Procès contre des anarchistes en Belgique : la date est fixée

Sans Attendre Demain / mercredi 12 décembre 2018

De 2008 à 2014, l’État belge a mené une vaste enquête visant les luttes multi-formes – mais toujours en-dehors des sentiers battus – qui s’attaquaient aux centres fermés, aux frontières, aux prisons et ce monde basé sur l’autorité et l’exploitation. Dans son collimateur : la bibliothèque anarchiste Acrata, des publications anarchistes et anti-autoritaires (Hors Service, La Cavale et Tout doit partir), des dizaines de tracts et affiches, une bonne centaine d’actions, d’attaques et de sabotages… bref, la lutte contre le pouvoir sous ses différentes expressions.

Perquisitions, micros, caméras devant et à l’intérieur de domiciles, filatures, mises sur écoute, infiltrations,… ce ne sont pas les moyens d’investigation qui ont manqué. Et pourtant tout cela n’a à aucun moment permis de prouver l’existence d’un supposé « groupe terroriste anarchiste » qui n’existait que dans les schémas autoritaires des flics. Pas prêt à lâcher l’affaire pour autant, le parquet a donc dû revoir ses ambitions à la baisse, mais compte bien faire payer l’addition à quelqu’un malgré tout. C’est finalement sous l’inculpation plus malléable d’ « association de malfaiteurs » que 12 compagnons et compagnonnes seront renvoyés devant le tribunal correctionnel le 29 avril et les jours qui suivront.

Mais en fait, cela vise tout individu qui, dans sa lutte contre ce monde, part de l’auto-organisation, de l’action directe et de l’hostilité envers toute autorité. En cela, ce procès est une attaque répressive contre la lutte anti-autoritaire dans son ensemble, une attaque qui s’inscrit dans un contexte de répression toujours plus grande à l’encontre de tous les indésirables et révoltés, aux frontières comme dans les quartiers, sur les lieux de travail comme dans les prisons,…

Le 22 octobre 2018, les échéances pour la comédie judiciaire ont été fixées. Dans les mois qui viennent, la défense et l’accusation devront déposer leurs conclusions écrites concernant le dossier. Le procès débutera alors le 29 avril 2019 et est censé durer 4 jours.

Les inculpations retenues sont :

  1. Avoir en qualité de provocateur, chef de bande ou pour y avoir exercé un commandement quelconque, fait partie d’une association formée dans le but d’attenter aux personnes et aux biens par la perpétration de crimes et de délits. (Accusation visant 3 personnes)
  2. Avoir fait partie d’une association formée dans le but d’attenter aux personnes et aux biens par la perpétration de crimes et de délits, pendant des périodes plus ou moins longues (Accusation visant 9 personnes)
  3. Tentative d’incendie contre le centre fermé de Steenokkerzeel lors de la manifestation sauvage du 21 janvier 2009 devant le centre fermé en question (Accusation visant 8 personnes)
  4. Avoir commis une attaque ou avoir résisté avec violences ou menaces envers six policiers lors de la manifestation sauvage du 21 janvier 2009 devant le centre fermé de Steenokkerzeel (Accusation visant 8 personnes)
  5. Menace d’un attentat contre les personnes ou les propriétés lors d’un lancement de feu d’artifice devant la prison de Forest le 4 octobre 2010 (Accusation visant 3 personnes)
  6. Destruction des propriétés mobilières d’autrui lors d’une bagarre avec les chauffeurs de deux limousines à la sortie de la « Rencontre autour du livre subversif » du 15 octobre 2011, (Accusation visant 3 personnes)
  7. Coups et blessures contre deux chauffeurs de limousine lors de cette même bagarre du 15 octobre 2011 (Accusation visant 3 personnes)
  8. Avoir commis une attaque sur deux policiers ou leur avoir résisté avec violences ou menaces lors d’une manifestation sauvage à Anderlecht du 12 novembre 2010 (Accusation visant 2 personnes)
  9. Coups et blessures sur un agent dans la nuit du 1 octobre 2010 (Accusation visant 1 personne)
  10. Fabrication et transport d’armes, en l’occurrence des barres de fer, des fumigènes et des clous tordus, le 1 octobre 2010 et le 12 novembre 2010 (Accusation visant 4 personnes)
  11. Graffitis à différentes occasions, avec la circonstance aggravante de « mobile de haine » (Accusation visant 7 personnes)
  12. Entrave méchante à la circulation à plusieurs occasions (Accusation visant 4 personnes)
  13. Avoir injurié des fonctionnaires européens, avec la circonstance aggravante de « mobile de haine » (Accusation visant 3 personnes)
  14. S’être publiquement attribué le titre d’avocat honoraire (Accusation visant 2 personnes)

Si se battre pour la liberté est un crime, l’innocence serait vraiment le pire de tout. […]

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