Toulouse : Engin incendiaire aux pieds de deux églises

France 3 Midi-Pyrénées / Jeudi 15 décembre 2016

L’engin artisanal aurait été installé devant l’église avec la volonté de mettre le feu. Une enquête est ouverte. Un engin incendiaire artisanal, « susceptible d’exploser bien qu’assez sommaire », a été retrouvé devant une église toulousaine et une enquête a été confiée à la police judiciaire de Toulouse, a-t-on appris de sources policières. L’engin renfermé dans une boîte de la taille d’un carton de vin a été découvert jeudi 8 décembre par un paroissien contre la porte de l’église Saint-André, dans le quartier de la Roseraie à Toulouse.

La sécurité publique a aussitôt ramené à l’Hôtel de police le carton qui « certes paraissait inoffensif, mais aurait pu s’enflammer », indique-t-on de source proche du dossier. « Le dispositif rudimentaire était bien destiné à mettre le feu », souligne une autre source policière. L’engin artisanal était constitué de deux bouteilles de liquide inflammable pour barbecue, reliées par du fil électrique, auxquelles étaient collés des cubes d’allume-feu piqués de cierges magiques pour anniversaires.
Les bougies avaient été allumées mais étaient consumées sans que leurs étincelles n’enflamment le reste du dispositif, qui avait séjourné cinq jours sur le parvis de l’église, décrit encore une source proche du dossier. Une fois l’engin à l’hôtel de police, « toutes les diligences ont été prises », indique cette source, le commissariat a été entièrement évacué pendant 45 minutes, les services de déminage appelés sur les lieux ont réalisé une radioscopie du carton et conclu qu’il était inoffensif. Une enquête a été ouverte dont le SRPJ de Toulouse a été chargé. La police scientifique doit rendre ses conclusions dans les jours qui viennent.

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Les deux églises, la rue des Bons-Enfants et l’extrême-droite toulousaine

IAATA / Mercredi 21 décembre 2016
Faire un saut dans l’histoire pour comparer ce qui n’a rien à voir et découvrir (quel surprise !) des liens entre des fafs et des flics.
Le mardi 8 novembre 1892, un anarchiste, Emile Henry, dépose une bombe « à renversement » au siège des mines de Carmaux à Paris. Elle est ramenée au commissariat du 21, rue des Bons-Enfants et y explose, tuant six personnes, dont cinq flics — l’un d’eux meurt d’une crise cardiaque en entrant dans le commissariat après l’explosion. Ce bien heureux événement qui doit tout au hasard, connaît aujourd’hui encore une certaine notoriété grâce à une chanson, La Java des Bons-Enfants, dont le texte, prétendumment attribué à Raymond-la-Science (de la bande à Bonnot) est en réalité de Guy Debord.
Durant l’hiver 2016, un dispositif incendiaire est déposé devant la paroisse Saint-André à Toulouse. Il est composé de bouteilles de liquide inflammable, d’allume-feux et de bougies. Celles-ci se consumment sans enflammer le dispositif. Il reste plusieurs jours devant l’église avant d’être découvert. Des flics le ramènnent alors au commissariat central et le déposent dans la cour pour l’analyser. Et là, c’est la panique : une partie du commissariat est évacué, les pompiers et les démineurs sont appelés. Iels analysent le dispositif puis le font exploser.
Si l’épilogue à ces deux histoires diffère sensiblement, la maréchaussée n’a heureusement toujours pas compris que lorsqu’elle découvre un dispositif incendiaire ou explosif, le ramener au commissariat c’est courrir un risque qu’il s’y déclenche, pour le plus grand bonheur de tou.te.s. Et même s’il ne s’y enflamme pas, le commissariat est évacué et les démineurs détruisent ce qui aurait pu se retrouver sous scellé, ce qui est déjà ça de gagné.
Lorsqu’on entend le bruit des bottes
Mais au-delà du léger parallèle entre ces deux événements, la découverte de ce dispositif incendiaire aura permis de confirmer certaines choses dont on pouvait aisément se douter, mais dont on n’avait jusqu’alors aucune preuve formelle : les liens privilégiés qui existent entre l’extrême-droite radicale toulousaine et la police.
A partir du 14 décembre, toute la presse locale (La Dépêche, Actu Côté Toulouse, France 3 Midi-Pyrénées, etc.) relaie l’information selon laquelle une « bombe artisanale » ou un « engin incendiaire » aurait été découvert plusieurs jours auparavent devant une église de Toulouse. Comme d’habitude, les journalistes disposent grosso-merdo tou.te.s de la même source d’information, à savoir ce que le service com’ de la police nationale veut bien leur en dire et iels brodent avec ça, en rajoutant du lyrisme autour d’une dépêche AFP.
Parmi les différents sites qui racontent l’histoire, seul un précise ce fait supplémentaire (et non des moindres) :
Selon une autre source policière, un autre engin du même type aurait été retrouvé près de l’Eglise Saint-Aubin, dans le centre-ville de Toulouse. La police l’aurait découverte la semaine dernière en plein après midi. L’information reste à confirmer.
Il se trouve que ce site, qui est le seul à avoir accès à cette « autre source policière », c’est Infos Toulouse et que, malgré son aspect « neutre » pour qui y jetterait un coup d’œil trop rapide, est en réalité tenu par l’extrême-droite radicale.
Qu’ Infos Toulouse soit le seul site à relayer l’info qu’un deuxième dispositif a été retrouvé devant Saint-Aubin ne peut signifier que deux choses (assez proches) : soit des flics participent directement à ce site d’extrême-droite, soit les fascistes du coin sont suffisament potes avec des flics de Toulouse pour que leur soit révélé des infos auxquelles même La Dépêche n’a pas accès.
Dans chacun des cas, au fond rien de vraiment suprenant : les liens privilégiés entre la police et l’extrême-droite ont déjà été prouvées de très nombreuses fois, mais le fait que des fascistes puissent avoir accès à des infos policières est une chose qu’il faut savoir garder à l’esprit
Flics, fascistes, assassins !

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