Le contrôle par reconnaissance faciale arrive dans des aéroports (pour l’instant)

A Roissy et Orly

Le Parisien / vendredi 29 juin 2018

[…] La reconnaissance faciale est discrètement entrée en service à Roissy et Orly, depuis le 22 juin. Une première en France. Le groupe Aéroports de Paris (ADP) a commencé à installer, en collaboration avec le ministère de l’Intérieur et la société Gemalto spécialisée dans la sécurité numérique, les nouveaux sas dit « Parafe » (Passage automatisé rapide aux frontières extérieures), intégrant une technologie à reconnaissance faciale. Il y en a quinze en service à Orly, et une vingtaine à Roissy Charles-de-Gaulle.

« L’objectif est que la reconnaissance faciale soit activée sur les 63 sas Parafe de Roissy d’ici à l’automne », a indiqué Edward Arkwright, directeur général d’ADP. Puis, d’ici fin 2018, d’en équiper en tout 95 sas. Les premiers tests avaient été lancés dès 2016, mais ils n’avaient pas été concluants du point de vue de la fiabilité technologique.

Comment ça marche ? Il suffit de vous présenter devant le sas, de positionner votre passeport [encore, faut l’avoir ; NdAtt.] sur le lecteur, puis une porte s’ouvre. Vous entrez, regardez la caméra devant vous, puis votre visage est identifié après recoupement avec la photo du passeport. Une flèche verte s’affiche et la seconde porte s’ouvre : vous pouvez embarquer.

« La reconnaissance faciale, c’est 10 à 15 secondes maximum par passage, contre 30 secondes minimum pour la reconnaissance digitale (NDLR : avec les empreintes), assure Edward Arkwright. 45 % de nos passagers y sont éligibles, contre 10 % seulement pour la reconnaissance digitale ». Il faut pour cela être majeur, titulaire d’un passeport biométrique et être ressortissant d’un des 28 pays de l’Union européenne, de la Suisse, de l’Islande, de la Norvège ou du Liechtenstein.

L’objectif est surtout, pour ADP comme pour les passagers, de gagner du temps dans ces interminables contrôles, sans déroger à la sécurité. Depuis 2015, et le durcissement des règles de contrôles aux frontières, les temps d’attente s’étaient considérablement rallongés. Avec en point d’orgue le cauchemar à Orly l’été 2017, où il fallait parfois patienter 80 minutes.

Mais la solution miracle que semble être la reconnaissance faciale a été longue à se dessiner. Il a notamment fallu lever de nombreux obstacles administratifs, obtenir les accords de la Cnil… « La mobilisation du ministère de l’Intérieur et la coopération avec la police aux frontières ont été très positives », salue aujourd’hui Edward Arkwright.

Tous les problèmes sont toutefois loin d’être levés. Le dirigeant d’ADP reconnaît rencontrer trois types de difficultés. La première c’est la planimétrie du visage, rebaptisé « le bug du T-shirt Johnny Hallyday ». La machine peut scanner par erreur un visage plat sur un vêtement, comme celui du défunt chanteur sur le torse d’un fan. Il y a aussi la porte du sas que l’on peut forcer et la lumière qui, si elle est trop forte, ne permet pas la reconnaissance faciale. Tous les réglages sont en cours pour tenter d’y remédier. Edward Arkwright insiste : « Notre mobilisation ne faiblit pas, on fait en sorte que l’été se passe au mieux »

*****

A Nice

Le Parisien / samedi 4 août 2018

Pour franchir les frontières, il ne faudra pas faire les timides devant les caméras à l’aéroport Nice-Côte d’Azur (Alpes-Maritimes). Le 6 août prochain, après un mois de test, seize sas Parafe (Passage rapide automatisé aux frontières extérieures) à reconnaissance faciale seront déployés pour la première fois en province, après les aéroports parisiens. Déjà installés par groupe de quatre, les « eGates » high-tech sont fin prêts à être utilisées lors des contrôles de passagers à l’arrivée et au départ des deux terminaux niçois, en zone non-Schengen.

La procédure, que nous avons pu expérimenter, est simple. Une condition cependant : être un Européen majeur muni d’un passeport biométrique. Il suffit de poser le document, ouvert, bien à plat, sur un lecteur numérique afin d’accéder au sas. Une fois à l’intérieur d’un espace entièrement vitré, on se positionne sagement sur des silhouettes de pieds posées au sol, puis on regarde l’objectif face à soi.

« Les cheveux longs doivent être ramenés derrière les oreilles. Mieux vaut aussi enlever son chapeau, le système tient compte de l’évolution des visages et même… de la chirurgie esthétique », précise Arnaud Ladreyt, chargé de mission de la police aux frontières auprès de l’aéroport. Durant une courte attente, un opérateur policier, dans une cabine située en retrait, voit trois images sur son ordinateur. L’une scannée depuis le passeport, l’autre issue de la puce biométrique et une dernière prise par les caméras. Tout est OK, aucun message d’alerte. Ouf, le fonctionnaire valide l’ouverture des portes.

Avec cet investissement 100 % privé au montant « très significatif », explique Dominique Thillaud, directeur du site, le plus gros aéroport français derrière Paris, avec 13,3 millions de passagers en 2017, veut accélérer le rythme des contrôles traditionnels pour les voyageurs « car qu’il y a un vrai problème de saturation parfois ». En rythme de croisière, les sas accueilleront trois personnes par minute.

Mais sans sacrifier la sécurité promettent leurs instigateurs. Dans « un contexte de rétablissement des contrôles aux frontières depuis deux ans et demi et face à la menace terroriste », souligne Jean-Philippe Nahon, directeur départemental de la Paf des Alpes-Maritimes, le logiciel vérifie quasi instantanément la situation des passagers parmi « une quinzaine de fichiers européens ».

Le site niçois, privatisé en 2016 et détenu majoritairement par Azzurra Aeroporti (Atlantia, EDF Invest et la principauté de Monaco), fera-t-il des émules ? Selon l’Imprimerie nationale (IN Groupe) et Gunnebo (l’un des leaders mondiaux dans la fourniture d’équipements et de systèmes de sécurité), qui ont développé ces matériels, deux de leurs clients, les aéroports de Marseille (Bouches-du-Rhône) et Lyon (Rhône), réfléchiraient à adopter la même technologie pour mettre à jour leur dispositif automatisé basé actuellement sur la reconnaissance par empreinte digitale.

*****

Parlons un peu de Gemalto

L’entreprise Gemalto, qui appartient au groupe Thales, se présente comme « le leader mondial de la sécurité numérique » (rien de moins que ça). Elle est le premier producteur au monde de cartes SIM et travaille notamment pour des banques et des États. Ils ont participé à la création d’Eurodac, le fichier de données biométriques (empreintes digitales, reconnues automatiquement via un logiciel dédié) qui a pour but de restreindre la circulation des migrants au sein de la forteresse Europe, selon la convention de Dublin.
Ici leur plaquette publicitaire.

Et, plus intéressant, quelques adresses de ces ordures :

Gemalto
6 rue de la Verrerie
92197 Meudon

Gemalto (Gémenos)
Avenue du Pic de Bertagne
13881 Gémenos Cedex

Gemalto (La Vigie)
Avenue du Jujubier
Z.I Athelia IV
13705 La Ciotat

Gemalto (Pont-Audemer)
Z.I. Saint Ulfrant
27500 Pont-Audemer

Gemalto (Sophia Antipolis)
2405 Route des Dolines, Drakkar B
Sophia-Antipolis
06560 Valbonne

Gemalto (Chambray les Tours)
14 Route du Saint Laurent
37171 Chambray Les Tours Cedex

Buzzinbees (Grenoble)
18 rue de la Tuilerie
38170 Seyssinet-Pariset

ISSM (Meyreuil)
Arteparc Meyreuil – Batiment D
Route de la Cote d’Azur – CS 60105
13590 Meyreuil

Ce contenu a été publié dans Les outils de l'ennemi, Portraits de collabos, avec comme mot(s)-clé(s) , , , , , , . Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.