Cher : Les antennes-relai (et l’unité de dépuration d’eau) au cocktail Molotov

Le Berry Républicain / vendredi 30 novembre 2018

Les gendarmes dénombrent cinq faits dont le mode opératoire est identique et plutôt singulier : un jet de cocktail Molotov sur des équipements, dans un périmètre compris entre Herry, Garigny, Charentonnay et Jussy-le-Chaudrier, soit une poignée de communes autour de Sancergues.
Cette semaine, ce sont d’abord quatre installations d’antennes-relais et de pylônes servant aux télécommunications qui ont été visées, dans les quatre communes. Deux pylônes sont situés en agglomération de deux communes, deux autres sont perdus en dehors des agglomérations.

Chaque fois, le ou les auteurs jette(nt) un cocktail Molotov. Une armoire électrique a été complètement détruite. Les conséquences pour les usagers (téléphones et internet) semblent limitées.
Vendredi 30 novembre, les gendarmes ont constaté une attaque d’une autre nature. À Herry, déjà victime d’une dégradation de pylône, c’est le local technique de l’unité de production d’eau potable qui a été visé. Le carreau de la porte a été cassé pour pouvoir y jeter plus facilement le cocktail Molotov. Là encore, les dégâts ont été limités.

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Mise à jour du 24 septembre 2021 : divorce-dépression-dépôt de bilan… et pas de politique

Le Berry Républicain / mercredi 22 septembre 2021

Un homme de 37 ans a été jugé coupable ce mercredi, par le tribunal correctionnel de Bourges, d’avoir détruit plusieurs installations de téléphonie mobile en les incendiant au cocktail Molotov.

Le tribunal l’a condamné à un an de prison avec sursis. Et a prononcé la confusion de cette peine avec une première – quatre ans d’emprisonnement avec sursis et 3.000 euros d’amende – prononcée pour des faits similaires, mais commis en réunion, par le tribunal correctionnel de Nevers (Nièvre), en décembre 2019.

Il devra en outre verser plus de 15.000 euros aux opérateurs visés.
Le substitut du procureur avait requis deux ans avec sursis simple et 2.000 euros d’amende.

Les faits s’étaient déroulés lors d’une soirée de fin novembre 2018 (notre édition du 29 novembre) à Garigny, Herry, Charentonnay et Jussy-le-Chaudrier, soit dans un rayon de moins de dix kilomètres. Le prévenu s’en était pris à deux armoires de répartition téléphonique et à deux relais.

Sur deux des sites, son ADN avait été retrouvé parmi les débris de cocktails Molotov confectionnés à partir de canettes de bière. Interpellé, il avait reconnu les faits.

Idem ce mercredi, à la barre. « À l’époque, j’étais en plein divorce, a-t-il avancé. C’était difficile, je buvais énormément. Je ne saurais pas dire exactement pourquoi je me suis attaqué à ces relais… »

Il a soutenu que ses agissements n’avaient « aucune portée politique », quand bien même il les avait commis au plus fort des manifestations des « gilets jaunes ».

Pour la société Bouygues, partie civile, un avocat chiffre « à plus de 7.000 euros » le préjudice subi à Herry. À Garigny, les dégâts se montent « à près de 29.000 euros », soit 36.170 euros « et 26 centimes » pour les deux sites. Son confrère, au soutien de l’entreprise Berry numérique, évalue la note à quelque 12.000 euros à Jussy-le-Chaudrier. « L’équipement détruit n’était même pas encore entré en exploitation, déplore-t-il. Il devait assurer l’accès à internet à des gens qui attendaient ça désespérément. Il leur a fallu attendre six mois de plus… »

À Charentonnay enfin, l’opérateur Orange a invoqué près de 5.000 euros de préjudice « et 150 abonnés impactés ».

Le parquet a clairement souligné l’influence du mouvement des « gilets jaunes » sur le prévenu. « Leurs manifestations ont incité des individus comme ce monsieur à commettre des actes isolés sous couvert de colère populaire, de grand changement révolutionnaire… Mais les “gilets jaunes”, aujourd’hui, ne sont pas là pour le soutenir?! »

L’avocat de la défense lui a emboîté le pas. « Les “gilets jaunes”, à l’époque, fustigeaient à longueur de temps les grandes entreprises qui amassaient les profits : à leurs yeux, c’étaient les banques… et les opérateurs de téléphonique mobile, les fournisseurs d’accès à internet?! Mon client, lui, venait d’être laminé par les fameux trois “D” : divorce-dépression-dépôt de bilan. Il se débattait en plein divorce, sa mère encore jeune venait de mourir et l’entreprise familiale avait dû déposer le bilan. Alors, après quelques verres, il a cru se défouler ainsi. »

L’avocat a plaidé « une erreur appartenant désormais à son passé. D’ailleurs, il a d’ores et déjà réglé l’amende infligée par le tribunal de Nevers. » Des arguments qui ont, pour partie, porté.

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