Hambourg (Allemagne) : Dans la nuit de lundi, nous avons incendié la mairie de quartier d’Altona

Kontrapolis / vendredi 12 mars 2021

Pendant la pandémie de coronavirus, les égoïsmes sociaux sont devenus plus évidents que jamais. Malgré la fermeture des hôtels, les politiciens du parlement de Hambourg n’ont pas été en mesure de fournir des chambres individuelles aux sans-abri. Au lieu de cela, ils ont répété leur phrase habituelle sur les places encore disponibles dans les programmes d’urgence hivernale. Mais ce n’est plus un secret, maintenant, que ceux-ci n’offrent aucune intimité et que l’on y est soumis.e.s au contrôle des autorités. Pour aggraver la situation, en cas d’infection par le coronavirus, les personnes qui n’ont pas de domicile fixe doivent rester en quarantaine deux semaines en plus. Deux semaines enfermé.e.s, sans service de livraison ni Netflix. Au lieu de trouver une solution rapide et non bureaucratique, les responsables se contentent d’ignorer le problème, en discutant jusqu’au retour du printemps, et de ne plus parler des gens qui meurent de froid dans les rues de Hambourg.
La raison pour laquelle les décideurs n’agissent pas et laissent des gens mourir dans des températures au dessous de zéro est la suivante : si, pendant la pandémie, ils ouvraient des hôtels aux sans-abris et donnaient aux gens tout ce dont ils/elles ont besoin pour vivre, après la pandémie, on se poserait la question : pourquoi ils ne continuent pas ? Ou pourquoi ils ne l’ont pas fait avant ? La politique veut mettre des marges à la société. Parce que cela sert d’avertissement à ceux/celles qui ont « gagné » leur place au sein de la société. Si vous ne respectez pas les règles, si vous ne faites pas votre travail tous les jours ou si vous sortez des rangs, vous vous retrouvez là où « elles/ils » sont.
Il en va de même pour les réfugié.e.s. L’État allemand a besoin de la Libye, de la Turquie et de la Grèce pour faire le sale boulot. Ils veulent que les gens pourrissent dans des camps, tant qu’ils diffusent le message qu’il ne vaut pas la peine de venir en Europe et que tout ce qui les attend ici ce sont des barrières de barbelés et des rêves brisés. L’État accepte que des gens meurent. Par le biais des mantras répétés mille fois par des types comme le ministre de l’Intérieur de Basse-Saxe, Boris Pistorios, qui, après les attaques des infrastructures d’expulsion à Brunswick et à Hanovre, a une fois de plus, comme beaucoup d’autres avant lui, indiqué clairement qui est considéré comme un terroriste : celles/ceux qui veulent empêcher des meurtres. Grâce à la bonne coopération des autorités et de la presse, les dirigeants déterminent le discours sur la violence. Et s’il arrive qu’aux yeux du public, toutes les conditions soient effectivement réunies pour sauver les gens de la misère et de la mort, ils jettent de la fumée aux yeux et utilisent des arguments fallacieux. Les dirigeants trouveront toujours une excuse pour expliquer pourquoi dans tel ou tel cas, rien ne peut être fait pour améliorer la misère, pour la présenter à un public déjà peu critique, qui a été systématiquement privé de pensée résistante. De cette façon, ils peuvent toujours sauver leur image humanitaire. Plus l’État allemand se maquille pour montrer son visage libéral, plus ceux/celles qui l’ont vu pour ce qu’il est doivent crier pour le démasquer. Pour montrer ce qu’ils sont, tous : des assassins !
Face aux morts massives et continuelles, en Méditerranée, et à 13 morts dans les rues de Hambourg, nous devons reconnaître que #leavenoonebehind et #openthehotels n’ont pas fait grand-chose, si ce n’est nous faire sentir un peu moins mal dans notre peau.

Mais où sont nos remèdes à ces meurtres ordonnés par l’État ?
Un début serait d’enterrer complètement notre croyance dans l’« État gentil ». Un État ne pourra jamais réaliser nos exigences d’un monde basé sur la solidarité. Ce serait une perte de pouvoir et de contrôle de sa part et donc sa fin. Nous devons voir clairement que les organes du pouvoir font la guerre aux indésirables et aux parias. La survie des personnes sous les ponts ne peut donc pas dépendre d’un.e travailleur.use social.e. La meilleure défense contre les abus et l’oppression est de se détourner radicalement de l’État – c’est-à-dire de ne plus attendre, pour construire un monde nouveau. Des structures de solidarité dans les quartiers, dans les écoles, les universités et les entreprises. Les voisin.e.s deviennent des complices. Les maisons sont occupées de façon plus massive et plus résolue. La justice est prise en charge par tout le monde. Diffusion d’idées anti-autoritaires et un rapport empathique aux autres. Travailler en permanence sur des stratégies pour avoir un meilleur rapport à soi et défendre nos idées.
En même temps, reconstruire la confiance en soi et combattre l’impuissance par des attaques contre des cibles étatiques, patriarcales, racistes et capitalistes.

Une attaque comme celle-ci, tant qu’elle n’est pas perpétré massivement, ne peut se placer que symboliquement sur la voie d’une vie plus libre. Mais nous espérons malgré tout que l’idée de cibler les autorités ou les représentants de la ville de Hambourg se répandra. De n’importe quel bureau, au véhicule de nettoyage de la ville.

Nous dédions ce feu aux 13 personnes qui ont trouvé la mort dans les rues de l’une des villes les plus riches.
Jerzy, Josef, Emil, Fiete, Karsten, Jacob, Thomas, Paul, Josef, Jonathan, Leslaw, Robert, Stanislaw.
Pour un avenir meilleur.

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