Drones : L’État vise loin (les entreprises aussi)

Cettesemaine / dimanche 20 septembre 2015

En matière nucléaire comme en aéronautique, et dans la plupart des domaines industriels, on sait depuis longtemps que la distinction « civil » et « militaire » n’est plus de mise. S’il n’en fallait qu’une énième démonstration, l’école de pilotes de drones (Drone center) installée à Bretigny en Essonne met par exemple en avant sur sa page « Témoignages de professionnels » avoir formé autant des journalistes que des pilotes de l’escadron d’hélicoptères 3.67 « Parisis » (Villacoublay) des forces aériennes de l’armée de l’air grâce « à une collaboration entre nos deux entités ».
L’armée a créé en septembre 2014 son « centre d’excellence « drones » (CED) » sur la base aérienne 701 de Salon-de-Provence, qui forme des militaires à cette technique et développe un laboratoire de recherche, de tests et de validations de systèmes. Depuis septembre 2010, l’ »Escadron de drones 1/33 Belfort » situé sur la base aérienne 709 de Cognac-Châteaubernard (Charente) est celui qui gère et pilote les drones de l’armée, notamment dans la guerre au Sahel (opération « Barkhane »).
En plus des autres participants habituels au terrorisme comme Thales ou Safran qui recouvrent une multitude de sous-traitants, on ne sera pas surpris de retrouver dans la liste des collabos directement intéressés au développement de ce nouveau marché de l’assassinat d’Etat des universités comme l’ENAC (Ecole nationale d’aviation civile), Aix Marseille Université* ou celle d’Evry Val d’Essonne, mais aussi Cofely-GDF Suez (dénommée ENGIE depuis avril 2015**) également impliquée dans le business des prisons et centres de rétention.

En matière de drones, on est actuellement en pleine phase où ils ouvrent leurs écoles de formation de futurs pilotes et ingénieurs, leurs pôles de recherche et développement, leurs chaires de propagande, et il est largement temps pour chacun de pouvoir leur exprimer ce qu’il en pense. D’autant plus qu’il existe un lien direct entre guerre extérieure, guerre intérieure, migrants et terrorisme d’Etat.

 

* L’université Aix-Marseille est associée depuis 10 ans au sein de « l’alliance POLYAERO » avec l’Armée de l’Air, l’Ecole des Officiers de l’Armée de l’Air, l’Ecole des Sous Officiers de Rochefort, le Lycée Pierre Mendès France de Vitrolles, ParisTech Arts et Métiers d’Aix en Provence, l’AFPI Istres, l’IDEM 05, DCI Airco…

** Engie finance la Chaire « Cofely Ineo – Sagem Systèmes de drones » de l’ENAC depuis juin 2015, et a pris en avril 2015 une participation de 2 millions d’euros au capital de la PME Redbird, « expert dans l’analyse des données techniques collectées par drones depuis 2013. » C’est sa filiale GDF Suez New Ventures (doté de 100 millions d’euros) qui s’occupe de ce genre d’investissements.

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L’ex BA217 de Bretigny se reconvertit dans le drone

Aerobuzz / vendredi 18 juin 2015

L’ancienne base aérienne BA217 de Bretigny-sur-Orge va accueillir le futur cluster drone Ile-de-France. Des entreprises spécialisées vont pouvoir venir s’y implanter pour notamment bénéficier des infrastructures. L’ancien centre d’essais en vol de l’armée de l’air offre, en effet, deux zones de vols pour des activités de formation, de tests, d’essais et de démonstration. Une halle de pratique indoor doit être mise en service en 2017.
Le cluster du drone a pour vocation de faire de la BA217 le site de référence en Île-de- France, participant ainsi à la structuration et au développement de la filière régionale. Ce projet bénéficie de la forte implication de l’Etat, du soutien du pôle de compétitivité ASTech Paris Region et de la Fédération Professionnelle du Drone Civil. Une première entreprise, l’école de pilotage, Drones-Center, s’est installée en septembre 2014, à Bretigny.

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Création d’une chaire « Systèmes de drones » à l’ENAC

Aerobuzz / samedi 19 juin 2015

L’ENAC (Ecole Nationale de l’Aviation Civile), avec le soutien de Cofely Ineo (GDF Suez) et de Sagem (Safran), annonce la création de la première Chaire française de recherche et d’enseignement dédiée à l’intégration des drones dans l’espace aérien (durée initiale de 3 ans).

Les travaux des chercheurs de la chaire, avec l’appui des équipes de l’ENAC, permettront de favoriser le développement de procédures et de standards pour l’exploitation de systèmes de drones soumis à certification, afin d’ouvrir la voie aux applications civiles de drones dans un contexte national et international.

La Chaire favorisera également le développement d’échanges et de réflexions autour de la thématique « Systèmes de Drones » entre les entreprises partenaires et les élèves du cycle ingénieurs (spécialisation « Drones » ouverte en 2014), les étudiants des masters et mastères spécialisés de l’ENAC. Enfin, la Chaire entend partager ses travaux par le biais de manifestations et de publications auprès d’un large public (étudiants, industriels, acteurs institutionnels, etc.) et à les valoriser auprès des organismes nationaux et européens en charge de faire évoluer la réglementation dans le domaine des drones civils.

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La base aérienne militaire de Salon-de-Provence (Bouches-du-Rhône)

RP Défense / jeudi 18 juin 2015

Afin de répondre à ses besoins croissants en formation et à sa volonté d’anticiper en matière d’innovation, l’armée de l’air a créé un centre d’excellence « drones » (CED) sur la base aérienne 701 de Salon-de-Provence. Un échelon de préfiguration a ainsi vu le jour en septembre 2014 et a accueilli ses premiers stagiaires en 2015 (Sensor Operators, opérateurs de mini-drones, stagiaires de haut niveau…).

Le CED possède une double vocation : former et innover. Le centre d’excellence « drones » compte ainsi un ensemble de moyens techniques afin de constituer un Mission Lab (laboratoire de recherche, de tests et de validations de systèmes). Les concepts innovants y sont matérialisés et testés in situ. Sept personnes forment actuellement son personnel d’encadrement. Actuellement en travaux, ces locaux rénovés doivent être livrés en février 2016.

Le centre d’excellence « drones » (CED), installé sur la base aérienne 701 de Salon-de-Provence, a intégré le réseau Provence Remotely Piloted Aircraft System (RPAS) Network du pôle Pégase.

Cette annonce a été officialisée, jeudi 18 juin 2015, au Salon international de l’aéronautique et de l’espace du Bourget, par M. Michel Fiat, directeur du pôle Pégase, en présence du général Denis Mercier, chef d’état-major de l’armée de l’air et du général Francis Pollet, commandant l’École de l’air et la base aérienne 701 de Salon-de-Provence.

« L’arrivée du CED au sein du Provence RPAS Network permet d’apporter l’expertise de l’armée de l’air dans le domaine de la formation, de la certification et de l’évaluation de nouveaux systèmes et concepts », estime le colonel Jean-François Héry-Goisnard, représentant de l’École de l’air auprès du pôle Pégase. « L’obtention de ce label est une reconnaissance de la qualité du CED, détaille quant à lui le général Pollet. Cela renforce notre crédibilité vis-à-vis du monde industriel et favorise le développement de synergies. »

Créé en mai 2006, le pôle Pégase est un pôle de compétitivité, dont l’activité essentielle est essentiellement centrée autour de l’aéronautique. L’École de l’air est membre du comité exécutif du pôle Pégase depuis les origines.

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Engie et l’Armée font leur marché dans un hackaton dédié aux drones

L’usine nouvelle / mardi 28 avril 2015

Du 24 au 26 avril l’Ecole 42 a accueilli un hackaton de drones. Hack the drone a réuni 203 participants organisés en 28 équipes qui ont travaillé deux jours… sous l’œil de GDF Suez (devenu Engie) et de l’Armée de l’air, plus qu’intéressés.

Vers 16h, ce dimanche 26 avril, dans l’amphi du sous-sol de l’Ecole 42, dans le 17e arrondissement de Paris, ça sentait le neurone chaud. Plus d’une centaine d’étudiants, start-upers et employés d’Engie (le nouveau nom de GDF Suez) se pressaient sur les bancs multicolores pour écouter les pitch des 12 équipes finalistes du hackaton Hack the drone lancé deux jours plus tôt. Seize autres équipes avaient quitté l’aventure quelques heures auparavant, lors des demi-finales.

Sur les trois premiers rangs : un jury composé d’une quinzaine de personnes de Parrot, de Redbird, de Bordeaux Technowest… mais aussi trois membres du Centre excellence drone (CED) de l’Armée de l’Air et au moins autant de cadres d’Engie.

Dans des présentations plus ou moins bien ficelées et s’appuyant sur des prototypes plus ou moins aboutis, les équipes de 4 à 6 personnes ont présenté le résultat de 46 heures de travail intense et surtout insisté sur le potentiel de leurs idées dans l’une des quatre catégories imposées par l’énergéticien et ses partenaires pour ce concours : anticolision, neutralisation, « testing » (détection de corrosion et de déformations des canalisations, et « metering » (mesure).

Avec son dispositif de 42 grammes contenant trois émetteurs d’ultrason connectés à une carte Arduino programmé pour arrêter, voire faire reculer le drone, en cas d’obstacle, l’équipe DPM a gagné 1000 euros et une incubation de 3 mois au sein du CED à Salon-de-Provence. En analysant l’environnement dans toutes les directions de l’espace, leur invention (pour laquelle ils ont dépensé moins de 20 euros) promet une navigation sécurisée d’un drone dans un tuyau ou une cave par exemple.

Dans la catégorie neutralisation, l’équipe Caméléon a raconté la plus belle histoire : celle d’un « soft-bag », sorte de boule molle similaire à celle qui a permis l’atterrissage en douceur du rover Curiosity sur Mars, lancée du sol et capable d’avaler un drone dans les airs tel Pacman pour le faire retomber au sol sans risquer de blesser qui que ce soit. Joli… mais irréaliste d’un niveau balistique.

C’est donc l’équipe AirPMC qui, de façon beaucoup moins poétique et très efficace, a fait la démonstration de sa capacité à définir la position d’un drone intrusif via la déformation qu’implique sa présence sur les ondes présentes (Wi-Fi pour la démonstration, RF large bande dans leur idée). Ils ont gagné 3000 euros et le même accompagnement pour lancer leur projet que l’équipe DPM.

Pour le « testing », l’équipe Cédalion a impressionné le jury par sa capacité à imbriquer des technologies de traitement de l’image et de réseaux de neurones pour détecter avec précision des points de rouilles et des fissures sur la base de clichés réalisés par un drone sur des tuyaux fixés sur un ouvrage d’art. Ses membres ont empoché également 3000 euros et seront incubés au sein de « Paris Innovation Boucicaut » où ils seront suivis par Engie et Redbird, l’opérateur de drones français dans lequel GDF Suez a investi 2 millions d’euros le 1er avril dernier.

L’équipe qui a remporté la timbale dans la mesure est Lidron. Grâce à un module équipé de deux Lidar et d’un calculateur (Raspberry PI) que le drone porte ou pose par terre, son système est capable de mesurer la distance entre deux points et ce module et donc la distance entre ces points (par calcul géométrique).

Ils gagnent eux aussi 3000 euros et 3 mois d’accompagnement par Engie au sein de l’incubateur BeMyApp, qui a animé ce hackaton.

Discrètement présent au fond de la salle, Stéphane Quéré, le directeur innovation d’Engie a regardé tout cela d’un air satisfait. « Nous venons ici chercher des solutions pour l’inspection, la mesure et la lutte contre les drones intrusifs sur nos installations mais aussi pour le développement de services sur les installations industrielles de nos clients, commente-t-il. Des membres de la direction des ressources humaines sont également venus pour distribuer aux participants des supports de communication sur notre marque employeur. »

Si ce n’est qu’il y avait « plus de 30000 euros de prix » nous ne saurons pas combien l’opération aura couté à l’énergéticien. Quant au retour sur investissement, « il est impossible à calculer » selon le directeur innovation.

Mais les résultats doivent être concrets et rapides : « On se donne entre 3 et 6 mois pour basculer de l’idée à la commercialisation », lance aux partenaires membres du jury Ludovic Parisot, directeur de projet innovation chez Engie en charge de ce hackaton. Le rendez-vous est pris.

 


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