Beauvais : Ça chauffe à l’ancienne taule (et la nouvelle ouvrira bientôt)

Le Parisien / mercredi 23 septembre 2015

Ca chauffe derrière les hauts murs de la vieille maison d’arrêt de Beauvais. Lundi, le peloton de surveillance et d’intervention de la gendarmerie a dû intervenir pour maîtriser un début d’émeute lors de l’extraction d’un détenu. Selon le syndicat SLP-FO, les individus impliqués dans ce début d’émeute auraient également tenté de s’évader, quelques jours auparavant en écartant les barreaux de leur dortoir et en cisaillant le grillage. Le syndicat dénonce le laxisme du chef d’établissement et réclame le transfert de ces détenus. Contacté, le directeur ne nie pas les difficultés qui existent à la maison d’arrêt mais rappelle que l’établissement va fermer ses portes le 29 novembre prochain.

Beauvais : la nouvelle prison entre en service

Le Courrier Picard / mardi 22 septembre 2015

Les premiers détenus intégreront le centre pénitentiaire de Beauvais le 29 novembre. À terme, ils seront 600. Leur arrivée engendre un surplus d’activités dans différents services.

1 Pour la police

39 policiers viennent d’être nommés dans l’Oise, dont 13 à Beauvais. Des effectifs supplémentaires pour répondre à l’ouverture d’un centre pénitentiaire qui recevra six fois plus de détenus que l’actuelle maison d’arrêt. «  Les policiers de Beauvais seront amenés à intervenir dans l’urgence au sein du nouveau centre pénitentiaire en tant que premiers intervenants lors de troubles  », indique Nathalie Skiba, directrice départementale de la sécurité publique. Des missions judiciaires les attendent également. «  Notamment tous les dossiers concernant des détenus avant leur incarcération, même si les faits ne se sont pas produits à Beauvais. Les officiers vont devoir les entendre dans le cadre des enquêtes. » Les extractions de détenus vont également mobiliser davantage de policiers.

2 Pour les services pénitentiaires

Depuis que les clés ont été remises à l’administration pénitentiaire en juin dernier par le constructeur Spie Batignolles, « une garde des murs » s’est mise en place. «  Seize agents ont été affectés à cette mission. Des travaux de mise en conformité des cellules se sont poursuivis cet été. Aujourd’hui, le personnel administratif et de direction est arrivé dans le centre. À compter du 2 novembre, 180 agents seront en poste. Ils effectueront une période de formation dans les murs pour bien s’approprier l’établissement  », explique Jooris Ledoux, secrétaire permanent de l’UFAP-UNSA Justice pour la Picardie, qui rejoindra bientôt Beauvais.

À terme, 300 personnes travailleront dans le centre pénitentiaire de Beauvais. Le personnel de la maison d’arrêt de Beauvais y reprendra intégralement ses fonctions. Tandis qu’à Compiègne, sur la cinquantaine d’agents, seulement sept ont choisi de travailler dans la ville-préfecture. «  Soixante-seize stagiaires sortis d’école, qui ont moins d’un an de service, vont arriver. Ils sont en ce moment en disposition dans d’autres établissements. Les autres agents ont été nommés par le biais des mutations. »

3 Pour les détenus

Les premiers détenus arriveront des maisons d’arrêt de Beauvais et de Compiègne. « Le premier transfert est prévu le dimanche 29 novembre. Un arrêté préfectoral doit être pris, d’importantes forces de l’ordre seront mobilisées, confie Jooris Ledoux, rassurant sur le déroulé de cette opération sous haute surveillance. Quand il y a eu un incendie à la prison de Maubeuge, en décembre dernier, les détenus ont été transférés très rapidement dans d’autres établissements et tout s’est bien passé. » Le centre pénitentiaire va aussi se remplir au fil de l’activité judiciaire pour contenir jusqu’à 604 détenus. Un nombre qui devrait être atteint en juin prochain selon les estimations. «  Pour le moment, aucune autre prison ne devrait transférer des détenus. Mais la population carcérale originaire de Creil, actuellement présente dans les établissements du Nord de Paris, pourrait demander à venir sur Beauvais  » L’encellulement sera individuel. Mais Jooris Ledoux craint déjà une surpopulation carcérale d’ici la fin de l’année 2016.

4 Pour l’hôpital

Médecins, infirmiers, secrétaires forment déjà une unité sanitaire à la maison d’arrêt de Beauvais. Cette équipe sera renforcée pour atteindre une vingtaine de personnes dans le centre pénitentiaire. C’est l’hôpital qui a choisi les équipements. «  Il sera désormais possible de faire des radiographies à l’intérieur de la prison, ou encore d’instaurer des consultations en télémédecine pour éviter les extractions anarchiques  », précise José Pulido, directeur référent de l’unité sanitaire pour le centre hospitalier de Beauvais.

À l’intérieur même de l’hôpital, un lit, réservé au service pénitentiaire, a été ajouté à la demande du préfet sur les deux déjà existants dans cet espace sous surveillance, où l’on peut effectuer des opérations chirurgicales.

5 Pour les magistrats

L’effectif des juges de l’application des peines est pour l’heure inchangé malgré «  la croissance attendue de 48 % par rapport à la population carcérale actuelle  », selon Brigitte Brun-Lallemand, présidente du tribunal de grande instance de Beauvais, dès l’arrivée des premiers détenus. Cette dernière attend la nomination d’au moins deux magistrats en plus d’ici mi-2016 pour faire face à ce surplus d’activité. «  Des bureaux ont déjà été vidés dans le service et n’attendent plus que les juges avant que ne s’entassent à l’intérieur des dossiers. »

6 Pour la ville

Des habitants en plus assurément. Parmi les nouveaux agents des services pénitentiaires, certains vont s’installer avec leurs familles dans le Beauvaisis. «  L’Agglomération a d’ailleurs mis à leur disposition la cellule d’accueil des cadres pour accueillir et accompagner les surveillants et/ou leurs conjoints sur les questions de logement, de l’emploi du conjoint ou de la scolarisation des enfants  », précisent les services compétents. «  Parmi les stagiaires, une majorité vient du nord de la France. Certains ont fait le choix de ne pas s’installer à Beauvais  », ajoute Jooris Ledoux. Le prochain conseil communautaire doit valider la création d’une ligne de bus desservant la prison et la gare SNCF aux heures et jours de parloir.

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