Antispécisme et anti-autoritarisme

Dijoncter.info / samedi 9 octobre 2021

Analyse sur la cohérence des idées dans le monde anti-autoritaire et antispéciste.

Nous aimerions que ce texte circule dans le milieu antispéciste tout comme dans le milieu antiautoritaire (vu que certaines personnes ne réalisent pas qu’en fin de compte c’est pareil). Nous rencontrons énormément de personnes qui ont des problèmes avec leurs idées ou plutôt avec la cohérence de celles­-ci.

Nous avons d’un côté celles qui disent se battre pour la libération animale et de l’autre celles qui se nomment antiautoritaires. Les deux camps privilégient dans tous les cas quelqu’une plus qu’une autre.
Il prédomine dans ceux qui disent se battre pour la liberté animale une limitation des idées à leur convenance. Ainsi, elles ne se priveront pas des grands plaisirs qu’elles rencontrent dans le capitalisme. Il semblerait que pour elles, la libération animale consiste seulement à ne pas consommer de produits d’origine animale. Elles ont tendance à oublier que l’industrialisation est responsable en grande partie de la destruction de la terre et des animaux qui voient leur habitat se réduire et être contaminé chaque jour. L’industrialisation crée un déséquilibre environnemental énorme. Ceci est pourtant un point important que peu de personnes prennent en compte. Cet équilibre s’est fait sur des millions d’années. L’industrialisation, l’urbanisme moderne et la recherche d’un prétendu progrès détruit la terre à une vitesse infernale. Cet équilibre se voit chaque jour de plus en plus menacé. Il en résulte qu’une grande quantité d’espèces animales et végétales s’éteignent chaque jour. Leur intérêt se limite donc aux animaux domestiques comme les vaches, chiens, cochons, chats, poules et quelques autres plus sauvages comme les poissons.
L’industrialisation, le capitalisme (plus destructeur que jamais de la terre et marchant main dans la main avec l’industrialisation) et l’urbanisation moderne qui nous fait perdre le tissu social, sont les obstacles les plus importants pour la libération animale. Pour cela il est assez surprenant que beaucoup de véganes défendent le capitalisme justifiant ainsi l’oppression, les inégalités, l’existence de privilèges pour certains et une vie de misère pour d’autres.
Leur indifférence à l’existence de hiérarchies se trouve au même niveau. Comment peut­-on obtenir la libération animale s’il existe une hiérarchie ? Libération pour certains animaux et non pour d’autres ? Tant qu’il y aura un endroit pour une oppression, il y aura un endroit pour toutes les oppressions.

Il nous paraissait important de souligner ce point car il y a dans le mouvement de libération animale des flics, des militaires, des néo­nazis et autres ordures de ce genre. Il nous parait incroyable de devoir préciser que cette classe d’êtres néfastes n’est pas cohérente avec la recherche de la libération animale car elles représentent tout le contraire de la liberté, elles supposent une hiérarchie, ce sont elles qui enferment, ce sont elles qui se croient supérieures à d’autres individus. La permissivité envers ces entités génère le manque de force et de crédibilité envers les idées que nous soutenons.
Qu’entend un néo­nazi par libération animale : « Libérez les animaux des zoos mais enfermez les noirs ! » ?
Le terme hiérarchie peut paraitre abstrait mais c’est quelque chose de bien concret quand on met une personne au­-dessus d’une autre, d’un groupe, etc. Et à ce petit jeu, les animaux seront toujours la dernière minorité.
La hiérarchie est dans tous les milieux. Ces personnes veulent abolir l’esclavage animal pendant que des millions d’animaux (humains cette fois-­ci) sont opprimés par ces hiérarchies ?
Comment pouvons­-nous abolir seulement une forme d’exploitation et pas les autres ?
Il serait temps qu’elles s’aperçoivent du mal que fait le capitalisme à tous les animaux sur cette planète et qu’elles quittent le camp des oppresseurs.

De l’autre côté nous avons une autre classe de personnes étranges, les antiautoritaires spécistes ! (si si cette contradiction existe).
Expliquons ça de manière basique.
Animaux = poules, humain­e­s, poissons, vaches, cochons, lionnes, chiens, girafe, etc.
Ces animaux ont en commun un système nerveux et un cerveau ce qui leur permet de sentir le plaisir, la douleur, la peur, la liberté. Elles partagent aussi une capacité de raisonnement à plus ou moins grande échelle. Les études récentes nous montrent que nous sommes encore bien loin d’analyser le système de pensée et l’intelligence des autres animaux à qui l’on découvre régulièrement des capacités jusqu’alors ignorées.
Qui dit être contre l’oppression et l’autorité doit l’être contre les individus touchés par cette oppression et cet exercice de l’autorité.

Équation :
Un­e humain­e enfermé­e = une vache enfermée (poules, poissons, vaches, cochons, etc).
Un­e humain­e enfermé­e : souffre de l’enfermement, recherche la liberté et son bien­être.
Une vache enfermée : souffre de l’enfermement, recherche la liberté et son bien­être.

Après cette équation si complexe, nous aimerions que celleux qui se reconnaissent comme antiautoritaires, anarchistes, etc. ne viennent pas nous parler de liberté, déblatérer contre les prisons et l’autorité en ayant dans leur estomac une prison immense car ces personnes sont elles-­mêmes des matons pour les autres espèces ou pire encore, elles délèguent ce sale boulot à d’autres mais profitent du résultat.
Autre argument pathétique que tentent de justifier quelques « anarco/antiautoritaires » est le fait que consommer végan c’est créer un nouveau marché. Ce à quoi nous répondrons que ce qu’illes mangent vient aussi du marché capitaliste et de manière bien plus prononcée.
Il y a des choses simples et concrètes. Si tu cherches la liberté et tu es spéciste, tu as un problème de cohérence dans tes idées. Est­-ce le plaisir gustatif qui t’empêche de penser avec honnêteté ?
Il y a un parallèle direct entre les dominations intra­humaines et la domination humaine sur les animaux. Comment peut­-on en toute bonne conscience lutter contre les discriminations que nous subissons, sans remettre dans le même temps en cause celles que nous faisons subir à d’autres ?
En envoyant les animaux à l’abattoir, n’est­-ce pas ériger la loi du plus fort en règle morale ?
Cette loi contre laquelle tu cries quand tu en es victime.

 

P.-S. : Nous publions des fanzines antispécistes. Si vous êtes intéressé.e.s, envoyez-nous un mail : grainedeliberation [at] riseup.net.
On vous les envoi par courriel (c’est gratuit)

Ce contenu a été publié dans Liberté animale, Réflexions et débats sur l'attaque et l'anarchisme, avec comme mot(s)-clé(s) . Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.