Lavaur (Tarn) : Action de solidarité aux détenu·es de l’Établissement Pénitentiaire pour Mineur·es

IAATA / mardi 19 avril 2022

Jeudi 14 avril 2022, aux abords de l’EPM de Lavaur dans le Tarn, nous avons crié notre solidarité avec les personnes enfermées.

Une belle action de solidarité avec un petit groupe soudé et déter ! Nous avons balancé du gros son, crié haut et fort « Liberté » et lu notre communiqué (ci-dessous) en face d’un des murs de la taule. En repartant, sans surprise, les flics nous ont intercepté mais nous avons tenu collectivement le refus d’identité ainsi que le refus de répondre à leurs questions débiles, malgré leur habituel speech de menaces. Nous nous sommes rassemblé·es dans un supermarché du coin, toujours nassé·es par les keufs qui avaient appelé du renfort. Après un long moment à questionner la centrale et face à notre détermination collective, ils nous ont finalement laissé partir !

Nous avons eu du soutien d’un voisin de la taule qui était content que l’action se passe et également d’une passante qui déteste manifestement la police et nous a assuré que les jeunes enfermé·es nous avaient entendu !

 

 » L’EPM de Lavaur est l’un des 6 EPM réalisés en fRance qui enferment en tout plus de 400 jeunes. Pourtant, il y a beaucoup plus de jeunes enfermé·es si on compte les centres éducatifs fermés et les quartiers pour mineur·es des maisons d’arrêt, qui enferment en fait la majorité des mineur·es incarcéré·es. Avec cette drôle « d’ambition » affichée de départ, de remplacer les quartiers pour mineur·es, les EPM, en plus d’avoir échoué, se sont en fait surtout rajoutés à l’arsenal répressif et ont augmenté la capacité d’incarcération des jeunes. En réalité, les EPM s’inscrivent dans la longue logique de politiques pénales et de lois sécuritaires de plus en plus répressives. Ces deux dernières décennies ont vu exploser la population carcérale, et les jeunes, surtout ceux des quartiers populaires, sont la cible privilégiée de ces politiques.

Sur la plaquette du ministère de la justice sur les EPM, on peut lire « les établissements pénitentiaires pour mineurs répondent à un concept entièrement nouveau qui vise à concilier incarcération des jeunes détenus, éducation et soutien pédagogique ». Dur de donner envie d’apprendre, entouré·es de matons armés, de caméras et de barbelés. Devant l’échec du binôme « maton-éducateur », dans lequel les éduc’ se muent souvent petit à petit en matons, force est de constater que le sécuritaire l’a emporté sur le reste. Comme c’est surprenant ! Malgré ce vaste enfumage d’engagement éducatif, deux jeunes se sont suicidés à Lavaur, dont le plus récent remonte seulement à quelques mois.

Et pourtant, sur la même plaquette, les concepteurs se targuent de proposer une « vision humaniste » qui repose sur une conception des bâtiments qui n’est « ni anxiogène, ni écrasante ». En fait, cette architecture a surtout permis un contrôle collectif plus important en EPM que dans les quartiers pour mineur·es. À Lavaur, tout le monde voit tout le monde, les jeunes entre eux, les matons entre eux, les personnels soignants entre eux. Ce qui pose évidemment de graves problèmes de confidentialité et d’anonymat dans l’accès aux soins, le suivi psychiatrique, etc. On peut facilement imaginer les effets destructeurs au long terme de cette absence d’intimité, chez des jeunes en construction…

Se voulant être un outil de punition et de « réinsertion », ou rempart contre la récidive, la prison est avant tout déshumanisante, stigmatisante, désocialisante, destructrice et est un outil de reproduction des inégalités et des dominations. La prison, avec les tribunaux et la police sont le mode de répression et de gestion de la misère sociale engendrée par le capitalisme. Nous ne croyons pas en cette justice de classe, qui ne sert que les intérêts de la classe dominante !

En ces temps mouvementés, avec la brûlante affaire anti-terroriste des inculpé·es du 8/12 ravivée par la grève de la faim de notre camarade Libre Flot en réaction à son injustifiable mise à l’isolement, et qui aura durée 36 jours, toutes les personnes enfermées sont des prisonnier·es de guerre sociale ; tous·tes les prisonnier·es sont politiques !

Tout comme la peine de mort et la torture, la prison ne peut s’aménager. Contre les CRA, contre les taules, contre les EPM, nous nous opposerons à tous les systèmes d’enfermement. Que crève la taule ! « 

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