Prison de Terni (Italie) : Un texte d’Alfredo Cospito sur l’opération Sibilla

Il Rovescio / vendredi 17 novembre 2021

28 novembre 2021.
Je couche sur papier ces quelques lignes, dans l’espoir qu’elles arrivent à passer la censure. Avant tout, toute mon affection et toute ma solidarité vont aux compagnonnes et aux compagnons qui ont été impliqué.e.s dans cette énième mascarade répressive. En particulier à Michele, qui est aux arrestations domiciliaires, et à tou.te.s les autres compas de Vetriolo et des sites anarchistes Round Robin et Malacoda, qui ont été rendus inaccessibles [depuis l’Italie ; NdAtt.].

Ensuite, je renvoie à l’expéditeur la « solidarité » intéressée que des formations démocratiques et réformistes comme Potere al PopoloRifondazione Comunista et le Partito Comunista Italiano m’ont indirectement donnée, en exprimant leur solidarité avec les personnes sous enquête pour l’opération Sibilla. Je n’ai pas besoin de votre « solidarité », parce que je crache sur votre démocratie, comme je crache sur votre constitution. Je n’ai jamais aimé les pleurnicheries sur la liberté d’opinion, du coup je ne m’arrêterai pas sur le manque de respect pour la liberté de pensée. Ceci dit, je veux réaffirmer que j’ai été et nous avons été accusé.e.s non pas pour des mots ou pour des tags sur des murs, mais pour ce que nous sommes : des anarchistes cohérent.e.s.
Cette énième opération répressive frappe, entre autre, un journal anarchiste et révolutionnaire comme Vetriolo, qui, dans une époque chargée de révoltes (et donc d’occasions à ne pas manquer) et de confusion idéologique, a continué à attiser intrépidement la lutte de classe dans une optique anarchiste et insurrectionnelle. Pour finir, je veux être très clair sur un autre point : la théorie, si elle n’est pas accompagnée par la pratique, c’est de la merde, ou peu plus. Permettez-moi de dire, avec une pointe de fierté, que ma vie (comme la vie de tout anarchiste digne de ce nom) est caractérisée par la tentative de faire concorder la théorie et l’action.

J’ai une chose seule à dire aux serviteurs du Pouvoir : vous pouvez me garder en prison pour le restant de ma vie, mais résignez-vous, vous n’arriverez pas à m’enlever ma cohérence et mon respect pour moi-même, ni, encore moins, le plaisir et l’envie de vous combattre.

Toujours pour l’Anarchie,

Alfredo Cospito
prisonnier anarchiste

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