis la prison il a continué à porter un discours politique, à participer à des grèves de la faim contre le régime de détention de type FIES, à revendiquer le lien entre sa propre expérience et une mémoire historique plus large. Il n’a pas arrêté de lutter et de propager de toutes ses forces la nécessité de l’attaque contre l’État et le capital.

En ce moment, l’État français est responsable de la prolongation de l’emprisonnement de notre compagnon et du régime arbitraire et d’exception mis en place à son encontre. Par ce texte et quelques actes de propagande, nous ouvrons un dialogue sur la nécessité de multiplier les actions de solidarité. Nous joignons donc notre voix aussi à l’appel à la solidarité internationale pour la libération du compagnon Claudio Lavazza. Les compas emprisonné.e.s sont la chair et le sang des mouvements révolutionnaires et nous exigerons qu’ils/elles soient dans les rues et dans les luttes d’aujourd’hui.

LIBÉRATION IMMÉDIATE DU COMPAGNON CLAUDIO LAVAZZA
SOLIDARITÉ AVEC TOU.TE.S LES RÉVOLUTIONNAIRES EMPRISONNÉ.E.S A TRAVERS LE MONDE

Initiative anarchiste contre les assassinats d’État

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