Cergy-Pontoise : Les outils numériques des flics ne sortent pas de nulle part…

Le Parisien / dimanche 29 juillet 2018

Mi-étudiant, mi-entrepreneur, Sébastien Chauvel est tout juste âgé de 23 ans. Cet étudiant à l’université de Cergy-Pontoise (UCP) en métiers du multimédia et de l’Internet est le créateur de « G comme Gendarme ». Un forum sur lequel militaires et particuliers s’échangent des conseils pour intégrer le service. « Après mon bac en 2014 je me suis engagé comme gendarme adjoint mais j’avais du mal à trouver des réponses à mes questions », se souvient le jeune homme.

Comment se passe la visite médicale, quels sont les horaires de travail, à quoi ressemble le quotidien d’un gendarme sont autant d’interrogations auxquelles Sébastien aurait aimé qu’un professionnel réponde. Une fois les rangs intégrés, il ouvre donc une page Facebook nommée « G comme Gendarme » sur laquelle il publie des articles pratiques sur son expérience. « Les gens me posaient beaucoup de questions et je passais tout mon temps libre à leur répondre, raconte le fondateur. Donc en 2015, j’ai ouvert un forum pour que tout soit public. »

L’engouement est immédiat. Aujourd’hui le site compte environ 10 000 utilisateurs par mois. Mais le gendarme adjoint ne s’arrête pas là. L’année suivante il lance permutationgendarmerie.fr qui répertorie toutes les offres et demandes d’échange de poste au sein de la gendarmerie sur une seule carte interactive. « Il existe bien un logiciel interne pour ça mais les ressources humaines sont directement informées que le gendarme souhaite partir, explique Sébastien Chauvel. Dans les faits, très peu de personnes l’utilisent. »

Pour s’inscrire, il faut une adresse e-mail de gendarmerie, ce qui assure l’identité des usagers. Avec environ 400 annonces postées chaque mois, le site est un succès. Le jeune militaire se voit alors proposer un poste au service informatique de la gendarmerie. « Le principe de la carte interactive a beaucoup plu à mes supérieurs », souligne-t-il.

Alors qu’il s’épanouit au travail, Sébastien se rend rapidement compte qu’il n’a pas de diplôme pour évoluer dans ce milieu. C’est pourquoi il quitte les rangs et rejoint l’université de Cergy-Pontoise. Tout en continuant à développer ses projets. En avril 2017, il lance Piou (en référence au surnom « poulet »), une application mobile qui sert de boîte à outils aux gendarmes. Les dernières actualités, les petites annonces réservées aux agents, les personnes recherchées, les numéros utiles ainsi que ceux de toutes les brigades de France… Tout y est.

Tellement pratique qu’une association de gendarmes propose à Sébastien Chauvel de financer l’application qui coûte 60 € par mois. Un colonel de Dordogne le contacte également en mai pour lui demander d’intégrer les actualités internes à son service dans l’application, uniquement visible par les gendarmes de ce département. « J’aimerais développer le concept à l’échelle nationale. Je vais regrouper mon appli et mes sites en un seul réseau social. J’y travaille sur mon temps libre. C’est ma passion et c’est ce que je veux faire dans la vie », conclut-il ravi d’avoir trouvé sa voie.

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