Valence : Mutinerie à la Maison céntrale

Le Monde / lundi 26 septembre 2016

Après avoir dérobé un jeu de clés à un gardien et tenté de mettre le feu à des matelas, des détenus du centre pénitentiaire de Valence ont refusé dimanche 25 septembre, au soir, de regagner leurs cellules pendant plusieurs heures.
L’incident a débuté peu après 18 h 30 au sein de la maison centrale du centre pénitentiaire quand trois prisonniers s’en sont pris à deux gardiens, qui ont été légèrement blessés et qui ont pu se mettre aussitôt à l’abri rapidement, a précisé à l’Agence France-Presse Frédéric Loiseau, secrétaire général de la préfecture de la Drôme.
« Parmi les deux surveillants blessés, l’un a été conduit à l’hôpital. Trois autres surveillants, choqués, ont bénéficié d’une prise en charge psychologique », a détaillé pour sa part le ministère de la justice dans un communiqué, soulignant qu’« aucun agent n’a[vait] été pris en otage ».
Au cours de l’agression, les détenus ont réussi à voler un jeu de clés à l’une de leurs victimes. Les trois prisonniers se sont alors isolés au troisième étage du bâtiment, ouvrant quelques cellules et tentant en vain de mettre le feu à des matelas, selon des sources concordantes.
L’incident a été « confiné » vers 22 heures, précise le ministère, et les détenus ont regagné leurs cellules un quart d’heure plus tard, selon M. Loiseau, après l’arrivée sur place des équipes régionales d’intervention et de sécurité. Des dégâts importants ont été néanmoins constatés sur deux étages de l’établissement pénitentiaire.
Le garde des sceaux, Jean-Jacques Urvoas, a salué dans un communiqué « l’action des personnels pénitentiaires qui ont mis fin à l’incident ».
« Le Syndicat pénitentiaire des surveillants n’est pas étonné de voir que de tels actes se produisent dans les établissements pénitentiaires », a réagi pour sa part la formation syndicale. « Les détenus ne sont pas dupes et ont bien conscience que le manque d’effectifs de surveillants est propice à une escalade des violences », a-t-il dénoncé, réclamant « un apport d’effectifs de surveillants » et une « sanction exemplaire » pour les auteurs des troubles.

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NdAtt.: Pour rappel, le Centre Pénitentiaire de Valence a été récemment délivré par la société de construction Spie-Batignolles. Il est géré en Partenariat Public-Privé par Gepsa, société du groupe Engie.

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Mutinerie à la prison de Valence : le meneur présumé est l’évadé à l’explosif de Moulins en 2009

FranceBleu / lundi 26 septembre 2016

Le détenu qui a agressé un surveillant dimanche soir au centre pénitentiaire de Valence est un homme considéré comme dangereux. Omar Top El Hadj est l’un des évadés de la centrale de Moulins en 2009. Il a été transféré durant la nuit dans un autre établissement carcéral. C’est un prisonnier connu dans le milieu carcéral qui est à l’origine des troubles hier soir dans le bâtiment « maison centrale » de la prison de Valence. Omar Top El Hadj, 37 ans, est un braqueur condamné en 2002 à dix ans de réclusion pour avoir tiré sur des policiers à la kalachnikov en Seine-Saint-Denis.
En 2009, il s’évade avec un autre détenu de la centrale de Moulins. Il utilise des explosifs pour faire sauter deux portes blindées et il prend en otage deux surveillants qu’il libèrera dans la soirée. En 2015, il est condamné en appel pour cette évasion à dix-huit ans de réclusion. De sa vie derrière les barreaux, il a fait un livre « condamné à vivre » pour dénoncer les conditions d’incarcération en France.
Est-ce pour dénoncer ses conditions de détention qu’Omar Top El Hadj a perpétré cette agression dimanche soir ? Le 2 septembre dernier, il a escaladé un des murs de la cour de promenade avec une corde fabriquée artisanalement. Selon les surveillants, il s’agissait pour lui de tester le protocole prévu en cas de tentative d’évasion. Lui affirme qu’il voulait dégrader le brouilleur de téléphone pour pouvoir joindre sa compagne actuelle car elle n’avait plus accès au parloir depuis cinq semaines.
Ce serait un nouvel incident qui aurait provoqué son coup de sang. Selon sa compagne que nous avons eu au téléphone, elle s’était vu refuser l’accès au parloir ce dimanche, ce qui aurait mis le détenu très en colère.
Omar Top El Hadj et les deux détenus qui l’ont aidé à ouvrir les cellules de l’étage et à mettre le feu à des matelas ont tous les trois été transférés sur des établissements pénitentiaires de la région.
Les dégâts seraient importants. A ce stade, l’administration pénitentiaire n’apporte pas de précisions. Selon les syndicats, le bureau du surveillant d’étage est en partie brûlé et du gros matériel a été jeté depuis les coursives (réfrigérateurs, machines à laver). L’agent frappé dimanche soir souffre de blessures au visage et au torse mais il est ressorti de l’hôpital dès dimanche soir. Lui et deux de ses collègues ont porté plainte. Un rassemblement est organisé par les syndicats jeudi matin devant le centre pénitentiaire.

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