Lille : Pourquoi nous avons perturbé The Shifters et leur monde

Indymedia Lille / vendredi 7 féverier 2025

POURQUOI NOUS AVONS PERTURBE THE SHIFTERS ET LEUR MONDE (petite réflexion anti-nucléaire sur le réchauffement climatique)

Voilà un texte relatant un événement qui date d’il y a plus d’un an, mais qui nous paraît toujours complètement d’actualité : le lobby de Jancovici, the Shift Project, existe encore et continue sa propragande. En 2025, on est toujours anti-nucléaires ! [1]

Il y a quelques mois, le 28 octobre 2023, se tenait à l’Aéronef à Lille une conférence organisée par The Shift Project sur le réchauffement climatique. Passionné·es d’aéronautique et par cette question du climat, de la transition énergétique, nous y sommes allé·es. On ne pouvait pas rater ça !
The Shift Project est un think tank, ou association de lobbying, que pilote Jean-Marc Jancovici. Jean-Marc Jancovici, c’est ce mâle qui sait, celui qui va nous guider dans le brouillard de la transition énergétique.
Transition énergétique, voilà ce terme par lequel tout est filtré, compressé, pour finir comme une vulgaire matière première. Business as usual. L’orientation générale des « Shifters », malgré leur apparente critique de la croissance, est de tendance libérale et autoritaire. D’ailleurs, le Shift Project est financé par des entreprises influentes comme EDF, Bouygues, Vinci et Michelin [2]…
La transition énergétique, c’est la continuation plus verte de ce monde, la verdeur du capitalisme. Lors du déroulé de ce spectacle conférenciel, avec démonstrations chiffrées et plein de jolis dessins comme à l’école, on nous disait en gros que le réchauffement climatique c’est ce qui tue les forêts, provoque les sécheresses, met les gens sur les routes de l’exil. Evidemment, il faudrait bien agir.

Mais les forêts qui brûlent, les sécheresses, les migrations ont d’autres causes que le réchauffement climatique. Les sols pollués, les forêts détruites et acidifiées, plantées à seule fin industrielle, l’artificialisation des sols, les engrais, la chimie ont d’autres raisons plus systémiques. La biodiversité et le vivant s’écroulent sous le poids de la société industrielle et nous dessous, à cause du capitalisme.

Les Shifters, c’est Jancovici. Bien sûr il est écolo le Janco, presque décroissant il parait. Mais le Janco, c’est un nucléo, un nucléocrate qui irradie la confiance en l’avenir… nucléaire bien sûr !Jancovici n’en démord pas, l’avenir de la transition verte, énergétique, c’est le nucléaire . « Le nucléaire, c’est moins dangereux que les bonbons » (ça fait moins de morts [3], il le dit Janco). Le truc des nucléocrates, c’est de dire que les risques sont bien mesurés. Et puis le nucléaire c’est décarboné, donc ça ne réchauffe pas la planète. D’ailleurs les conférencier·es le disaient : « un téléphone ça pollue en amont (sa fabrication, ses matériaux) mais après, bah non, ça pollue plus. Ben non comme ça consomme que de l’élec et que l’électricité c’est nucléaire, ça pollue pas. Les Chinois qui fabriquent le téléphone polluent, car eux sont au charbon ». Magie de la transition énergétique.

Sauf que la bagnole électrique est en train d’envahir notre monde. Ses infrastructures vont toujours et encore bouffer des terres agricoles, des bois et polluer des villes entières. Le nucléaire, c’est pas décarboné. L’uranium ne vient pas avec les oiseaux migrateurs du Niger, du Kazakhstan ou d’autres terres bénites [4]. Le nucléaire, ça consomme des tas de produits chimiques [5] pour sa fabrication et son fonctionnement, dont des gaz à effet de serre (qui réchauffent le climat) . Ca pompe l’eau qui manque [6], ça tue mille et une vies [7].
Le nucléaire ça nous maintient dans une dépendance à des gestionnaires de nos vies. Le nucléaire partout, c’est la promesse de ne pouvoir jamais vivre libéré·es du capitalisme nulle-part. C’est être sous le joug des nucléocrates et de leurs interêts personnels. Le nucléaire, c’est l’impérialisme, ça pollue, c’est militaire, c’est la dictature. Jancovici, comme tous·tes les tenant·es du nucléaire, sont nos ennemi·es !

C’est parce qu’ils et elles veulent se mettre dans la poche les opposant·es, être partout où on peut travailler l’opinion, que nous sommes venu·es le 28 octobre 2023. Nous avons interrompu la conférence en prenant la parole qui nous était confisquée et avons distribué nos argumentaires à l’assistance.

Ne leur laissons pas la place. Le monde n’est pas à eux et elles seul·es. Le nucléaire c’est le passé et malgré tout, pour longtemps, un certain avenir comme héritage. Le stopper, c’est refuser qu’il prolifère, c’est réfléchir au futur, le nôtre, pas celui du capitalisme et de sa transition.

Le collectif LilleRadiée

 

Notes

[1] D’ailleurs, à tout moment il est fortement recommandé de (ré)imprimer en plein d’exemplaires la lettre rectificative de la BD de Jancovici, et d’aller en librairie les glisser directement DANS les fameuses bédés jaunes ! Ici, la lettre en format PDF suivant ce lien.

[2] Sources : Hervé Kempf, « On ne parle pas assez du génie de Jean-Marc Jancovici » [archive], sur Reporterre, 25 mai 2021 ; et Nabil Wakim, « Jean-Marc Jancovici, un décroissant pronucléaire en campagne [archive] », sur lemonde.fr, 18 mars 2022)

[3] Compter le nombre de mort·es causé·es par le nucléaire est complexe, car les effets de la radioactivité ont lieu à très long terme. Si on s’en tient aux humain·es, on peut dénombrer le nombre de mort·es à Hiroshima et Nagasaki (100 000 à 220 000 mort·es). Hors temps de guerre, suite à la catastrophe de Tchernobyl, jusqu’à 9000 personnes pourraient décéder des suites de l’accident d’après l’OMS (et 315 000 ont été déplacées, 2 millions ont été touchées par la contamination). Mais on peut s’intéresser aux répercussions sur la santé, par exemple chez les animaux non-humains : 40% des oiseaux mâles sont totalement stériles dans les zones les plus touchées par l’accident de Tchernobyl.

[4] En moyenne, rien que sur le territoire français, l’uranium parcourt 2800 km au cours de la chaîne de production de l’énergie nucléaire, de l’enrichissement dans les usines de Narbonne et de Romans-sur-Isère jusqu’au retraitement à la Hague en passant par les centrales nucléaires. Ceci, en train, ou bien… en camion. Et puis tout ça, c’est sans parler des mastodontes de béton (matériau dont la fabrication est hautement émettrice de CO2 et consommatrice d’eau) que constituent les installations nucléaires. Tiens, il faudra combien de tonnes de béton pour fabriquer le CIGEO à Bure, déjà ? Ah oui : 6 millions de mètres cubes de béton, et puis 2,25 milions detonnes de ciment et 3,4 millions de tonnes de sable… Mais c’est écolo le nucléaire, on vous dit !

[5] L’usine de la Hague, qui réalise le retraitement des déchets radioactifs (département de la Manche) rejette dans la mer autant de nitrates qu’une ferme de 100 000 porcs. En effet l’acide nitrique est nécessaire au découpage des déchets radioactifs.

[6] En 2021, les centrales nucléaires situées sur la Loire ont pompé 693 millions de mètres cubes d’eau et en ont rendu 500 millions de mètres cubes, chauds et chargés en susbstances chimiques et radioactives dans le fleuve. La température du Rhin a augmenté de 3° en un siècle, en partie à cause du dérèglement climatique, mais aussi à cause de la centrale de Fessenheim. Ce qui est bien, c’est qu’à avec le réchauffement climatique, on aura laaargement assez d’eau pour refroidir les centrales et leurs déchets (qui sont si bouillants qu’on doit les laisser refroidir pendant 30 ans dans des ’piscines’ qui doivent être continuellement re-remplies d’eau froide, sans quoi les déchets feraient bouillir les piscine, l’eau s’évaporerait et les déchets radioactifs entreraient en fusion ! Ha Ha Ha !

[7] Sur une année, à elle seule, la centrale nucléaire de Gravelines aspire 812 tonnes de méduses et 52 tonnes de poissons (vivants !), qui sont dégagés des filtres des tuyaux de refroidissement grâce à 50 tonnes d’eau de javel quotidiennement directement rejetés dans la mer. Tout propre !

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