Notre-Dame-des-Landes : des sociétés d’ingénierie menacées

lemoniteur / lundi 12 janvier 2015

http://www.lemoniteur.fr/media/IMAGE/2015/01/08/306x365xIMAGE_20150108_27070625-644x365.jpg.pagespeed.ic.2FMZ_6W-6J.jpg« Réfléchissez à deux fois avant de répondre à cet appel d’offre… » Par ces mots, une quinzaine de mails et de courriers cherchent à dissuader les candidatures concernant la desserte routière du futur aéroport. Les victimes portent plainte. «Madame, Monsieur, Vous êtes susceptibles de répondre à un appel d’offres concernant le suivi des mesures compensatoires pour la déserte (sic) routière du futur aéroport Grand Ouest. » C’est ainsi que commence la lettre reçue par plusieurs entreprises du secteur de l’ingénierie écologique ou leurs collaborateurs début décembre dernier. Le courrier, signé d’un mystérieux Alain Michelin, président de l’association non déclarée « Du bordel pour l’Ouest » sise dans la ZAD Notre-Dame-des-Landes, visait clairement à empêcher les entreprises de répondre à l’appel d’offre de la DREAL Pays-de-la-Loire. Plus précisément, l’appel d’offre n° 14-134622 concernait le suivi des mesures compensatoires relatives à la restauration des fonctions liées aux zones humides dans le secteur prévu pour accueillir le futur aéroport et sa desserte routière.

« Notre dépôt de plainte contre X a été motivé par cette lettre concernant l’appel d’offre qui se clôturait le 5 décembre dernier, mais le courrier rappelle des exactions qui remontent à 2011 », indique Bruno Dumont Saint-Priest, directeur délégué aux syndicats de la fédération Cinov, qui représente les sociétés d’ingénierie. Sous prétexte de « mettre en garde contre les risques encourus par l’entreprise qui décrochera ce marché », l’auteur rappelle les incidents, délits, sabotages et perturbations dont diverses entreprises liées au projet d’aéroport ont fait l’objet il y a quelques années.

 

Pneus crevés, tags, serrures engluées

 

En ligne de mire, une PME d’ingénierie environnementale qui a ainsi fait les frais de telles actions à plusieurs reprises en 2011, 2012 et 2013, avec la destruction systématique du matériel de mesure laissé sur le site, l’envahissement des locaux, des pneus de véhicules crevés, des tags, des serrures engluées… Le président de la société a même reçu à son domicile un cercueil contenant de vieux ossements. En 2014, ce sont deux autres sociétés en charge là-aussi des mesures compensatoires qui ont connu des actes de vandalisme et des vols de matériels.

 

« Adopte un sous-traitant »

 

L’association « Du bordel pour l’Ouest » a par ailleurs lancé la campagne « Adopte un sous-traitant » qui consiste a minima à harceler la société concernée afin qu’elle abandonne toutes velléités de travailler sur un projet en lien avec le futur aéroport. Jusqu’à présent, aucune des plaintes n’a donné lieu à des interpellations. « Nous espérons tout de même qu’une enquête sera dépêchée et que des mesures seront prises pour sécuriser les entreprises menacées », explique Bruno Dumont Saint-Priest. La fédération a choisi d’écrire au procureur de la République de Nantes, tandis qu’une des victimes a demandé une indemnisation auprès de la préfecture.

A plus long terme, la fédération Cinov prévoit déjà d’interpeller le gouvernement sur cette nouvelle forme de radicalisation et de violence qui se répand au gré des projets d’aménagement du territoire en France. Faut-il revoir les cadres dans lesquels s’effectuent les études d’impact ? Les processus de concertation permettent-ils d’entériner un véritable processus démocratique ? Telles sont les questions que veut poser la fédération Cinov aux ministères de l’Ecologie et de l’Intérieur. Une réunion entre les syndicats Syntec Ingénierie et Cinov est d’ailleurs prévue sur cette question dans les prochaines semaines.

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